L'ambassade américaine à Ankara, le 20 décembre 2016 © AFP/Archives ADEM ALTAN
Les dirigeants turcs ne recevront plus l’ambassadeur des Etats-Unis en Turquie, a indiqué mardi le président Recep Tayyip Erdogan, alors que les relations entre Ankara et Washington traversent un pic de turbulences.
« Nous ne le voyons plus comme le représentant des Etats-Unis en Turquie », a déclaré M. Erdogan lors d’un déplacement à Belgrade, ajoutant que l’ambassadeur américain John Bass, muté à Kaboul, ne serait pas reçu par le gouvernement turc pour sa tournée d’adieu avant de quitter Ankara dans les prochains jours.
Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays partenaires au sein de l’Otan, connaissent de fortes tensions depuis l’inculpation pour « espionnage », la semaine dernière, d’un employé turc du consulat général américain à Istanbul.
L’employé en question est accusé par la justice turque d’être lié au prédicateur en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
En réaction à son arrestation, l’ambassade des Etats-Unis à Ankara a annoncé dimanche la suspension de l’essentiel des services de délivrance des visas dans les missions diplomatiques américaines en Turquie. Ankara a pris une mesure similaire.
« Si l’ambassadeur américain a pris cette décision de son propre chef, alors les dirigeants des Etats-Unis ne devraient pas le maintenir en poste une minute de plus. Ils devraient lui dire +Qui t’a autorisé à brouiller les relations entre la Turquie et l’Amérique de la sorte+? » a déclaré M. Erdogan.
Il a également défendu l’arrestation de l’employé turc du consulat américain à Istanbul, affirmant que la police turque avait récolté des éléments prouvant que « quelque chose se tramait » là-bas.
Un autre employé turc du même consulat est par ailleurs sous le coup d’une convocation de la justice turque dans le cadre d’une enquête sur la mouvance du prédicateur Gülen.
« Il faut que les Américains se posent cette question: comment ces agents ont-ils fait pour infiltrer leur consulat à Istanbul? », a déclaré M. Erdogan.
Cette spectaculaire crise des visas survient après des mois de dissensions liées, notamment, à des désaccords sur la Syrie, l’inculpation de gardes du corps du président turc ayant malmené des manifestants à Washington et la présence aux Etats-Unis de M. Gülen, dont Ankara réclame l’extradition.
LNT avec Afp