Le président turc Recep Tayyip Erdogan, reçu à Bruxelles par le président du Conseil européen, Donald Tusk, le 24 mai 2017 © AFP THIERRY CHARLIER
L’UE veut « continuer à coopérer » avec la Turquie, malgré les vives tensions entre Bruxelles et Ankara, ont affirmé ses dirigeants jeudi après avoir reçu le président turc Recep Tayyip Erdogan dans la capitale européenne.
« Nous avons discuté de la nécessité de coopérer, j’ai mis la question des droits de l’Homme au centre de nos discussions », a commenté le président du Conseil européen, Donald Tusk, après un entretien auquel a également participé le président de la Commission Jean-Claude Juncker.
M. Juncker a eu un tête-à-tête d’une demi-heure avec M. Erdogan après cette rencontre trilatérale, a précisé une porte-parole de la Commission. « L’UE et la Turquie doivent et vont continuer de coopérer. Des questions majeures d’intérêt commun ont été discutées en détail dans une atmosphère bonne et constructive », a-t-elle ajouté.
Mercredi, M. Erdogan avait une nouvelle fois exhorté l’UE à prendre une décision sur la question de l’adhésion de la Turquie, demandant que son pays ne soit pas traité comme un « mendiant » aux portes de l’Europe.
« L’UE attend que la Turquie se retire d’elle-même », avait-il déclaré depuis Ankara avant de partir pour Bruxelles, où il doit également participer jeudi à un sommet de l’Otan après son entretien avec MM. Juncker et Tusk.
En marge de cette réunion de l’Otan, la chancelière allemande Angela Merkel a menacé de retirer les soldats allemands de la base militaire d’Incirlik, en Turquie, au coeur d’une passe d’armes entre Berlin et Ankara.
Les autorités turques avaient interdit la semaine dernière à des députés allemands de se rendre sur cette base où sont déployés des militaires allemands et qui sert aux opérations de la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique.
« Je veux dire très clairement dans l’entretien avec le président turc qu’il est indispensable pour nous, parce que nous avons une armée soumise à l’autorité du Parlement, que nos soldats doivent pouvoir recevoir la visite de membres du Bundestag. Sinon il faut que nous quittions Incirlik », a averti la chancelière.
Lors d’une rencontre séparée à Bruxelles entre M. Erdogan et le président français Emmanuel Macron, le chef d’Etat turc a par ailleurs promis jeudi selon la présidence française d’examiner « rapidement la situation » du photojournaliste français Mathias Depardon, détenu depuis une quinzaine de jours en Turquie.
Déjà houleuse depuis le putsch manqué de juillet 2016 en Turquie et la vague de répression qui a suivi, les relations UE-Turquie se sont encore dégradées pendant la campagne pour le récent référendum sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan.
Les autorités belges et allemandes ont déjà prévenu qu’elles s’opposeraient à la tenue sur leur sol d’une éventuelle campagne référendaire turque pour un rétablissement de la peine de mort, envisagé en Turquie.
Réintroduire la peine capitale mettrait fin à toute perspective d’adhésion de la Turquie à l’UE, a plusieurs fois prévenu Bruxelles.
De son côté, M. Erdogan a affirmé début mai qu’il dirait « au revoir » à l’UE si de nouveaux chapitres de négociations n’étaient pas ouverts dans le processus d’adhésion entamé en 2005 mais enlisé depuis des années.
LNT avec AFP