L’Office Nationale de l’Electricité et de l’Eau Potable vient d’organiser une journée de communication au sein de son site à Kénitra abritant la ‘‘Centrale Thermique de 300 MW’’ et la ‘‘Centrale Turbines à Gaz de 315 MW’’.
Apparemment, cette rencontre était très attendue de part et d’autre, en particulier par les acteurs de la société civile de la ville de Kénitra impliqués dans la protection de l’environnement.
Venus nombreux, ils ont saisi l’occasion pour évoquer la problématique environnementale de la ville, en premier lieu « la poussière noire ».
A en croire les constats des ONG de la ville, Kénitra vit l’une des problématiques environnementales les plus compliquées du Royaume. Côté environnement, la ville souffre réellement et la question est de savoir qui est responsable d’une part, et quelles sont les solutions envisageables pour y remédier d’autre part…
Ce qui est appelé ici « poussière noire » envahit le ciel de la ville depuis quelques années déjà, et a rendu le quotidien des Kénitris des plus désagréables. Devant les managers de l’ONEE, les ONG ont évoqué également la problématique de l’eau tiède, à plus de 25°, qui impacte dangereusement la flore et la faune. Idem pour les rejets hydrauliques des industries qui menacent sérieusement l’Oued Sebou.
Pour les ONG de la place, le danger à ce niveau est double. Les eaux usées menacent l’Oued Sebou, qui est lui-même source principale de l’irrigation agricole d’El Gharb. Les ONG s’inquiètent aussi de l’usage par les industries de la place du gaz naturel, le non renouvellement des installations, notamment les cheminées, dont la majorité ont pris de l’âge, d’où le risque d’une pollution aggravée de l’air. Ainsi, on affirme qu’à Kénitra, il existe une corrélation entre l’air et les maladies respiratoires, notamment l’asthme et les allergies.
On l’aura compris. La pollution industrielle à Kénitra est une bombe à retardement. La combattre n’est nullement une mince affaire, car elle est le résultat d’un cumul de plusieurs années d’anarchie, de non-respect des standards en vigueur, mais surtout de l’absence d’approche environnementales dans les projets industriels.
A vrai dire, l’environnement fut l’un des derniers soucis des industriels. Résultat : la pollution a atteint des seuils intolérables, voire très dangereux aussi bien pour l’environnement, l’Oued Sebou, la forêt Boughaba et la belle plage de Mehdia, que pour la santé des Kénitris. Mais ce que regrettent les ONG d’El Gharb, c’est l’absence de recherches scientifiques ou d’études d’impact sur l’environnement.
Ici à Kénitra, l’ONEE, comme les différentes unités se trouvant dans la Zone Industrielle de la ville, est pointée du doigt par les ONG actives dans la préservation de l’environnement.
Le Directeur d’exploitation de la « Centrale Turbines à Gaz de Kénitra », Noureddine Fetian se veut catégorique : « En réalité, il n’y a pas de procédés industriels sans externalités négatives sur l’environnement. Et il faut reconnaitre aussi que la Centrale ONEE de Kénitra, à sa création en 1978, n’a pas pris trop en considération l’approche environnementale dans sa démarche. Mais depuis plus de dix ans déjà, d’importantes mesures ont été prises à même de diminuer et de minimiser l’impact du site sur l’environnement, dont en autre la réduction progressive de la contribution mix énergétique des ouvrages électriques basés sur le fuel-oil dont la production a baissé de 50% entre 2012 et 2016 ».
Et de poursuivre que cet effort se poursuivra dans le cadre du plan gazier qui permettra d’améliorer les performances économiques et environnementales du parc de production. M. Fetian a également tenu à rappeler à l’assistance que parmi les centrales de l’ONEE, seules celles de Tahaddart du côté d’Asilah et Beni Mathar à Jerada utilisent le gaz naturel.
Même son de cloche chez son collègue, Abdellatif Bardach, Directeur Central Production, Branche Electricité à l’ONEE, qui explique que la mise à niveau environnementale dans les sites de production s’inscrit dans la politique de l’ONEE : « Ainsi, un projet de mise en place d’un Système de Management Environnemental (SME) selon la norme ISO 14 001 visant l’amélioration des performances environnementales a été lancé dans ces sites, dont notamment la Centrale Turbines à Gaz de Kénitra, Mohammedia et Jerada. Ce projet, en phase de finalisation, a permis de dégager un plan de management environnemental à même d’assurer la conformité de la gestion environnementale dans ces sites avec la politique environnementale de l’Office. De quoi permettre de corriger, à travers une démarche d’amélioration continue, tout écart par rapport aux standards environnementaux nationaux et internationaux et de disposer d’un système d’indicateurs de performance environnementale en termes de gestion des rejets gazeux, liquides et solides dans les sites de production ».
Par ailleurs, M. Bardach a tenu à rappeler que l’Office est partie prenante d’un important programme d’équipement élaboré sur la base d’une vision intégrée dans laquelle les énergies renouvelables occupent une place de choix (éolien, solaire et hydraulique) : « Ce programme va permettre de porter le bouquet électrique à 52% à l’horizon 2030 avec plus de 11 000 MW installés, ce qui permettra d’éviter 32% des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 ».
L’initiative de l’ONEE de s’ouvrir sur son environnement est incontestablement donc une démarche louable pour aller de l’avant. Parallèlement, il est grand temps d’agir. Autrement, la situation risque de se compliquer davantage.
Pour rappel, les besoins en électricité au Maroc augmentent de 4 à 6% annuellement. Il y a dix ans, la consommation par citoyen était de 350 Kwt/an. Aujourd’hui, elle est de 1000 kwt/an.
Hassan Zaatit
A propos de la Centrale Thermique de Kénitra
- Superficie : 14 ha
- Date de mise en service : 1978
- Production annuelle : 1700 Gigawatt heures
- Combustible : Fuel Lourd N°2
- Effectif : 226 collaborateurs
- Contribution : 5 % de la demande nationale en électricité
A propos de la Centrale Turbines à Gaz de Kénitra
- Superficie : 4 ha
- Date de mise en service : 2012
- Production nationale : 330 Gigawatt heures
- Combustible : Fuel lourd n°2
- Effectif : 47 collaborateurs
- Contribution : 5 % de la demande nationale en électricité