La politique de change et les diverses mesures qui la caractérisent constituent un outil stratégique pour tout pays qui cherche à développer son degré d’ouverture sur l ‘économie mondiale. Dans le contexte marocain, fait à la fois d’encouragement aux investisseurs étrangers et d’externalisation pour les opérateurs nationaux, le rôle de l’Office des Chances est central, d’autant qu’il a mis en place des mesures incitatives importantes. C’est ce qu’explique dans l’entretien qui suit M. Hassan Boulaknadal, Directeur général de l’Office des Changes.
La Nouvelle Tribune : La confiance en l’économie marocaine, la confiance dans l’Administration, comment l’Office des changes contribue-t-il à consolider cette confiance ?
M. Hassan Boulaknadal: D’abord, il faut préciser que sans bonne gouvernance, aucun pays ne peut atteindre le niveau de croissance et de développement escompté. Tous les acteurs sont concernés par ce sujet de haute importance, à commencer par l’Office des Changes. Afin d’apporter sa contribution à l’élaboration d’une politique publique visant l’amélioration de la relation de l’administration avec les citoyens et usagers, l’Office des Changes s’est toujours engagé à apporter des solutions innovantes pour accompagner les stratégies sectorielles dédiées au renforcement des exportations et offrir aux acteurs économiques des procédures réglementaires suffisamment claires pour établir et consolider la confiance entre les usagers et notre organisme.
Sur le volet économique, quelques indicateurs permettent de constater que la confiance en notre économie est au rendez-vous.
En termes de performance commerciale, un redressement notable des exportations marocaines est à relever. L’ensemble des secteurs réalise une bonne performance à l’export en 2018.
Le chiffre d’affaires réalisé à l’export s’est consolidé de 26,3Mds DH par rapport à l’année précédente. A cet effet, la valeur des exportations marocaines a atteint 275,2 Mds DH en 2018, en amélioration de 10,6%. Les ventes du secteur automobile et des phosphates et dérivés constituent les composantes les plus dynamiques des exportations de biens.
Le secteur automobile consolide son rang de premier secteur exportateur pour la cinquième année consécutive en 2018 (72,4Mds DH). Cette performance se poursuit même au titre des cinq premiers mois de 2019 (33,5Mds DH).
Totalisant une valeur de 52 milliards de dirhams, les exportations de phosphates et dérivés affichent, pour la deuxième année consécutive, des hausses (+17,6% en 2018 et +11,6% en 2017). Cette hausse provient de la progression des ventes des engrais naturels et chimiques (+18,4%). A fin mai 2019, les exportations des phosphates et dérivés atteignent une valeur de 20,9 Mds DH, en hausse de 7,8% par rapport à l’année précédente.
Les exportations agricoles et agroalimentaires continuent leur tendance haussière. Elles laissent apparaitre une augmentation de 3,7Mds DH ou +6,7% en 2018. Ces ventes sont soutenues par la hausse des produits agricoles suivis des produits de l’industrie alimentaire.
Le secteur aéronautique a vu pour sa part la valeur de ses ventes à l’export atteindre un pic de 14,7Mds DH, s’inscrivant en hausse de 3,1Mds DH par rapport à 2017, grâce principalement à la dynamique de l’écosystème assemblage dont les exportations augmentent de 2,4Mds DH ou +41,7%.
Pour la troisième année consécutive les exportations du secteur textile et cuir enregistrent une hausse, tirée par les ventes de vêtements confectionnés. La performance a également été au rendez-vous pour le secteur électronique et l’industrie pharmaceutique dont les ventes à l’export se sont hissées respectivement de 9,6 et 8,3%.
Concernant le volet confiance en l’administration, l’Office des Changes a toujours veillé à instaurer une relation de confiance avec ses usagers. Preuve en est la réussite de l’opération de l’amnistie, instituée en 2014, afin d’encourager les personnes physiques de nationalité marocaine ayant la qualité de résidents ainsi qu’à des personnes morales de droit marocain, à régulariser leurs avoirs et liquidités détenus à l’étranger en infraction à la réglementation des changes et à la législation fiscale. Opération sans précédent, la contribution libératoire constituait une mesure exceptionnelle de régularisation pour les contrevenants qui ont renoué leurs liens de confiance avec l’administration marocaine.
Pour rappel, le principe de la réglementation des changes est que l’acquisition par des personnes qui résident au Maroc de biens immeubles à l’étranger, sans l’accord préalable de l’Office des Changes constitue une infraction réprimable par la réglementation des changes. Les contrevenants risquent des amendes qui peuvent atteindre six fois la valeur de l’avoir constitué, pouvant même être cumulées à des peines privatives de liberté allant de 3 mois à 5 ans d’emprisonnement.
Néanmoins, les personnes physiques ayant constitué de manière illégale des biens et avoirs à l’étranger peuvent, même après l’opération de l’amnistie qui a pris fin le 31 décembre 2014, régulariser, auprès de l’Office des Changes, des avoirs et liquidités détenus à l’étranger en infraction à la réglementation des changes et à la législation fiscale.
La déclaration spontanée permet ainsi à ces contrevenants de régulariser leur situation avec des sanctions moins lourdes que celles prévues par les textes législatifs en vigueur. Il est donc encore temps de se mettre en conformité avec la réglementation des changes !
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli