Il s’agit là d’une activité qui prend son élan. En effet, l’année dernière, à Agadir, l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture avait organisé la deuxième édition du forum de l’aquaculture. Pour l’organisation, ce fut l’occasion d’entretenir une réelle dynamique auprès des différents acteurs du secteur et mettre en lumière le progrès constant que connaît l’aquaculture à l’échelle nationale comme un secteur inclusif et créateur de richesse et d’emplois stables dans les régions disposant d’un potentiel confirmé.
Cette deuxième édition s’était assignée également un objectif très ambitieux, à savoir celui d’aborder les multiples défis techniques, de commercialisation et d’innovation en vue de croiser les approches et de consolider les actions à envisager pour que ce secteur soit en phase avec les avancées que connait cette activité à travers le monde, tout en s’inspirant des bonnes pratiques dans ce domaine.
Par la même occasion, les participants ont eu la possibilité d’assister à des panels enrichissants pour en apprendre davantage sur la cohabitation profitable entre l’aquaculture et les autres activités, sur la R&D et l’innovation dans les nouvelles technologies accélératrices de la transformation du secteur et les opportunités d’emploi dans le secteur.
Au Maroc et dans le cadre de la nouvelle stratégie Halieutis mettant l’aquaculture au cœur du développement du secteur halieutique au Maroc, 290 projets localisés dans 5 régions à fort potentiel aquacole sont en cours d’installation. Ces projets, ciblant une production de 195.375 Tonnes pour un investissement de 6.765 MDH, prévoient la création de 4.330 emplois directs et indirects.
Riche de ce portefeuille de projets diversifiés, le secteur aquacole national est en train de connaitre une véritable mutation et ancrage dans les régions à fort potentiel où il est appelé à contribuer substantiellement dans l’économie locale et nationale.
C’est ainsi que dans le cadre du nouvel essor du secteur, l’ANDA a lancé, le 2 juin 2021, un Appel à Manifestation d’Intérêt pour la réalisation de nouveaux projets aquacoles et à l’issue duquel 100 projets ont été retenus pour une production prévisionnelle de 100 000 Tonnes/an. Ces projets concernent les régions de Dakhla-Oued Eddahab, Guelmim-Oued Noun, Souss-Massa, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et l’Oriental.
Par ailleurs, cinq nouveaux plans d’aménagement aquacole régionaux sont réalisés au niveau des régions de Guelmim-Oued-Noun, de Laâyoune Sakia El Hamra, de Casablanca-Settat, de Marrakech-Safi et de la lagune de Marchica. Ces plans d’aménagement aquacole ont fait ressortir un potentiel aquacole dépassant les 8 000 hectares.
Pour accompagner efficacement les porteurs de projets, en particulier les jeunes entrepreneurs et les coopératives des marins pêcheurs, le Département de la Pêche Maritime (DPM) et l’Agence Nationale de Développement de l’Aquaculture ont mis en œuvre un programme d’appui financier et technique au profit de 116 projets aquacoles à caractère social. Ces projets ont mobilisé un investissement de l’ordre de 129 MDH (apport du Département de la Pêche Maritime). Les projets aquacoles portés par les jeunes entrepreneurs et les coopératives de pêcheurs artisans de la Région, bénéficieront d’une prime d’investissement à hauteur de 20% du montant de l’investissement plafonnée à 2 MDH pour chaque projet.
Quant aux projets de plateformes, la prime à l’investissement est de l’ordre de 20% de l’investissement de chaque projet (plafonné à hauteur d’1,2 MDH). Par ailleurs, le Département de la Pêche Maritime et le Conseil régional de la région de Souss Massa se sont engagés à appuyer un projet de Pôle aquacole à Tiguert, région de Souss Massa, à hauteur de 10 MDH chacun.
Ce projet, dont l’investissement total s’élève à 38 MDH, porte sur l’installation d’unités de conditionnement et de valorisation des moules d’élevage. Ce programme d’appui technique et financier à finalité d’inclusion sociale est accompagné d’un plan de renforcement des capacités des porteurs de projets. En effet, un programme de formation, théorique et pratique, au métier d’aquaculteur, qui cible les jeunes entrepreneur(e)s ainsi que les membres de coopératives, a été lancé par l’ANDA, en partenariat avec le Département de la Pêche Maritime, ce qui a permis la mise en place de trois fermes pédagogiques à Dakhla, Agadir et Ras Al Ma (Nador).
Cette action a été renforcée par le lancement d’un projet d’appui au développement des métiers d’aquaculture au Maroc porté par le DPM, l’ANDA et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO) pour un montant total de 2,5 millions de dollars, financés par les ambassades du Royaume de Norvège et du Royaume des Pays Bas au Maroc. Ce projet prévoit l’installation d’une station de démonstration et de formation pour la pisciculture à Sidi Ifni.
Parallèlement à cette ouverture des espaces pour l’investissement, l’activité de l’aquaculture sera dotée de sa propre interprofession halieutique, et ce, dans le cadre de la loi 12-03 portant organisation des fédérations interprofessionnelles agricoles et halieutiques.
Selon les prévisions de l’ANDA, l’économie des océans se positionnera comme la 7ème «puissance» mondiale à l’horizon 2030, et devrait générer une richesse globale de trois milliards de dollars annuellement.
Autrement dit, les espaces marins sont en effet l’une des sources incontournables de développement économique, où l’aquaculture dispose d’un grand potentiel pour devenir la biotechnologie bleue dans l’avenir, dit-on auprès des analystes, ajoutant que la stratégie Halieutis lancée par le Souverain en 2009 place l’aquaculture au cœur de la politique de développement du secteur halieutique national et connaît aujourd’hui une mutation importante, grâce aux différents projets et chantiers lancés à travers les côtes marocaines.
La planification maritime, la Recherche et l’innovation, la formation et le renforcement des capacités, l’Appui au tissu d’opérateurs privés aquacoles.la croissance bleue, la préservation de l’environnement marin et la maîtrise des nouvelles technologies sont autant de challenges à prendre au sérieux pour faire de l’Aquaculture un véritable levier de développement de clusters côtiers.
Hassan Zaatit