
Contôle avant d'entrer dans un hopital à Shanghai, le 13 février 2020 © AFP NOEL CELIS
Selon les derniers chiffres officiels, le bilan de l’épidémie Covid-19 s’est alourdi, mardi 18 février, à plus de 1886 morts en Chine Continentale. Le chef de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a averti qu’il était encore aujourd’hui « impossible de prévoir quelle direction l’épidémie prendra ». Lors de la conférence de Munich sur la santé, il a même ajouté les propos suivants : « Nous demandons à tous les gouvernements, toutes les sociétés et tous les organismes de presse de travailler avec nous pour déclencher le niveau d’alarme idoine sans souffler sur les braises de l’hystérie ». Cependant, avec les récents décès confirmés dans le reste du globe, l’épidémie semble maintenir le monde en alerte. Mais devons-nous autant craindre de ce virus ? Nous allons voir dans cet article que le monde a déjà eu à faire face à des coronavirus virulents, pour lesquels les scientifiques ont trouvé les solutions nécessaires à l’éradication de ces pandémies.
Pour rappel, l’OMS a été alertée de plusieurs cas de pneumonie dans la ville du Wuhan le 31 décembre 2019. Les autorités de la santé ont rapidement fait le lien avec un tout nouveau virus, encore jamais rencontré auparavant. Cela a rapidement suscité de nombreuses inquiétudes, car qui dit nouveau virus, dit qu’on ne sait pas d’où il provient, ni comment il se propage. Une semaine plus tard, le virus était identifié par les autorités chinoises, il s’agissait d’un nouveau type de coronavirus qui a été provisoirement baptisé « 2019-nCov ». Tout comme les deux autres types de coronavirus qui avaient déjà créer des pandémies importantes par le passé, le SARS-CoV (Syndrome respiratoire aigu sévère) et le MERS-CoV (Syndrome respiratoire du Moyen-Orient), ce nouveau coronavirus provoque d’importantes maladies respiratoires.
Par nouveau coronavirus, on entend une nouvelle souche n’ayant encore jamais été identifiée chez l’être humain. Comme il fait partie de la même famille de virus que le SRAS ou le MERS, il semble intéressant comparer ce nouveau virus qui alarme tant la planète aux autres coronavirus apparus par le passé, peut-être afin de dédramatiser les évènements actuels.
etour dans le passé avec deux anciens coronavirus
Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) était lui aussi une maladie infectieuse des poumons due au virus SARS-CoV du genre des coronavirus. En novembre 2002, ce virus était apparu pour la première fois dans un hôtel en Chine et avait provoqué une épidémie mondiale en mai 2003. Étant donnée sa transmission par voie aérienne, la maladie s’était très vite propagée à un grand nombre de personnes et dans de nombreux pays. A l’époque, les autorités chinoises n’avaient pas pris suffisamment tôt des mesures de sécurité strictes comme la mise en quarantaine des cas probables et l’information adéquate de la population. Entre le 1er novembre 2002 et le 1er juillet 2003, le bilan s’était élevé à plus de 8000 cas de maladie recensés et 774 décès. Le taux de mortalité avoisinait donc les 10%.
Le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) était également une maladie respiratoire virale due à un nouveau coronavirus (MERS‐CoV) qui avait été repéré pour la première fois en 2012 en Arabie saoudite. Les symptômes étaient également les mêmes que ceux connus aujourd’hui pour cette nouvelle épidémie : fièvre, toux et difficultés respiratoires avec la présence d’une pneumonie fréquente, mais pas systématique. Les études qui ont été réalisées par la suite montrent que le dromadaire avait été un hôte majeur du coronavirus. Toutefois, le rôle précis qu’ont joué ces animaux dans la transmission du virus et le mode exact de transmission ne sont toujours pas connus. Une chose est plus certaine, le virus ne semblait pas se propager aisément d’une personne à l’autre, à moins d’un contact étroit avec une personne infectée, par exemple lorsque des soins sont prodigués sans protection à un patient. La transmission était donc principalement interhumaine dans les établissements de soins. En juillet 2016, l’OMS répertoriait 1791 cas d’infection, dont 640 décès, soit un taux de mortalité de 36%. On peut donc en conclure que si l’épicentre de la maladie était principalement resté localisé autour de l’Arabie Saoudite, le virus était nettement plus mortel en cas d’infection.
Faut-il donc craindre ce nouveau coronavirus ?
Comme pour d’autres maladies respiratoires, l’infection par le 2019-nCoV peut provoquer des symptômes bénins, notamment un écoulement nasal, des maux de gorge, de la toux et de la fièvre. Elle peut être plus grave chez certaines personnes et entraîner une pneumonie ou une dyspnée. Dans des cas plus rares, la maladie peut être mortelle. Les personnes âgées et les celles souffrant déjà d’autres maladies (comme le diabète et les cardiopathies) semblent être plus exposées au risque de développer une forme grave de la maladie.
Peter Ben Embarek, un responsable de la sécurité alimentaire à l’OMS faisant actuellement partie du groupe de recherche sur le nouveau coronavirus, tient à rappeler : « Chaque fois qu’une nouvelle maladie émerge et rend les gens malades, voire tue certaines personnes, nous devons nous inquiéter. Cependant, nous ne pouvons pas prédire comment chacune de ces maladies évolue. Certaines comme le SRAS ont disparu après 6 mois. D’autres peuvent être beaucoup plus graves. Mais souvent, une réaction excessive et la panique peuvent causer plus de tort que la maladie elle-même. »
En ce qui concerne l’élimination du virus, les scientifiques du monde travaillent conjointement pour trouver des solutions. Cela avait pris 6 mois pour les virus du SRAS en 2003. Peut-être peut-on se permettre de dire qu’il nous faut être patients. Espérons que la solution soit trouvée aussi rapidement pour le virus qui frappe actuellement.
À ce jour, aucun médicament spécifique n’est recommandé pour prévenir ou traiter l’infection. Toutefois, les personnes infectées par le virus doivent recevoir des soins appropriés pour soulager et traiter les symptômes. Il existe tout de même des rapports très préliminaires sur l’efficacité des antiviraux précédemment connus utilisés pour traiter ce virus. Par exemple, nous savons qu’un patient hospitalisé en France est sorti du CHU de Bordeaux, après 22 jours d’hospitalisation. Cet homme de 48 ans a reçu du remdesivir, un antiviral développé contre le virus Ebola et qui s’est montré tout aussi efficace dans ce cas-là. De plus, il existe évidemment des traitements et vaccins actuellement en production. Selon des spécialistes de l’OMS, il est fortement possible qu’un traitement solide apparaisse bien avant un vaccin, car les vaccins peuvent prendre des mois pour passer les tests cliniques. Une entreprise de San Diego a déclaré avoir synthétisé un vaccin, mais ce dernier ne sera pas en essais cliniques humains avant juin.
En attendant, rien ne sert de céder à la panique générale. Selon l’OMS, pour dissiper certaines inquiétudes à propos du virus, il y a des idées reçues dont il faut au plus vite se débarrasser :
– NON, le nouveau coronavirus ne peut être transmis par des objets, tels que les pièces et les billets de banque, car le virus ne peut en réalité survivre sur des surfaces que pendant quelques heures. Ainsi, avec une bonne hygiène des mains, le risque d’être contaminé en touchant des objets, notamment des pièces de monnaie, des billets de banque ou des cartes de crédit, est très faible. Il en va de soi qu’il est donc également sans danger de recevoir un colis en provenance de Chine.
– NON, le virus ne peut pas se propager sur de longue distance dans l’air. En effet, les coronavirus sont des virus qui ne se propagent PAS sur de longues distances dans l’air. La propagation se fait par l’intermédiaire des gouttelettes émises lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue. Or, ces gouttelettes se projettent à maximum à un mètre et sont trop lourdes pour voyager loin.
– OUI, le virus 2019-nCoV peut infecter des personnes de tous âges, mais il faut savoir que les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies préexistantes (comme l’asthme, le diabète, les maladies cardiaques) semblent plus susceptibles de tomber gravement malades.
Pour finir, si on tente de faire un bilan comme pour les autres épidémies, à ce jour on dénombre 1886 morts et au mois 73 000 personnes contaminées. Cela fait un taux de mortalité de 2,6%, soit bien moins que pour les coronavirus qui avaient émergés auparavant. La maladie n’est donc pas aussi mortelle que ce que l’on a pu connaitre par le passé. De plus, pour terminer sur une note positive, citons les propos rassurants de l’Académie de médecine française qui tient à souligner « l’importance qu’il y a à relativiser ce type d’épidémie. Si les chiffres fournis quotidiennement par les médias peuvent inquiéter, ils ne font qu’exprimer l’évolution d’une épidémie dans une population aussi importante et dense que celle de la Chine. »
LP