Crédit photo : Ahmed Boussarhane/LNT.
À Tinzouline dans la région aride de Zagora, au sud-est du Maroc, l’eau est devenue une ressource si rare que les habitants doivent compter sur l’arrivée sporadique d’un camion-citerne pour s’approvisionner en eau potable. Cette scène, autrefois exceptionnelle, est désormais le quotidien de nombreuses familles, confrontées à une crise hydrique de plus en plus insoutenable.
Les habitants de Tinzouline, une région déjà marquée par un climat désertique, subissent les effets du changement climatique, de la surexploitation des ressources en eau et de la sécheresse prolongée. Les nappes phréatiques, autrefois sources de vie pour cette région agricole, sont aujourd’hui épuisées, et les puits qui alimentaient les foyers sont à sec. La situation est telle que le gouvernement a dû mettre en place des distributions d’eau via des camions-citernes pour éviter une catastrophe humanitaire.
Chaque jour, des dizaines de personnes, bidons et seaux à la main, attendent patiemment sous un soleil de plomb l’arrivée du camion-citerne. Pour beaucoup, c’est l’unique source d’eau potable, et ils ne peuvent se permettre de rater cette distribution. « On attend parfois des heures, et même quand le camion arrive, l’eau ne suffit pas toujours pour tous », racontent les habitants de région. L’eau distribuée doit non seulement subvenir aux besoins domestiques de la famille, mais aussi être utilisée avec parcimonie pour les animaux et les quelques cultures encore en vie.
L’attente de ce camion-citerne symbolise le désespoir et l’incertitude qui pèsent sur la région. Les habitants ne savent jamais quand ils seront servis, ni si l’eau sera en quantité suffisante. « C’est une lutte quotidienne », affirme un agriculteur local. « Nous avons toujours vécu dans une région aride, mais jamais la situation n’a été aussi critique. Nos cultures souffrent, notre bétail meurt, et nous-mêmes peinons à trouver de l’eau pour boire. »
La crise hydrique dans la région de Zagora a également des répercussions sociales. De plus en plus de jeunes quittent la région, attirés par la promesse d’une vie meilleure ailleurs, où l’eau ne manque pas. Cette migration rurale aggrave le déclin des communautés locales, menaçant de transformer la région en une terre abandonnée.
Le gouvernement et la société civile tentent de trouver des solutions à cette crise. Des projets de dessalement, d’irrigation goutte-à-goutte et de sensibilisation à la gestion rationnelle de l’eau sont en cours, mais les résultats se font attendre. En attendant, les habitants de Tinzouline continuent de scruter l’horizon, espérant voir apparaître ce camion-citerne qui, pour eux, est devenu synonyme de survie.
Face à une telle crise, l’attente de l’eau devient une métaphore poignante de la résilience des habitants de Tinzouline, qui, malgré tout, continuent de se battre pour leur existence dans une région où la nature semble de plus en plus implacable.
Ayoub Bouazzaoui