Eddy-Richard Toledano, Président du groupe Avis-Locafinance
La digitalisation revêt souvent une dimension externe, visible du point de vue du client ou du consommateur. Mais, celle-ci passe inexorablement par une mise à niveau, à travers une transformation digitale, des processus et outils de l’entreprise en interne. Le cas du groupe Avis-Locafinance est éloquent dans ce sens, celui-ci ayant profité de la pandémie pour accélérer sa digitalisation. Dans cet entretien avec Eddy-Richard Toledano, Président du groupe Avis-Locafinance, ce sont aussi les perspectives de la technologie électrique et les enjeux de sa pénétration au Maroc qui sont décortiquées.
La Nouvelle Tribune : La pandémie de la Covid-19 a eu un effet d’accélérateur des usages en ligne des consommateurs. Comment le groupe Avis-Locafinance a-t-il capitalisé sur le digital pour faire face à la crise ?
Eddy-Richard Toledano : Nous avons profité de la pandémie pour non pas subir la « crise » mais plutôt créer des opportunités de développement interne. Le monde étant au creux de la vague, nous avons profité de l’instant pour nous réinventer en lançant des chantiers extrêmement structurants pour le groupe AVIS-Locafinance dont le volet SI et Digital.
Pour cela, nous avons mobilisé nos équipes pour migrer notre ERP, développé un intranet pour la gestion et l’administration de notre personnel, mis en place différents applicatifs digitaux pour parfaire notre proximité client (gestion des sinistres, gestion du parc client, Solution de tracking, …). En complément, étant certifié ISO 14001, nous avons également travaillé la digitalisation de nos contrats clients limitant ainsi notre impact environnemental.
Dans un contexte où le client est au centre de toutes les approches, quelle place prend la digitalisation du parcours client dans le Groupe ?
Depuis le début du COVID, nous avons très rapidement profité de l’instant pour réviser à 100% le parcours de nos clients. Nous en avons profité pour digitaliser les contrats AVIS permettant ainsi à nos clients de recevoir par mail l’ensemble des documents de leur location. Nous avons revisité les différents canaux de communication avec nos clients de la téléphonie aux réseau sociaux, pour assurer une meilleure proximité avec nos donneurs d’ordre.
Dans le domaine de la mobilité, d’autres technologies sont considérées comme de rupture, comme l’électrique notamment. Quelle priorité donne le Groupe à ces évolutions ?
Depuis plus de 3 ans, le groupe à été précurseur sur l’électrique. Nous avons la fierté d’annoncer aujourd’hui que nous sommes le loueur de véhicules en longue durée disposant du plus grand nombre de véhicules électriques sur l’ensemble du royaume. Nous nous réjouissons que de plus en plus d’acteurs aujourd’hui soient extrêmement sensibles à cette technologie et sommes extrêmement enthousiastes sur son devenir étant donné que 100% de nos clients renouvellent systématiquement leurs contrats après avoir choisi ce nouveau mode de déplacement fiable et économique.
Selon votre expertise, quel avenir voyez-vous pour ces technologies au Maroc ?
Connaissant les limites des énergies fossiles surtout actuellement, l’avenir de la mobilité électrique est extrêmement prometteur. Cependant, il faudra s’affranchir de quelques freins pour son développement. Le premier est législatif, dans la mesure où les textes de lois aujourd’hui, empêchent toute personne morale de distribuer de l’Energie électrique. Une fois que ce volet sera clarifié, les opérateurs privés pourront alors disposer d’un espace économique viable pour le développement de l’infrastructure des points de recharges sur le territoire. Au niveau des importations ensuite, pour l’avenir de nos futures générations, il est important de promouvoir cette technologie à forte échelle afin que le pays puisse réduire son empreinte carbone.
Pour cela, il serait nécessaire de limiter les barrières à l’importation. Le frein technologique est crucial également, alors que le rendement des batteries évolue de mois en mois, il est important de mettre l’accent sur l’autonomie des véhicules. L’avantage des véhicules thermique est de pouvoir faire le plein en quelques minutes contrairement aux véhicules électriques nécessitant au mieux 30 à 45 min. Nous espérons que les différents efforts en recherches et développements actuels des constructeurs sur l’électrique permettront d’aboutir à des performances de temps de recharge similaires au temps pour faire un plein sur un véhicule thermique. Enfin, la politique tarifaire est à revoir, le véhicule électrique est aujourd’hui quasiment inaccessible sur les modèles d’entrée de gamme et reste donc un véhicule plutôt haut de gamme.
En attendant de pouvoir relever l’ensemble des défis de la mobilité électrique des 4 roues qui prendra surement plusieurs années, nous sommes persuadés que la mobilité électrique des 2 roues est une excellente alternative pour emboiter le pas vers une démarche éco-responsable tout en réalisant plus de 85% d’économies sur l’exploitation des véhicules !
Propos recueillis par Zouhair Yata