M. Mounir Chraïbi, Directeur Général Exécutif, Bank Of Africa
Mounir Chraibi, Directeur Général Exécutif de Bank Of Africa, a la charge de la direction « Fonctions Groupe et Opérations », qui regroupe les fonctions régaliennes des Risques et Finances et les fonctions transverses, liées à la Technologie, Process et Organisation, à la Qualité, la Logistique ou au Juridique, avec supervision des filiales qui s’inscrivent dans le prolongement de ces métiers. Dans cet entretien, il détaille l’impact de la digitalisation bancaire et ses perspectives en lien avec les technologies de rupture.
La Nouvelle Tribune : M. Chraibi, dans le cadre de notre spécial thématique de 2022, nous avons choisi de faire le point sur la Deep Tech au Maroc, BANK OF AFRICA ayant lancé une politique de digitalisation sur ces dernières années, quel chemin a-t-elle parcouru dans ce processus de transformation ?
Mounir Chraïbi : La démocratisation de l’accès à Internet et l’accélération de l’équipement en smartphones, a fait naître de nouveaux comportements et habitudes des consommateurs. Les utilisateurs ont aujourd’hui des exigences d’accessibilité, d’autonomie et d’immédiateté dans leur accès à l’information et donc dans la consommation des services bancaires.
La Banque se projette désormais comme un fournisseur de services à valeur ajoutée adaptés aux nouveaux besoins des clients.
BANK OF AFRICA, a dans ce contexte, lancé un programme de transformation digitale d’envergure visant d’une part l’amélioration de l’expérience client sur l’ensemble des canaux de la Banque, la digitalisation des processus métiers front to back afin d’accroître l’expérience de nos collaborateurs d’autre part, et enfin à positionner BANK OF AFRICA comme l’acteur de référence dans le digital et les innovations.
Ce programme a conduit à de nombreuses réalisations. Je ne serai bien évidemment pas exhaustif, mais nous pouvons citer à titre d’illustration le lancement de plusieurs plateformes dédiées à la souscription à distance aux crédits (Crédit Habitat, Crédit Daba, Crédit Business Online) et le déploiement des plateformes dédiées au Cash Management et Commerce International pour les Entreprises (Business Online Cash & Trade).
On peut aussi noter, le déploiement d’une plateforme digitale dédiée à l’entrée en relation en ligne, l’avènement du paiement mobile DabaPay par les M-Wallet et l’enrichissement des fonctionnalités des canaux transactionnels (BMCE Direct et Business Online). Sans oublier, l’usage des technologies de l’Intelligence Artificielle à destination de la clientèle (Chatbot KODI) et la mise en place de plusieurs use-cases Big Data.
Dans quelle mesure, cette transformation se rapproche-t-elle de la nouvelle révolution, dite « Deep tech » ?
Au même titre que la révolution Deep Tech, le programme de transformation digitale de la Banque se pose en rupture, autant technologique qu’organisationnelle.
Ainsi, BANK OF AFRICA a considérablement investi dans la construction de nombreuses briques technologiques innovantes afin de fluidifier les processus de bout en bout. A noter aussi, une rupture organisationnelle avec la mise en place d’une organisation favorisant l’agilité dans la réalisation des projets.
Pour répondre aux nouvelles attentes et exigences de la clientèle, nous sommes dans l’obligation de modifier structurellement nos méthodes de travail.
Pour BANK OF AFRICA, quels rôles et quelles places prennent les fintechs dans son approche ?
BANK OF AFRICA a intégré au cœur de sa stratégie digitale la mise en place de partenariats avancés avec les acteurs de l’écosystème Fintech afin de profiter de leur agilité, de leur créativité et ainsi déployer de nouveaux produits et services innovants pour notre clientèle.
Plusieurs partenariats ont été noués avec des Fintechs autant marocaines qu’internationales dans plusieurs domaines tel que l’intelligence artificielle (ChatBot KODI, lecture et traitement automatique des documents et des factures…), les services d’agrégation de comptes et la Blockchain.
Nous avons également engagé des partenariats avec des Fintech spécialisées dans le transfert de fonds à l’international afin de fluidifier et faciliter les transferts des Marocains du Monde vers le Maroc.
D’après vous quelles sont les contraintes et obstacles à ces évolutions, caractéristiques du Maroc ?
Le cadre réglementaire a favorablement évolué pour accueillir de nouveaux services et parcours digitaux pour nos clients, particulièrement depuis la crise Covid. Comme vous le savez, la crise sanitaire a instauré la primauté des services à distance et donc la digitalisation des services rendus à la clientèle dans le secteur bancaire. La réglementation doit toutefois continuer à évoluer pour intégrer les spécificités des Fintechs.
La réticence de la clientèle à l’utilisation des canaux digitaux recule aussi de jour en jour. Nous observons une croissance importante de l’utilisation de nos différentes plateformes digitales pour l’ensemble des segments de notre clientèle.
Notre culture Digitale nous permet aujourd’hui de penser la digitalisation en opportunités et non plus en menaces ou en contraintes.
Quels sont les résultats de BANK OF AFRICA par rapport aux benchmark internationaux qu’elle se doit de respecter de part sa position ? Et quelles sont ses perspectives ?
BANK OF AFRICA a dernièrement intégré un Benchmark international axé sur le Digital afin de nous comparer, de tirer profit des stratégies et produits et services digitaux déployés à l’international et surtout adapter nos priorités dans le cadre du programme de transformation digitale.
Notre vision est clairement d’atteindre des performances conformes aux banques les plus matures du marché international. L’application de plusieurs recommandations et préconisations de ces travaux nous ont d’ailleurs permis d’accroitre et de renforcer les usages digitaux de notre clientèle.
2022 sera aussi une année riche en déploiement de nouveaux projets digitaux : avec notamment l’amélioration et l’enrichissement de l’expérience client sur les différents canaux distants, la mise en place de nouveaux services et parcours de Vente à Distance intégrant la signature électronique autant pour la clientèle des particuliers et professionnels que pour la clientèle des entreprises et le lancement de nouveaux modèles prédictifs Big Data afin de mieux anticiper et répondre aux besoins de notre clientèle.
Propos recueillis par Afifa Dassouli