Le président français Emmanuel Macron à l'Elysée le 20 mai 2019 © AFP ludovic MARIN
A deux jours du début des européennes, plusieurs dirigeants ont pris position contre la montée des populismes, dans l’espoir de mobiliser leurs soutiens et de galvaniser la participation à une élection traditionnellement peu mobilisatrice.
Les élections commenceront jeudi au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, deux pays où les forces antieuropéennes ont le vent en poupe.
En France, le président Emmanuel Macron, dont le parti espère rebattre les cartes au centre du Parlement européen, a appelé à « bâtir une grande coalition des progressistes » face à « ceux qui veulent détruire l’Europe par le nationalisme ».
Emmanuel Macron, dont le parti et ses alliés sont au coude-à-coude dans les sondages avec le Rassemblement national de Marine Le Pen, a sonné l’alarme d’un « risque existentiel » de « dislocation de l’Europe », dans un entretien mardi à la presse régionale.
Après un grand rassemblement samedi à Milan sous la houlette du chef de la Ligue italienne Matteo Salvini, l’extrême droite européenne regroupée sous la bannière de l’Europe des Nations et des Libertés (ENL, où siègent la Ligue, le RN, le FPÖ autrichien ou le Vlaams Belang flamand) s’est retrouvée sous pression à la suite du scandale qui a conduit à l’implosion de la coalition droite-extrême droite en Autriche.
La chef de l’extrême droite française Marine Le Pen a dénoncé lundi « une faute lourde » de son allié du FPÖ Heinz-Christian Strache, qui a démissionné de son poste de numéro 2 du gouvernement après une vidéo où il apparaissait prêt à se compromettre avec la Russie.
Leurs opposants politiques se sont immédiatement engouffrés dans la brèche.
L’eurodéputé belge Guy Verhofstadt, chef de file du groupe ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe) qui espère pouvoir s’allier aux partisans d’Emmanuel Macron qui feront leur entrée au Parlement et devenir ainsi la troisième force politique de l’hémicycle, en a profité pour tancer Matteo Salvini.
– « Se battre » –
« Vous et vous amis Strache, Le Pen, Orban et Farage complotent avec et sont payés par Poutine pour détruire », a-t-il accusé sur Twitter.
Il a ensuite « défié » le dirigeant italien en lui proposant un « débat à un contre un ». « Dites-moi où, je serai là! », a-t-il lancé.
A son arrivée à une réunion des ministres des Affaires européennes à Bruxelles, l’Allemand Michael Roth a estimé que le scandale autrichien devrait « être une prise de conscience (…) avant les élections européennes » sur le fait que « les Etats membres de l’Union européenne ne devraient pas être placés dans les mains des nationalistes et des populistes ».
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui doit quitter son poste fin octobre, a appelé à « se battre là où ça vaut le coup de se battre », à l’occasion d’une convention syndicale à Vienne.
« Et c’est la peine de dire clairement pour les prochaines décennies, ainsi que pour les élections européennes à venir, que les syndicalistes, les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates, et les autres, se dressent comme un seul homme quand il s’agit de repousser le danger de l’extrême droite », a-t-il déclaré.
Dès samedi, la chancelière allemande Angela Merkel avait appelé les responsables politiques européens à tenir tête « catégoriquement » aux « courants qui veulent détruire l’Europe ».
Pour Sylvain Kahn de la Fondation Robert Schuman, « la mobilisation de la famille des droites radicales et extrêmes dans cette bataille est en elle-même une nouveauté », alors que jusqu’à présent leurs « nationalismes respectifs » leur faisaient refuser « toute vie politique transfrontialière et supranationale ».
Dans une étude sur la « conversion à l’Europe » des droites extrêmes publiée lundi, il souligne que ces formations politiques ont « d’ores et déjà (…) une influence certaine » sur la vie politique européenne, plusieurs d’entre elles participant ou ayant participé à des coalitions gouvernementales dans l’UE.
LNT avec Afp