Enfin, nos parlementaires ont repris du service. Après les longs mois d’été, l’enseigne du Parlement redevient un des points focaux de la prise de parole publique. L’intervention du Chef du Gouvernement devant les élus de la Nation, le 24 octobre dernier, dense et fortement argumentative, a généré des débats houleux avec une opposition qu’on pensait aphone depuis quelques temps.
C’est donc un bon signe que de constater que même si c’est une posture par essence, l’opposition prend son rôle à cœur. Le fonctionnement démocratique n’est pas une panacée ou une fin en soi, c’est un processus continu qui s’alimente des actions des différentes parties quel qu’en soit la teneur partisane, pour en garantir l’existence même.
Et, si le Gouvernement, légitimement élu, peut compter sur le soutien des élus de sa coalition, l’opposition a une responsabilité de présenter des alternatives et d’évaluer l’action dudit gouvernement, contraignant celui-ci à expliquer, justifier et convaincre, plutôt que de déployer sa politique sans rendre de compte.
Le fait que les orientations royales soient de plus en plus explicites, s’apparentant à des plans d’actions, de la concrétisation de l’État social à la mise en œuvre des recommandations du nouveau modèle de développement notamment, ne doit pas permettre au Gouvernement de se parer de vertu derrière l’exécution de ces lames de fond tracées par le Souverain.
De la même manière, il serait inique de ne pas mettre au crédit du Gouvernement les accomplissements dans l’avancement des chantiers stratégiques de la Nation, le social, l’éducation et la santé pour ne citer qu’eux. C’est donc l’équilibre entre une action gouvernementale contrainte par les contextes nationaux et internationaux et donc qui s’adapte en toute nécessité d’une part, et d’autre part une logique de reddition des comptes, qui permettront de s’assurer que la chose publique est gérée au bénéfice de tous nos concitoyens.
Ainsi, alors que le Chef du Gouvernement a défendu avec force et conviction son projet de Loi de Finances, étayé de chiffres précis comme l’objectif de faire bénéficier du régime unifié d’assurance maladie à plus de 4 millions de familles vulnérables, l’opposition rétorque quand même que sa perception est que le PLF 2023 privilégie les équilibres financiers au détriment des équilibres sociaux.
Puisqu’il est vrai que la réforme sociale voulue par le Roi Mohammed VI « dépasse de loin le cadre d’un programme gouvernemental pour un seul mandat et va au-delà d’une vision attribuée à un département ministériel, à un acteur partisan ou à un acteur politique » selon les déclarations au Parlement du Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch, il n’en demeure pas moins que pour le bien collectif, pour la consolidation de l’État de Droit au Maroc, pour que la démocratie continue de se mouvoir dans nos institutions, chacun doit tenir son rôle, constitutionnel, d’opposition, d’évaluation, de contre-pouvoir et d’information qualitative du citoyen. Parce qu’une seule main n’applaudit pas…
Zouhair Yata