La Nouvelle Tribune : Mme Yabis, vous êtes la présidence de la coopérative des boutons en soie à Sefrou, pouvez-vous nous présenter votre projet, et comment vous avez eu l’idée de le créer?
Mme Amina Yabis : En effet, avant d’avoir l’idée de créer ce projet, j’étais membre d’une association qui a pour vocation d’aider les femmes artisanes à gérer la commercialisation et le développement de leurs «Boutons de Djellaba». Par la suite, la délégation de l’Artisanat de la ville de Sefrou nous a proposé d’organiser notre travail sous forme d’une coopérative. Laquelle devait nous permettre de créer des échantillons et de chercher de nouveaux marchés. En effet j’étais parmi les 10 femmes choisies par l’association pour la concrétisati
on de l’idée. Ainsi, la coopérative a commencé par un micro-crédit destiné à l’acquisition des fournitures. Après, petit à petit nous avons réussi à attirer les grossistes de Rabat et Casablanca.
Quelles sont les principales activités de votre coopérative?
Grâce à l’aide financière de diverses organisations gouvernementales et non gouvernementales, nous avons pu développer plusieurs activités au sein de notre coopérative. En effet les femmes de la région de Sefrou ont profité des classes d’alphabétisation et de langue arabe, des notions d’arithmétique, des formations au tissage, des techniques de teinture naturelle et des divers ateliers d’affaires.
Ainsi un volet a été dédié à former les femmes aux principes de la commercialisation, l’innovation ainsi que les nouvelles technologies. En revanche, le principal problème dont on souffre et qui nous empêche d’avancer est lié principalement à la commercialisation de nos produits ainsi qu’à la rude concurrence qui existe sur le marché.
Mais en 2005, notre participation au Salon national de l’Artisanat de Casablanca nous a permis de faire connaître notre coopérative ainsi que nos différents produits auprès d’un large public et d’accueillir les premiers clients.
Selon vous, qu’est ce qui a mené les femmes à travailler dans cette coopérative, et qu’est ce que cela leur a apporté ?
Après la création de notre coopérative, plusieurs autres femmes de la ville se sont montrées intéressées par l’idée et ont manifesté leur volonté de nous rejoindre. Il faut dire que la création de cette coopérative, la première en son genre dans la ville de Sefrou, avait eu un impact très positif sur le quotidien de ces femmes, leur permettant de réaliser leur propre autonomie financière, de développer leur réseau et de contribuer au développement de leur région. En effet notre réussite a donné naissance à plus de 40 nouvelles coopératives dans la ville de Sefrou.
Votre coopérative entre dans le cadre de la série de projets financés par l’INDH, Pouvez-vous nous parler du « volet financement » de ce projet? Recevez-vous d’autres aides?
Effectivement, la création de notre coopérative entre dans le cadre de l’ensemble des projets financés par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Son coût global est de l’ordre de 552 400 dirhams ainsi, la contribution de l’INDH est de l’ordre de 393 200 dirhams, une enveloppe budgétaire qui nous a permis d’acheter des équipements nécessaires pour un montant de 329 000 dirhams, des matières premières à hauteur de 57 500 dirhams et de couvrir d’autres charges pour 6500 dirhams.
S’agissant de la ventilation du budget, la contribution des femmes membres de la coopérative a été de l’ordre de 119 200 dirhams dédiés à la location du siège ainsi qu’à l’achat des équipements et matières premières. Pour sa part, la délégation de l’Artisanat de la ville de Sefrou a contribué aussi au financement du projet à hauteur de 40 000 dirhams afin d’assurer l’encadrement et l’accompagnement technique du projet.
Mais nous ne disposons d’aucune autre source de financement.
Mme Yabis, en vous considérant maintenant comme une femme autonome, grâce notamment à l’apport financier conséquent du projet, comment vous comptez développer votre coopérative à l’avenir ?
Au fur et à mesure que la coopérative grandit, ses activités s’élargissent. En effet depuis 2005, l’association a collaboré avec le Corps de la Paix dans l’organisation d’un camp d’habilitation de jeunes filles de la région du Moyen Atlas appelé «GLOW». Une partie de nos bénéfices est destinée à fournir aux membres de la communauté environnante une formation dans les techniques de teinture naturelle, la comptabilité de base, le service clients, etc…
En effet, notre but est d’améliorer le gagne-pain des femmes de la région de Sefrou. Il faut dire que cette coopérative a permis à beaucoup d’entres elles d’acquérir les compétences nécessaires au développement des produits, de valoriser leur main-d’oeuvre afin de se libérer de leur rôle domestique traditionnel et d’entrer dans le monde du commerce.
En tant que femmes artisanes de la province de Sefrou nous comptons beaucoup sur le développement de notre coopérative, qui reste une démarche audacieuse des femmes de la région afin d’entrer dans un nouvel environnement leur permettant de négocier les prix, déterminer la valeur de leur main-d’œuvre et de gérer une entreprise en croissance.