La 23ème édition du forum EMI-entreprises, qui s’est déroulé du 29 au 30 mars 2017 a accueilli plusieurs milliers d’étudiants et lauréats et une soixantaine de grandes entreprises marocaines et multinationales actives dans différents secteurs tel que le BTP, l’industrie, l’agroalimentaire ou encore l’énergie.
Ce forum, organisé dans l’une des plus prestigieuses écoles d’ingénieurs au Maroc, l’EMI, est une occasion unique pour les étudiants et les entreprises de se rencontrer et discuter des opportunités de stages et d’emplois !
Cet événement a aussi été une occasion pour moi de mener une petite enquête auprès des entreprises présentes afin de connaître quelles sont les tendances actuelles dans le monde du recrutement.
En voici les résultats et les décryptages…
Rencontre avec Omar El Hallabi, président de EMINOV
Lorsque j’arrive à l’entrée du grand chapiteau qui a été aménagé pour accueillir les quelques 68 stands d’entreprises et d’organismes de recrutements, je rencontre Omar El Hallabi, président du club EMINOV (club d’innovation de l’EMI).
Omar El Hallabi est un étudiant très engagé dans la promotion de l’innovation et l’entrepreneuriat au sein de son école. C’est notamment lui qui a organisé la rencontre-débat autour de la culture digitale à laquelle j’ai eu la chance d’assister et de participer :
Je l’interroge pour connaître son point de vue sur l’état d’esprit des étudiants durant cet événement. Voici ce qu’il me répondra :
« Je trouve personnellement que beaucoup d’étudiants sont trop orientés recherche d’emploi sous forme de salariat ! Très peu envisagent sérieusement de créer leur entreprise alors qu’ils en ont toutes les capacités et les compétences ici à l’EMI ! »
Cette remarque n’est pas surprenante venant de la part du président d’un club dont la mission est de promouvoir l’entrepreneuriat et l’innovation.
D’autant plus Omar a pu constater avec regret que l’événement qu’il a organisé avec son club autour de l’innovation et de l’entrepreneuriat n’avait pas attiré autant d’étudiants EMI qu’il ne l’aurait voulu, compte tenu de la très grande qualité des intervenants et de l’importance du sujet !
Après avoir terminé d’échanger avec lui sur d’autres sujets autour de l’innovation et de l’entrepreneuriat, je quitte finalement Omar pour pénétrer dans l’enceinte du chapiteau, non sans lui avoir donné rendez-vous pour le prochain Hackathon Open Innovation !
L’organisation semble très bien rodée et l’affluence me semble assez exceptionnelle ! Les étudiants se bousculeraient presque pour pouvoir entrer dans les différents stands des entreprises !
Cette impression me sera confirmée un peu plus tard par les chiffres officiels que me communiquera MAGHRAOUI Lamyae, la responsable communication de l’événement.
Cette 23ème édition détient, en effet, un nouveau record en termes d’affluence des étudiants (plusieurs milliers) et du nombres d’entreprises présentes ! (78 stands loués)
Rencontre avec un responsable ANAPEC
Après avoir jeté un coup d’œil rapide sur les stands des différentes entreprises présentes, je décide d’engager une discussion avec l’une des personnes présentes dans le stand ANAPEC afin de connaître son avis sur les tendances de recrutement au Maroc et pour lui poser aussi quelques questions sur le marché de l’emploi pour les étudiants diplômés de l’EMI.
J’apprends de sa part, que, contrairement aux anciennes années, un étudiant fraîchement diplômé de l’EMI, pourtant toujours considérée comme l’une des écoles les plus prestigieuses du Maroc, ne va pas forcément tout de suite trouver un travail !
« Le marché de l’emploi a changé. Il y’ a aujourd’hui beaucoup plus de concurrence pour les postes disponibles chez les entreprises. Ces dernières sont devenues beaucoup plus exigeantes sur les critères de recrutement ! »
Les entreprises ne considèreraient plus la qualité du diplôme comme unique critère de recrutement ! celui-ci ne pèserait, selon lui, pas plus que 30 à 40% sur la décision de recrutement (cela dépend, bien sûr, de la nature du poste) !
Pour maximiser leurs chances de trouver un travail, les candidats devraient davantage démontrer leurs capacités comportementales et leur attitude engagée dans leur CV !
Une expérience dans le monde de l’associatif ou du bénévolat par exemple, montrerait aux entreprises que l’étudiant, durant, sa scolarité, n’a pas fait qu’étudier et qu’il a su s’enrichir d’expériences humaines intéressantes !
Durant les entretiens, les candidats au recrutement devraient mettre clairement en avant leur capacité à bien s’exprimer et à communiquer tout en montrant une certaine forme d’écoute et d’interaction positive !
Plus tard, en période d’essai, les candidats au recrutement définitif devront être capables de s’intégrer, de travailler en équipe tout en étant autonome et en ayant un esprit d’initiative !
« C’est un “package comportemental et d’attitude” que demandent les entreprises aux futurs recrues. » concluera-il
Les étudiants de l’EMI commencent, semble-il, à comprendre ces nouvelles exigences à en juger par le nombre croissant de clubs et d’événements crées au sein de leur école.
EMI Toast Masters, par exemple, est le premier club de prise de parole en public au sein de l’École.
Il a reçu de très nombreuses demandes d’adhésions lors de sa création en 2016 et compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de membres actifs.
Rappelons que Toast Masters est l’un des plus grand réseaux de public speaking au monde !
Rencontre avec les entreprises
Après avoir remercié le responsable ANAPEC pour ses pertinentes remarques, je décide d’aller à la rencontre des différents responsables de recrutement et des ressources humaines présents dans les stands entreprises pour avoir leur point de vue personnel surtout qu’ils sont les premiers concernés !
Pour avoir pris le temps de bien discuter avec plusieurs d’entre eux, je réalise de manière concrète que cette tendance chez les entreprises à vouloir bien plus qu’un CV et des diplômes était bien réelle !
Selon eux, lors des entretiens, ce sont surtout les candidats qui ont confiance en eux, qui s’expriment bien et qui sont capables de comprendre les besoins du marché et des entreprises qui vont attirer leur attention et leur intérêt !
Pour avoir quelques chiffres et données sur tous les propos recueillis durant mes discussions, je décide de faire remplir un petit questionnaire à une vingtaine de responsables de stands entreprises présents !
Le but de ce questionnaire était de savoir quels sont (par ordre d’importance), pour les entreprises, les critères de recrutement les plus importants hormis les compétences techniques du diplôme.
Voici les résultats de cette mini-enquête :
Sur la base du diagramme ci-dessus, les résultats obtenus semblent donc assez équilibrés au niveau de la répartition des critères et confirment cette notion de “package” citée précédemment par le responsable ANAPEC !
A noter aussi l’extrême difficulté de choix qu’ont eu les personnes qui ont bien voulu se prêter à ce jeu de « priorisation » des critères de recrutement que je leur ai proposé tant ceux-ci ont été jugés TOUS très importants !
De cette très belle demi-journée passée à l’EMI, où la plupart des intervenants que j’ai sollicité ont répondu avec intérêt et gentillesse, je retiendrais donc une seule chose :
L’extrême importance pour les étudiants aujourd’hui de développer, au-delà de leurs compétences techniques, des compétences comportementales et humaines !
Ces dernières sont de plus en plus requises par les grandes entreprises qui ne se satisfont plus d’un simple diplôme, aussi prestigieux soit-il…
Elles veulent désormais des personnes capables de bien s’exprimer, positives et innovantes dans leur état d’esprit !
Les étudiants de l’EMI semblent prendre de plus en plus connaissance de cette nécessité à en juger par le succès des nombreux clubs (EMI Toast Masters, EMINOV) et par le nombre croissant d’événements organisés autour de la culture digitale et entrepreneuriale !
Des initiatives qui devraient être diffusées à plus grande échelle sur d’autres écoles et universités et qui devraient aussi s’accompagner, selon moi, d’un vrai programme de formation dédié spécifiquement au développement personnel !
à propos de l’auteur :
Omar Amrani est un entrepreneur passionné d’innovation et d’éducation.
Il dirige un cabinet de formation et de conseil en innovation pour les grandes entreprises et les PME et enseigne le cours « Culture de l’innovation » à l’école Com’Sup à Casablanca.
Vous pouvez suivre ses articles sur la page Facebook de son blog Chroniques du futur