C’est donc acté depuis dimanche soir, le Rassemblement National est le premier parti de France. Pour ses dirigeants et ses bataillons d’électeurs, le fameux jour de gloire est donc arrivé. Alors, le pari est-il réussi pour Emmanuel Macron? Rien n’est moins sur, mais tout est possible en politique est on ne connaitra certainement pas le fond ni de la pensée ni de la stratégie du Président français. En revanche, il y a quelques certitudes qui émanent de ces résultats du premier tour des élections législatives françaises.
La première est que la carte des résultats législatifs est sans appel. Rares sont les circonscriptions qui n’ont pas un candidat RN en tête, ce qui de l’étranger sonne comme une lourde sentence, la France bascule à l’extrême droite. Ensuite, si la gauche française n’est pas morte et signe même une belle remontada, elle ne sera semble-t-il pas majoritaire au second tour.
Enfin, le camp présidentiel n’a plus son sort entre les mains, et ce qui paraissait impensable il y a quelques semaines, devient un scenario plausible. Car au soir du second tour, la plus grande surprise serait qu’une majorité absolue soit atteinte par un des trois camps et seuls deux scenarii semblent plausibles.
Dans le premier, la victoire du RN se confirme et il s’agira alors de voir qui à droite, continuera de feindre se boucher le nez et qui cédera aux sirènes du pouvoir, avec une configuration de cohabitation entre un gouvernement tenu par le RN et le Président Macron. Dans le second, la gauche, la droite républicaine gaulliste, peut-être même la majorité présidentielle, améliorent leur score au second tour, grâce peut-être à un nouveau record de participation, et se posera alors la même question de savoir quelle coalition est possible avec une gauche contre laquelle on a aussi appelé à faire barrage. La France peut ainsi vite devenir difficile à gouverner sans majorité claire et surtout solide, et cela peut entrainer la démission du chef de l’État.
Alors, tout cela reste hypothétique en attendant les résultats de dimanche prochain et même après, en fonction de ce que les coulisses produiront comme alliances et revirements de vestes, tant la classe politique a la capacité, comme les chats, à toujours retomber sur ses pattes.
Parce qu’en réalité, les plus grands perdants des élections législatives ne seront pas les élites, politiques entre autres, mais bien les électeurs qui auront voté pour le RN et qui espèrent que quelque chose change. Le réveil sera brutal et la chute douloureuse pour plusieurs raisons. D’abord parce que la France n’est pas la première grande nation occidentale à s’enfoncer dans le populisme et que la montée des extrêmes est surtout la conséquence de la stagnation des économies des pays riches, qui n’ont plus la capacité de maintenir le niveau de vie global de leurs populations dans un contexte où se sont enchainées une pandémie et une crise inflationniste majeure, qui ont fait exploser entre temps l’endettement des pays.
Quoi qu’ils en disent, les dirigeants du RN ne sont pas des magiciens, ils reviendront sur leurs promesses et se justifieront en mettant la faute de leur incapacité sur leurs prédécesseurs. À la limite, ce ne serait pas le premier mandat, de quelque parti, qui n’aura pas tenu ses engagements et les Français ont après tout le droit de choisir ce qui leur convient le mieux, au risque de se tromper, c’est leur droit démocratique. Pour autant, le risque est que cette bascule historique que nous vivons ait un impact plus durable que le mandat politique électif qui en découle.
Vu de l’étranger et du Maroc notamment, la question se pose. La France est-elle devenue raciste? Ou est ce qu’une partie seulement des Français sont racistes? Auquel cas comment savoir lesquels tout en sachant qu’ils sont majoritaires et que surtout ils se défendent de l’être?
Si les préoccupations des votants du RN n’incluaient pas l’immigration, la place de l’islam en France, la viande Halal et tout ce qui peut stigmatiser une communauté minoritaire dans l’hexagone, ils auraient certainement voté à gauche. Ils ne sont peut-être pas racistes, mais ce ne sont pas non plus des humanistes, et ils se passeront bien d’humoristes d’origine maghrébine, d’acteurs et de footballeurs d’origine africaine, où même des bi-nationaux, certainement parce que le préfixe « bi » ne leur plait pas.
Pourquoi ces électeurs écoutent-ils leurs plus bas instincts? Parce qu’on les a convaincu que celui qui est plus pauvre qu’eux ou qui occupe une position dont ils ne veulent même pas, est la source de leur « déclassement ». L’autre tout simplement, qui peut être du coup n’importe qui et qui englobe aussi tout le monde, le défouloir de tous ceux qui se considèrent plus français que leur voisin. Donc oui, c’est bien une forme de racisme, d’obscurantisme même, qui envahit le pays des Lumières, qui apparait aigri, agressif et amnésique de ce qu’il doit à ce qui fut longtemps son empire colonial et qui fait désormais partie de son identité.
Cela aura un impact incommensurable et très probablement définitif sur l’image de la France, révolutionnaire, républicaine, démocratique, humaniste, quitte à paraitre parfois donneuse de leçons. Cela aura un impact sur la francophonie, le business des entreprises françaises dans le monde, le tourisme, les arts et la culture, le sport, la place géopolitique de la France, ses alliances. La France habituée à rayonner, risque de se recroqueviller sur elle-même. Marine et Jordan ne seront pas ou plus au pouvoir, mais c’est là leur vraie victoire.
Zouhair Yata
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