Au soir du 7 mai 2017, M. Emmanuel Macron était proclamé vainqueur des élections présidentielles françaises. Cette victoire, on l’espérait et dès le 23 avril précédent, on la pressentait.
Mais, on ne l’imaginait pas aussi ample. 66,1% des suffrages exprimés, même si l’abstention et le vote blanc ont connu des scores élevés, les plus importants depuis 1969 !
Ceci, pourtant, ne gâchera pas le plaisir et la satisfaction de tous ceux qui refusaient de voir la France sombrer dans le repli identitaire, la xénophobie, l’hostilité viscérale envers l’islam et les musulmans, mais aussi les fausses solutions pour sortir l’Hexagone de la crise, du chômage, de la fracture sociale et de la désespérance qui étreint des millions de citoyens de ce pays si proche du Maroc et des Marocains.
Marine Le Pen et son FN n’ont pas réussi à exploiter à leur profit la vague de populisme réducteur qui submerge aujourd’hui une partie de la planète et c’est tant mieux. Parce que les conséquences d’une victoire des rejetons du fascisme abject auraient été incalculables, pour la France elle-même, pour l’Union européenne, pour la Rive Sud de la Méditerranée et bien d’autres régions encore.
De même, les arguties teintées d’un ego sur-dimensionné de Jean-Luc Mélenchon, qui a cru qu’il pouvait jouer à Ponce Pilate alors qu’il s’agissait de battre le Front National, en prônant un « ni, ni » réducteur, ne sauraient relativiser la victoire de M. Macron qui est celle, il faut le dire, de tous les démocrates et de ceux qui considèrent, légitimement, que la République n’est pas faite pour les factieux !
Mais aujourd’hui, alors que le nouveau Président de la République s’apprête à entrer effectivement en fonction, des voix s’élèvent pour prédire un « troisième tour » perdant pour le fondateur d’En marche !, tant il lui serait impossible de réunir autour de sa personne et de son programme une majorité présidentielle aussi forte que stable.
Ceux-là, qu’ils soient de la droite battue à plate couture, ou de la gauche exsangue, de l’insoumission aussi généreuse qu’utopique ou des bas-fonds de l’extrême-droite, se trompent lourdement.
D’abord parce que le phénomène Macron n’est à nul autre semblable dans l’histoire de la Vè République, atypique et porteur d’une dynamique génératrice de succès futurs.
M. Macron avait réuni plus de 24 % des voix sur son nom au premier tour et ce score s’est largement amplifié au second.
On a déjà vu, ensuite, des ralliements spectaculaires comme ceux de Ségolène Royal, Christian Estrosi, Bruno Lemaire, Jean Raffarin, Corinne Lepage, Dominique de Villepin, Manuel Valls, Julien Dray, Bertrand Delanoë, etc.
Ces personnalités viennent de la droite et de la gauche et se retrouvent dans le projet de M. Macron, c’est-à-dire au centre, en un vaste rassemblement libéral et progressiste à la fois, proche de cette social démocratie allemande ou suédoise qui a fait la force et la prospérité des pays adeptes du « juste milieu ».
Tous ces ralliés ne cherchent pas pour autant à rempiler ou à courir les honneurs, même si, sans nul doute, leur démarche n’est pas exempte d’arrières pensées. Ils ont seulement compris qu’une page était tournée, celle de la domination des deux grands partis, gaulliste et socialiste, qui, au cours des trente dernières années, s’étaient succédé au pouvoir sans vraiment satisfaire les attentes des citoyens français.
Et ce que ces femmes et hommes politiques ont compris, parfois à leur détriment, l’électorat français l’a également perçu et cette mobilisation pour Macron et sa nouvelle majorité sera certaine à l’occasion des législatives de juin prochain.
Aujourd’hui, en effet, Les Républicains et le PS s’essaient à sauver les meubles tandis que Marine Le Pen, directement responsable de sa déconfiture, n’a pas encore appris à reconnaître ses erreurs et ne mesure pas encore que la déception qui a touché une partie de son électorat pourrait se transformer rapidement en défiance et défection de ses soutiens populaires, beaucoup plus paumés et adeptes du vote protestataire que militants conscients de l’extrême-droite. Le départ de sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, peut d’ailleurs être perçu comme le début du reflux !
Emmanuel Macron est habité par un projet, qu’il a commencé à concrétiser par sa force morale, sa volonté puissante et sa conviction qu’il était porteur de changement.
Nul doute qu’il est inspiré et que sa voie est dictée par son ambition de réussir à 39 ans ce que d’autres, plus âgés, plus expérimentés, n’ont pu accomplir.
Alors, de grâce, avec ce nouveau Président de la République française, évitons de penser comme avant, selon des schémas, des scenarii, des idées que, justement, Emmanuel Macron a jetés aux orties !
Et gageons qu’il aura, le 18 juin 2017, (second tour des législatives et jour anniversaire de l’Appel de Londres du Général de Gaulle), la majorité dont il a besoin pour gouverner autrement et réussir.
Fahd YATA