
Madame Nawal Chraibi, Directrice Générale du MAScIR
Le parcours de Madame Nawal Chraibi, Directrice Générale de MAScIR, est marqué par son engagement dans la recherche et l’innovation, et illustre le rôle clé que jouent les femmes dans la transformation scientifique et technologique du Maroc.
Dans cet entretien, elle met en avant l’apport essentiel des femmes scientifiques et ingénieures dans le développement national, tout en insistant sur l’importance de l’éducation des jeunes filles pour bâtir un Maroc plus compétitif et inclusif. Encourager l’accès des femmes aux carrières scientifiques, c’est garantir une souveraineté technologique et une prospérité durable pour le pays.
Madame Nawal Chraibi, pouvez-vous nous parler de votre parcours, en particulier en tant que directrice générale de MAScIR ?
Après avoir obtenu mon baccalauréat à Rabat, j’ai poursuivi mes études à l’Université Paris-Dauphine, où j’ai suivi un cursus en Gestion et Finance. Diplômée en 2000, j’ai rapidement pris des responsabilités en tant que Consultante Sénior, d’abord au sein du pôle consolidation, puis en tant que responsable de missions dans des cabinets de renom tels qu’Arthur Andersen, Ernst & Young, Mazars et Guerard, à Paris. Cette période, d’environ 8 ans, m’a permis de participer à de nombreuses missions de consolidation dans les secteurs de l’Industrie, Banque et Assurances.
En 2007, j’ai décidé de revenir au Maroc et d’intégrer la filiale d’Alcatel-Lucent à Rabat en tant que Directrice Administrative et Financière Adjointe (Deputy CFO) et Project Financial Controller.
Fin 2009, alors que rien ne me prédestinait à quitter mes fonctions, j’ai été contactée par un chasseur de têtes pour un poste de directrice support à la fondation MAScIR, qui n’en était alors qu’à ses prémices. J’ai accepté de passer les entretiens, davantage par curiosité intellectuelle que par véritable intention de changement. Cependant, l’entretien final avec le président de MAScIR de l’époque, M. Ahmed Reda Chami, qui était également le Ministre en charge de l’Industrie, m’a définitivement convaincue de rejoindre cette aventure exceptionnelle.
Pour l’anecdote, son argument principal fut le suivant : « Il faut que tu serves ton pays, et tu auras l’opportunité de le faire à travers cette structure ». Il a su appuyer sur le bouton patriotique, et ce discours m’a profondément marquée. Aujourd’hui, cela fait 15 ans que j’évolue dans ce monde fascinant de la recherche scientifique et de l’innovation technologique.
L’opportunité pour MAScIR de rejoindre l’écosystème unique de l’UM6P renforce encore ma conviction que ce choix, à l’époque risqué, était le bon.
Justement MASCIR est né pour la recherche et l’innovation pour construire l’avenir du Maroc, pouvez-vous nous retracer les circonstances de sa création et son évolution depuis 2007 ? Et quelle est sa destinée en ayant intégré l’UM6P ?
La Fondation Marocaine pour les Sciences Avancées, l’Innovation et la Recherche (MAScIR) est une institution à but non lucratif créée en 2007 dans le but d’accompagner le développement du Maroc et de participer à l’émergence d’une nouvelle économie fondée sur le savoir. Dès sa création, MAScIR a pour mission de promouvoir et de développer, au Maroc, des pôles de recherche et de développement technologique répondant aux besoins spécifiques de l’économie nationale. À travers ces pôles, elle offre aux industriels une solution optimale pour innover dans leurs domaines, tout en réduisant le risque lié à l’investissement en R&D, grâce à la mutualisation des équipements et à la capitalisation sur les projets réalisés.
MAScIR repose sur des équipements de pointe et des compétences techniques de haut niveau pour mener des projets de recherche appliquée. Ces projets visent à répondre aux défis industriels en offrant des solutions innovantes, accompagnées d’un transfert de technologies vers ses clients. Grâce à cette approche, MAScIR s’est rapidement imposée comme un acteur crédible de la R&D et de l’innovation au Maroc, comme en témoignent son taux de réussite aux appels à projets nationaux et internationaux, les nombreux prix et distinctions obtenus, ainsi que ses interactions avec le tissu économique marocain.
Au cours de ses 18 années d’existence, MAScIR a mené plus d’une centaine de projets de R&D pour des acteurs industriels nationaux et internationaux. La fondation a également déposé plus de 220 demandes de brevet, dont 30 à l’international, dans des domaines aussi variés que les matériaux, l’agriculture, le transport, la santé, l’énergie et l’environnement. Sa production scientifique a atteint environ 750 publications, avec un Impact Factor supérieur à 2, publiées dans des revues de renommée internationale.
L’avenir de MAScIR après son intégration à l’UM6P s’annonce très prometteur. Cette implantation à l’UM6P à Benguerir s’inscrit dans la volonté d’offrir à MAScIR des ressources accrues, tout en favorisant différentes synergies pour relever les défis de l’industrie et l’économie nationales et continentales. La relocalisation de ses laboratoires à l’UM6P Benguerir permet à MAScIR de bénéficier d’infrastructures de haute qualité et d’accéder au réseau de partenariats de l’UM6P, tant au niveau national qu’international.
Quelles ont été les réalisations de MAScIR et dans quels domaines ? Qui sont ses partenaires dans le monde occidental de la recherche et l’innovation ?
Depuis sa création, MAScIR s’est engagé dans plusieurs projets innovants, visant à répondre aux défis nationaux et continentaux tout en contribuant à la promotion du rayonnement technologique du Maroc à l’échelle internationale.
En tant que centre de recherche et développement (R&D) pluridisciplinaire, MAScIR a abordé divers secteurs d’activité au fil des années. Dans le domaine de l’agriculture, MAScIR a mis au point de nouveaux biofertilisants à base de microalgues marocaines, ainsi qu’un analyseur de sols et un analyseur portable d’huile d’olive. Ces deux dispositifs reposent sur la technologie de spectroscopie infrarouge, permettant des analyses en temps réel sans avoir recours à des réactifs chimiques.
Dans le domaine de la santé, MAScIR a développé des kits de détection à haute performance et à coût maitrisé pour les maladies prévalentes au Maroc et en Afrique telles que l’hépatite C, la tuberculose, le cancer du sein type HER2 et enfin la leucémie. Ces kits ont tous fait l’objet de validation au niveau national, international et ont été enregistrés et autorisés par le ministère de la santé.
L’équipe de biologie médicale travaille également sur le développement de biosimilaires 100% locaux.
La success-story dont nous sommes particulièrement fiers est le développement, pendant la pandémie, de kits de diagnostic du Covid-19 basés sur la technologie PCR en temps réel. Ces kits, entièrement fabriqués au Maroc, sont à la fois performants et économiquement accessibles, contribuant ainsi à renforcer notre souveraineté sanitaire. MAScIR a également mené des opérations d’exportation vers le Rwanda, la Tunisie, le Sénégal et la Côte d’Ivoire à travers le CDC Afrique.
Plus récemment, à la fin de l’année 2024, l’équipe a réussi à développer, produire et commercialiser, par l’intermédiaire de Moldiag (une spin-off de MAScIR), le premier kit africain de diagnostic du Mpox (variole du singe), une maladie émergente en Afrique. Ce kit a été validé par les autorités sanitaires africaines et le CDC Afrique, et a donné lieu à des commandes pour plusieurs pays africains.
Ces succès démontrent que la R&D marocaine peut être un levier puissant de souveraineté, de compétitivité, de promotion du « Made In Morocco » et de coopération Sud-Sud.
Dans le secteur du transport et de l’agro-industrie, MAScIR a développé des dispositifs et conçu des logiciels dédiés au traitement d’images dans le cadre de la promotion de l’industrie 4.0 au sein de l’industrie marocaine.
Dans le domaine de l’énergie, MAScIR a acquis une expertise reconnue à l’échelle internationale en matière de durabilité des matériaux, notamment pour les miroirs solaires et les panneaux photovoltaïques. La fondation a également accompagné l’agence marocaine MASEN sur ces thématiques.
Enfin, MAScIR s’est également investi dans des technologies de pointe. Elle dispose d’un laboratoire unique au Maroc dans le domaine de l’optique photonique, menant des recherches de haut niveau dans des thématiques telles que l’agriculture de précision, notamment avec la technologie LIDAR, et dans le cadre de partenariats internationaux avec des pays européens, le Japon et l’Afrique du Sud. Les nanomatériaux font également partie des projets de recherche, visant notamment la valorisation des minerais marocains.
Les chercheurs et ingénieurs de MAScIR ont rapidement compris que l’atteinte de l’excellence passe nécessairement par l’ouverture aux réseaux universitaires mais également aux centres de RD, tant au niveau national qu’international. De nombreux projets ont ainsi été menés en collaboration avec des centres de R&D en Europe tels que le CNRS et CEA en France, VLIRUOS en Belgique, le CENER en Espagne. Sans oublier certains sujets en collaboration avec l’Université de San Francisco en Californie ou encore l’Université d’Osaka au Japon dans les technologies plasmoniques.
MAScIR travaille pour compte de tiers au Maroc avec des grands groupes et importantes sociétés, et à l’international avec l’Afrique et l’Asie, pouvez vous préciser ces aspects pour nos lecteurs ? Cette dimension engendre-t-elle des ressources pour MAScIR ? Dans quelle mesure elle constitue une de ses principales orientations dans le futur ?
Effectivement, l’ambition de MAScIR a toujours été de produire des solutions et produits innovants pour le compte d’opérateurs économiques et partenaires industriels. Grâce à cette vision, ses relations avec les entreprises se sont consolidées au fil des années, ce qui se traduit aujourd’hui par la signature de pas moins d’une centaine de contrats de R&D avec des entreprises tant nationales qu’internationales. Il convient de souligner que le groupe OCP demeure de loin le principal partenaire de MAScIR.
MAScIR a également eu l’opportunité de collaborer avec d’autres « champions nationaux ». Parmi ses partenaires, on peut citer, sans prétendre à l’exhaustivité : Les Domaines Agricoles, INNOVX, MASEN, LESIEUR CRISTAL, AFRIQUE CABLES, COSUMAR, ADM, ONCF, LEAR, DARI COUSPAT, et LAPROPHAN.
Les projets sont réalisés soit dans le cadre de contrats clients, avec rémunération et gestion de la propriété intellectuelle, soit dans le cadre de consortiums formés avec des partenaires académiques et industriels dans le cadre d’appels à projets nationaux et/ou internationaux.
En termes de partenaires internationaux, MAScIR compte parmi ses clients des institutions prestigieuses telles que le CERN, SUEZ, SICPA, EFFACEC, THALES, ELEPHANT VERT ou encore STMicroelectronics.
Mme Chraibi, vous savez que la Femme est au centre des évolutions et reformes du Maroc, à ce titre, quelle place occupe-t-elle à MAScIR, dans la formation, la recherche ? A-t-elle des domaines de prédilection ou d’excellence ? Quelle est sa représentativité ? Avez-vous des chiffres pour appuyer sa position ?
Non seulement je le sais, mais je me réjouis des récentes évolutions et réformes. Le bilan que je dresse aujourd’hui du statut des femmes marocaines dans les cadres, hauts cadres et fonctions dirigeantes est globalement positif, bien qu’il reste encore des progrès à faire. Ce constat est particulièrement encourageant lorsque je me penche sur les chiffres de l’institution dans laquelle j’évolue depuis 15 ans.
Je suis heureuse de constater que le ratio hommes/femmes à MAScIR est presque équilibré, avec 55 % d’hommes et 45 % de femmes, un résultat que je m’efforce de continuer à améliorer. En ce qui concerne les doctorantes (étudiantes-chercheuses), elles représentent 57 % de l’ensemble des étudiants salariés de MAScIR et viennent de toutes les régions du Maroc.
En matière de production scientifique, les femmes chercheurs et ingénieurs déposent 35 % des brevets et publient 50 % des articles scientifiques, toutes disciplines confondues. Elles excellent aussi bien dans la recherche fondamentale, avec des publications à fort H index dans des revues scientifiques de renom, que dans la recherche appliquée ou l’ingénierie.
À ce sujet, souvenez-vous qu’en février 2021, un rapport de l’UNESCO a révélé que le Maroc enregistre l’un des taux les plus élevés de femmes ingénieures dans le monde, avec 42 %.
A l’occasion du 8 mars, pouvez-vous faire un focus sur les derniers succès de femmes en tant que chercheuse en termes de réussite, à travers des prix obtenus par MAScIR au Maroc et à l’international ?
Sans prétendre être exhaustive, voici quelques exemples de prix destinés à récompenser les travaux de recherche des femmes de MAScIR :
- Dr. Siham Refki, chercheure senior au centre Optique et Photonique représente MAScIR/UM6P au 73ème Rencontre des Lauréats du Prix Nobel en juin 2024 : Un Triomphe pour la Science Marocaine
- Mme Basma AL BANYAHYATI, chercheure au Centre des Kits et Dispositifs de Diagnostics de MAScIR a remporté le Prix Innovation Technologique en décembre 2024 avec le Kit de diagnostic HER2-MOLDIAG. Une réalisation qui illustre l’impact des projets innovants Made In Morocco pour relever les défis de demain.
- 2 ème Prix dans la catégorie Recherche Scientifique du concours Prix d’excellence organisé par MASEN et la GIZ attribué à Mme Mounia Karim, chercheur au sein du centre « Energie »
- Prix d’innovation de la 10ème édition du CONCOURS NATIONAL DE L’INNOVATION, DE LA R&D ET DE LA TECHNOLOGIE dans la catégorie jeune chercheur et doctorant, décerné par R&D MAROC à Mme Imane ABDELLAOUI, qui était étudiante chercheur au sein du centre «biotechnologie médicale» et qui est aujourd’hui chercheure senior au centre Kits et dispositifs de diagnostiques à MAScIR.
- Zineb Qmichou, chercheure senior au centre de biotechnologie médicale, a été récompensée lors de la 4éme édition du Programme national L’Oréal-Unesco « Pour les femmes et la science ».
- Lors de la 2ème édition des Industry Metting Awards, organisée par le magazine Industrie du Maroc en Avril 2022, J’ai eu le plaisir de recevoir, au nom de MAScIR le « Prix de l’Innovation », suite aux résultats exceptionnels affichés dans le domaine de l’innovation au cours des deux dernières années.
Mme Chraibi, vos compétences dans le domaine de la recherche vous ont valu récemment d’être nommée dans un nouveau projet, en parallèle de vos responsabilités actuelles, pouvez-vous nous dire en quoi il consiste ?
En effet, en octobre 2022, j’ai eu l’honneur de me voir confier la responsabilité de diriger l’IAS, l’Institut d’Études Avancées de l’UM6P à Benguerir.
L’Institut d’études avancées (IAS) de l’UM6P est un centre d’excellence interdisciplinaire pour des chercheurs, des universitaires et des artistes de niveau international. Il offre une variété de programmes permettant aux résidents de réaliser des projets destinés à contribuer, à l’échelle mondiale, à la réflexion sur les transitions, thématique centrale de notre IAS en prenant en compte les écosystèmes matériels et humains.
L’IAS accueille également des doctorants et des post-doctorants, ainsi que des invités de renommée mondiale, dans le cadre de ses deux Chaire de recherche, une chaire autour des « Transitions » et une deuxième intitulée « Global Critical Zone Sciences » dédiée aux sciences du sol.
L’objectif de l’IAS est de dynamiser les échanges scientifiques au sein de l’Université, d’accroître le rayonnement culturel et scientifique mondial de l’Université et enfin d’améliorer son classement mondial.
Mme Chraibi, dans votre domaine, en tant que femme comment pensez-vous impacter, traduire et imposer une place à la femme en général ?
J’ai la chance aujourd’hui de faire partie de l’UM6P, et je suis véritablement enthousiaste à l’idée de poursuivre ma carrière au sein de cet écosystème exceptionnel. Cette institution d’excellence porte un projet ambitieux axé sur le développement, la recherche appliquée et l’innovation, avec une vision résolument tournée vers l’Afrique et l’ambition de se classer parmi les universités les plus reconnues au niveau mondial dans ces domaines.
Au quotidien, je rencontre de jeunes femmes étudiantes de l’UM6P, chercheuses, ingénieures, toutes disciplines confondues. Elles sont brillantes, ambitieuses et pleinement épanouies. Elles sont là parce qu’elles ont eu la chance d’être scolarisées et ont travaillé sans relâche pour accéder à ce niveau d’excellence exigé par l’UM6P.
Je tiens également à souligner l’engagement des jeunes femmes qui entreprennent, portent des projets de recherche, d’innovation et de startups prometteuses. Elles connaissent le succès parce qu’elles évoluent dans un écosystème qui les soutient activement, avec des programmes d’accompagnement, de coaching, d’incubation, et même de levée de fonds.
Selon moi, il est primordial de continuer à sensibiliser et à communiquer sur l’importance de la scolarisation des jeunes filles, notamment en milieu rural. Pour les dix prochaines années, il est impératif de généraliser l’éducation des filles en milieu rural, un défi majeur. La scolarisation de ces jeunes filles est essentielle pour réduire le nombre de mariages précoces. L’accès à une éducation de qualité, la possibilité de poursuivre des études supérieures et une plus grande présence des femmes dans l’espace public sont des éléments clés pour améliorer les conditions de vie et le statut des femmes marocaines.
Pour conclure, comment voyez-vous le Maroc de demain, à travers différentes et diverses perspectives ?
À mes yeux, et compte tenu de mon parcours professionnel, il est essentiel de placer la recherche et le développement (R&D) ainsi que l’innovation orientée vers le marché au cœur des politiques et stratégies nationales pour l’avenir. Afin d’y parvenir, l’État doit instaurer des mécanismes incitatifs à l’innovation et des programmes d’accompagnement spécifiques, tout en garantissant des solutions de financement adaptées aux différentes catégories d’entreprises, telles que les start-ups, les PME et les entreprises industrielles. Ces mesures sont cruciales pour stimuler l’innovation, renforcer la compétitivité du pays et promouvoir un développement économique durable et inclusif.
Il est également fondamental de promouvoir davantage le concept du « Made in Morocco », en inscrivant les produits et solutions fabriqués au Maroc dans un processus d’amélioration continue. La valorisation de ces produits, ainsi que l’appréciation des innovations et des résultats issus de la recherche, doivent être intégrées dans une vision et une politique nationale cohérentes.
Au fil des dernières années, les Marocains ont pris conscience du potentiel des compétences techniques et scientifiques de notre pays, prêtes à contribuer activement au développement national. Bien entendu, la participation active des femmes ingénieures, chercheuses, techniciennes et doctorantes est un facteur clé pour réussir cette transformation.
Entretien réalisé par Afifa Dassouli