Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Des bouchons, encore des bouchons, toujours des bouchons. La capitale économique du Royaume devient de plus en plus le triste théâtre d’un vaste encombrement de véhicules et de poids lourds.
En taxi, en bus ou en voiture, voire même à moto, se déplacer à Casablanca relève du parcours de combattant. Un casse-tête avec des conséquences en cascade sur le quotidien des Bidaouis.
Prenons par exemple le boulevard Mohammed VI (T’riq Mediona). Traversé par plusieurs axes et carrefours importants, cet espace constitue l’un des principaux accès de la ville de Casablanca et draine un trafic très dense avec des flux importants de camions, de VUL et de Tok-Tok.
En effet, artère centrale de la capitale économique, cet axe donne sur les principales sorties de la ville, vers l’autoroute ou encore vers les routes nationales. Il donne également sur les quartiers les plus animés de la métropole, les zones commerciales et industrielles et les périphéries. Un axe vivant et abritant une bonne partie du trafic automobile et de la mobilité à Casablanca. D’ailleurs, la circulation ici a été toujours dense, particulièrement du côté de Garage Allal, et les embouteillages dans cette partie de la ville font tourner la tête. Et ce ne sont certainement pas les habitués de cet axe qui vous diront le contraire. Encore plus en ce moment, puisque cet axe s’est transformé en un grand chantier à ciel ouvert depuis quelques mois déjà, rendant ainsi la circulation encore plus compliquée et difficile. Idem pour le reste des voiries et grandes artères de la ville, notamment le Centre-Ville, Maârif, Zerktouni, 2 Mars, Sidi Othmane, Hay El Hassani vers Dar Bouaâzza, Ain Chock, Hay Inara, ou encore Hay Al Qods. Même la trémie des Almohades nouvellement ouverte n’a pas résolu comme il se doit la problématique de la fluidité de la circulation au niveau des boulevards des FAR, Al Moqawama et Porte n°3 du Port, puisque cet espace connaît des bouchons terribles durant les heures de pointe.
L’autoroute urbaine reliant Mohammédia à Bouskoura, elle, est presque impraticable durant les heures de pointe, surtout du côté des sorties de Sidi Maârouf ou encore Bouskoura.
C’est dire à quel point les usagers des différents moyens de transport à Casablanca galèrent, jusqu’à en perdre patience. Très vite, l’incivisme devient la règle avec des conduites dangereuses, des queues de poisson, des refus de priorité, un non-respect très fréquent des feux rouges et des signaux de circulation, ou encore des passages sur la voie du tramway… En somme, côté circulation, tout devient, le temps d’un bouchon, permis dans cette ville qui se veut rivale des grandes capitales du monde. Une véritable Fawda (anarchie) !
Toutefois, si ce constat n’étonne guère, il est important de souligner néanmoins et avec tous ces travaux de mise en place de nouvelles lignes de tramway, que la situation de la circulation s’est davantage compliquée. La ville a en effet pris la décision de connecter une bonne partie des zones de Casablanca en tramway.
Ainsi, le réseau de transport en commun en site propre de Casablanca prévoit à l’horizon 2024 une 3ème et une 4ème ligne de tramway totalisant 26 km, comptant 38 stations voyageurs et 9 points de correspondance multimodaux. La ligne T3, d’une longueur de 14 km comportera 20 stations. Elle desservira les axes : Bvds Abdelkader Essahraoui, Idriss El Allam, Idriss Harti, Mohammed VI, Place de la Victoire, Mohammed Smiha, Gare Casa Port. La ligne T3 comptera 5 points de correspondance (avec T1, T2, T4, bus rapide en site propre L2) et comportera des aménagements urbains de façade à façade : traitement de façade à façade sur 69 hectares (voirie, éclairage public, mobilier urbain, etc.) ; aménagements de trois places : place de la Victoire, place Hamidou El Watani et place Casa Port ; alignement de 3100 arbres le long du tracé. Les travaux de réalisation de la ligne T3 nécessiteront la réalisation d’un ouvrage d’art au niveau du franchissement des voies de l’ONCF.
La ligne T4 quant à elle, comptera 19 stations sur une longueur de 12,5 km. Elle desservira les axes Bvds Okba Ibnou Nafiaa, Idriss al Harti, Idriss El Allam, Forces Auxiliaires, Boulevard du Nil, Anoual, 10 Mars, Oulad Ziane, Place de la Victoire, Rahal Meskini, Allal El Fassi, Parc de la Ligue Arabe. Afin de mutualiser les délais et les ressources, de garantir plus de performance dans la réalisation des projets et d’optimiser les délais des travaux, ces deux lignes seront réalisées simultanément selon un calendrier commun et nécessiteront un budget d’investissement de 7 MMDH. Leur mise en service prévisionnelle est programmée en 2024.
Et ce n’est pas fini ! La fièvre des travaux se poursuit avec notamment un chantier d’envergure lancé sur le Boulevard Mohammed VI. Il s’agit de la construction d’un pont de dénivellation du boulevard Mohammed VI aux croisements avec les boulevards : Al Qods, Driss El Harti, Dakhla et Amgala. La construction de cet ouvrage est programmée pour une durée de 12 mois, de novembre 2021 à fin octobre 2022. Toutefois, il est prévu la mise en service de l’ouvrage durant l’été prochain. Celui-ci, d’une enveloppe budgétaire de 170 MDH comptera une longueur totale de 620,4 m et une largeur totale de 16,1 m. Il garantira 2×2 voies de circulation.
Du côté du Conseil de la Ville, une enveloppe budgétaire de 1,7 MMDH a été engagée pour la fluidification du trafic à Casablanca. Dans un premier lieu, une liste est publiée des artères urbaines qui subiront des travaux d’élargissement dans le secteur ouest de la ville. L’action intègre ensuite un programme global de fluidification du trafic urbain qui sera mis en œuvre au niveau des circonscriptions d’Anfa, de Hay Hassani et d’Aïn Chock et des communes de Bouskoura, d’Oulad Azzouz et de Dar Bouazza. En plus de l’élargissement et du prolongement de deux voies principales, le programme porte sur la réalisation de 8 trémies, de 4 échangeurs et de 5 voies et carrefours giratoires.
C’est dire qu’avec tous ces projets et travaux, certes majeurs, les Casablancais n’ont qu’à prendre leur mal en patience. Et oui, c’est ça rouler à Casablanca. Malgré tout, on s’en sort avec souvent un immense sentiment de fierté une fois de retour à la maison… surtout sain et sauf !
Hassan Zaatit