Le Premier ministre espagnol sortant Pedro Sanchez à son arrivée pour la nouvelle session parlementaire du Congrès des députés, le 17 août 2023 à Madrid.
L’assemblée élue en juillet en Espagne a entamé jeudi la nouvelle session parlementaire, alors que les médias annonçaient qu’un accord avait été conclu entre le parti socialiste du Premier ministre sortant Pedro Sánchez et le parti représentant l’aile dure de l’indépendantisme catalan.
Un tel accord, s’il était confirmé, garantirait l’élection à la présidence du congrès des députés de la candidate du parti socialiste, Francina Armengol, et – surtout – augurerait bien des chances de M. Sánchez d’être de nouveau investi Premier ministre dans les prochains jours, évitant ainsi de nouvelles élections.
L’accord, qui aurait été conclu aux premières heures de la matinée, permettrait au Parti socialiste et à ses alliés d’obtenir les voix des sept députés de Junts per Catalunya (JxCat, Ensemble pour la Catalogne), le parti dirigé par le leader indépendantiste Carles Puigdemont, exilé en Belgique et recherché par la justice espagnole depuis 2017 et l’échec d’une tentative de sécession de la Catalogne.
« Tout indique que Francina Armengo obtiendra plus de votes que Cuca Gamarra », la candidate du Parti populaire (PP, droite) à la présidence de l’assemblée, a affirmé la télévision nationale espagnole (TVE) quelques minutes avant l’ouverture de la session.
La première tâche des 350 membres du Congrès des députés, qui ont débuté leurs travaux à 10H00 (08H00 GMT), sera d’élire la nouvelle présidente de l’assemblée.
Le vote est très attendu, non pas parce qu’il s’agit du troisième personnage de l’Etat, mais parce que son résultat donnera une indication claire sur la possibilité pour M. Sánchez d’être reconduit dans ses fonctions lors d’un vote d’investiture qui pourrait avoir lieu fin août ou début septembre.
– Tractations –
Le vote de ce jeudi est donc la première manche d’une bataille dont l’issue dépend de la décision de JxCat, c’est-à-dire de M. Puigdemont.
Ce paradoxe découle des résultats renversants des élections législatives du 23 juillet, qui ont vu une victoire beaucoup moins large que prévu du Parti populaire, les deux blocs, celui du gouvernement sortant de gauche et celui de la droite et de l’extrême-droite, pouvant compter sur 171 voix chacun. Outre les sept députés de Junts, la députée d’un petit parti canarien était également indécise.
Cette situation inattendue a donné le rôle central à JxCat, qui a le pouvoir de décider si M. Sánchez continuera à diriger l’Espagne ou, dans le cas contraire, si le pays devra organiser de nouvelles élections dans les prochains mois.
Les tractations ont continué jusqu’à jeudi matin, dans le plus grand secret, pour convaincre ces sept députés indépendantistes catalans de voter pour la candidate socialiste à la présidence de l’assemblée.
Qu’un parti indépendantiste, qui considère l’Espagne comme un Etat étranger et « oppresseur », soit amené à décider de son sort n’est pas pour déplaire à M. Puigdemont, qui veut voir si la situation peut lui permettre de faire avancer sa cause.
Ses deux revendications fondamentales — un referendum d’autodétermination et une amnistie pour toutes les personnes poursuivies après l’échec de la tentative de sécession — ne peuvent être satisfaites telles quelles par M. Sánchez, pour des raisons à la fois juridiques et politiques.
L’accord qui aurait été conclu entre le Parti socialiste et Junts serait d’ampleur bien plus modeste, ce qui signifie que M. Puigdemont serait en fait revenu sur ces deux exigences pour se contenter de gains plus modestes.
– Petits gestes –
Mercredi, M. Sánchez s’était engagé à utiliser la présidence tournante du Conseil de l’UE, que l’Espagne occupe jusqu’à la fin de l’année, pour tenter d’obtenir que le catalan – ainsi que le basque et le galicien – soient utilisés dans les institutions européennes au même titre que l’espagnol.
La ministre sortante du Travail, Yolanda Díaz, qui dirige Sumar, la coalition de gauche radicale alliée à M. Sánchez, avait déjà proposé récemment de faire de ces langues régionales des langues de travail au Congrès des députés et au Sénat.
Le choix de la candidate du Parti socialiste à la présidence du Congrès constitue lui aussi une main tendue aux indépendantistes catalans, puisqu’il s’agit de Francina Armengol, ancienne présidente de l’archipel des Baléares, une région culturellement proche de la Catalogne, et qui parle couramment le catalan.
LNT avec Afp