De la verticalité à l’horizontalité…
De tous temps, les humains se sont organisés en groupe, en communauté et en États pour faire face à l’adversité de la vie et pour collaborer afin de mieux tirer partie des individualités de chacun tout en réduisant les risques de conflits et de tensions entre eux.
Avec l’augmentation des populations, certaines formes d’organisation ont pris le dessus sur d’autres.
Ainsi, la structure hiérarchique verticale, longtemps dominante (tribus avec des clans et des chefs, régimes féodaux, dictatures, etc.) a progressivement laissé place à une structure plus horizontale avec des régimes plus démocratiques et consensuels.
Cependant le fonctionnement de ces derniers est loin d’avoir atteint un optimum. C’est là raison pour laquelle ils sont constamment remis en question !
La notion de démocratie elle-même est intimement liée à la possibilité de corrompre ou non les représentants des populations : plus un régime sera corrompu et moins la démocratie sera efficace.
Aujourd’hui, avec le développement de la technologie (Internet, objets connectés, smartphones, Intelligence Artificelle,, etc.) de nouveaux modèles d’organisations sociales plus horizontales comme l’économie collaborative et l’ubérisation ont émergé.
La Blockchain peut « horizontaliser le monde » en permettant la mise en place durable des nouveaux modèles socio-économiques qui encouragent ces nouvelles valeurs émergentes que sont la collaboration, le partage et l’open source, tout en réduisant ou éliminant les possibilités de corruption et de fraude !
Nous avons vu, en introduction de ce dossier spécial, que pour que ces modèles fonctionnent vraiment dans la durée, il était nécessaire de rétablir la confiance entre les individus et en les institutions (publiques et privées).
La Blockchain, avec la puissance de sa technologie décentralisée et sécurisée, ses smart contracts, ses tokens numériques et ses crypto-monnaies, promet de nous rapprocher encore plus du concept de vraie démocratie, plus directe et plus participative.
Cette technologie révolutionnaire peut grandement aider à améliorer le processus démocratique dans les pays à travers deux axes majeurs : le vote en ligne sécurisé et transparent et le contrôle des dépenses publiques.
Sécuriser le vote en ligne
Au Maroc et en France, pour ne citer que ces deux pays, les jeunes sont beaucoup moins nombreux à se rendre aux urnes pour voter que leurs ainés.
La faible confiance en leurs dirigeants ne semble pas être la seule raison pour expliquer cette situation déplorable.
De très nombreux jeunes n’ont pas voté simplement pour des raisons pratiques : procédures administratives pas assez simplifiées, lieu du vote difficile d’accès, pas le temps de se déplacer, etc.
Le vote en ligne, en résolvant ces problèmes simples, viendraient élargir la base des votants et permettrait, de facto, de redonner un sens aux élections et au processus démocratique.
Un sondage d’Harris Interactive pour la France, publié fin octobre, révèle un chiffre assez révélateur sur l’utilité d’une mise en place d’un vote en ligne :
« 58 % des abstentionnistes lors des précédents scrutins indiquaient qu’ils auraient “certainement” ou “probablement” voté par Internet s’ils en avaient eu la possibilité. Ce chiffre s’élevait à 79% chez les 18–24 ans ! »
Plusieurs pays ont déjà essayé d’implémenter le vote en ligne mais sans succès jusqu’à présent car le système n’est pas encore jugé suffisamment sécurisé.
La bonne nouvelle c’est que la Blockchain offre désormais cette garantie de sécurité !
En effet, comme nous l’avons vu dans les articles précédents, cette technologie est sûre et infalsifiable.
Elle est donc un outil de confiance très puissant qui permettrait aux institutions publiques d’organiser des votes sécurisés et transparents pour leurs citoyens.
Plus besoin d’ONG internationales pour surveiller les élections et s’assurer qu’elles se sont bien déroulées !
Les résultats, auditables par tous, ne peuvent être modifiés a posteriori ! Ce qui offre aux citoyens une sécurité de plus qui leur assure que leur vote ne sera pas confisqué par quelques personnes ou groupes malintentionnés.
Plusieurs startups maitrisant la technologie Blockchain comme BitCongress ou encore FollowMyVote se positionnent aujourd’hui pour aider les gouvernements qui le veulent à mettre en place ce type de vote en ligne ultra sécurisé et transparent !
A noter que ce passage vers un vote 100 % numérique, comporte malgré tout, certains risques et qu’une approche hybride serait préférable dans un premier temps…
Lutter contre la corruption !
L’autre axe majeur où la Blockchain peut aider à améliorer le processus démocratique est la lutte contre la corruption !
L’Ukraine, pays où la population est divisé depuis longtemps à propos des liens qu’il faudrait entretenir avec la Russie et l’Union Européenne, la corruption a grandement empêché ce peuple de trancher sur la question.
Pour ne plus avoir à subir les méfaits de la corruptibilité de ses hommes, ce pays, par la voie de son ministre des finances, Mr Alexander Danilyuk, a décidé de faire appel à la Blockchain !
Ce dernier a présenté sa vision d’une Ukraine transparente et résolument tournée vers l’avenir avec un système de gestion des biens publiques utilisant la technologie Blockchain.
E-Auction, la première solution qui sera déployée, est une plateforme de vente aux enchères de biens publics (fonciers, biens immobiliers, etc.) qui garantira la transparence du processus de privatisation.
« Nous aimerions que l’Ukraine soit le premier pays au monde à utiliser la Blokchain dans la vente d’actifs de l’État: pour les vendre de manière transparente à la fin de l’année », a-t-il affirmé.
Le courageux ministre ne compte pas limiter l’utilisation de la blockchain au seul secteur de la privatisation des biens publiques. Il veut aussi introduire celle-ci dans le système bancaire de la Banque Nationale Ukrainienne.
« Nous voulons qu’il n’y ait plus de place pour la corruption dans notre pays. Et je crois que la Blockchain offre de telles opportunités. »
L’expérience ukrainienne ainsi que celles tous les pays qui testeront et déploieront la technologie Blockchain au sein de leurs institutions publiques seront donc très intéressantes à suivre pour voir si cette dernière peut aider à rendre les pays plus démocratiques et plus transparents.
Le Royaume-Uni semble d’ailleurs très bien parti pour être aussi parmi les pays pionniers dans l’adoption de cette technologie.
Un extrait d’un rapport majeur sur la Blockchain réalisé par le « Government Office for Science » britannique révèle leurs ambitions sur l’usage de cette technologie :
« Les technologies de registres distribués ont le potentiel d’aider les gouvernements à collecter des taxes, à délivrer des prestations, des passeports, à enregistrer des titres fonciers, à assurer la chaîne d’approvisionnement de produits, et de façon générale à assurer l’intégrité des registres et services gouvernementaux. »
Bitnation, premier état virtuel issu de la Blockchain !
Pour illustrer jusqu’à quel point la Blockchain pouvait pousser le processus de gouvernance décentralisée et transparente dans ses limites, je ne pouvais m’empêcher de vous parler de Bitnation, le premier État virtuel entièrement sous Blockhain !
Imaginé et conçu par Suzanne Tarkowski Tempelhof, une jeune anarchiste qui ne croit plus en un Etat bienveillant et démocratique.
En se questionnant sur l’utilité des Etats-Nations en tant qu’organe de contrôle et de cohésion sociale, la jeune néerlandaise d’origine polonaise a eu l’idée d’utiliser le champ des possibles de la Blockchain pour concevoir BitNation, un idéal étatique fait de dématérialisation et d’abrogation de contraintes institutionnelles.
Son principe ? » au lieu de se battre à changer des institutions dépassées, créons plutôt de nouvelles en accord avec notre temps ! »
Il est très difficile de résumer en quelques lignes ce concept utopiste mais techniquement réalisable.
Je vous conseille donc plutôt de lire cet article très intéressant du site Imaginer demain ou de regarder cette interview très intéressante de Russia Today.
Les pays ayant la volonté politique d’améliorer leur processus démocratique ont aujourd’hui un outil technologique très puissant, la Blockchain.
Décentralisée, sécurisée et auditable, la Blockchain suscite un immense espoir car elle peut aider les peuples à exiger de leurs dirigeants une meilleure gouvernance avec plus de transparence et de collaboration avec les citoyens.
Est-il besoin cependant de rappeler que la Blockchain n’est pas une baguette magique mais seulement un outil ?
Sans la bonne volonté et la coopération des humains, aucune avancée bénéfique ne pourra se faire avec cette technologie…
Espérons seulement que les pays qui en feront bon usage les premiers serviront d’exemples pour que d’autres par la suite puissent les suivre…
Omar Amrani.