Le président du Conseil européen Donald Tusk (g) et le président américain Donald Trump, le 25 mai 2017 à Bruxelles © AFP THIERRY CHARLIER
Les divergences entre Bruxelles et Washington sur la Russie et la question du commerce international ont marqué jeudi la première rencontre très attendue du président américain Donald Trump avec les plus hauts dirigeants de l’UE.
« Je ne suis pas sûr à 100% que l’on puisse dire aujourd’hui, Monsieur le Président et moi-même, que nous avons une position commune, une opinion commune au sujet de la Russie », a déclaré après la rencontre le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui représente les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 pays de l’UE.
M. Tusk avait accueilli plus d’une heure avant le président américain dans un bâtiment du Conseil, où des drapeaux américains avaient été dressés aux côtés de la bannière bleue étoilée de l’Union et de celles de ses 28 membres.
Les deux hommes ont ensuite été rejoints par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, puis une réunion élargie a eu lieu avec notamment le président du Parlement européen Antonio Tajani et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
« Nous avons discuté de politique étrangère, de climat et de relations commerciales », a expliqué M. Tusk. « Mon sentiment est que nous sommes d’accord sur de nombreux sujets, en premier lieu et surtout sur le contre-terrorisme », a-t-il dit.
Mais « certaines questions restent ouvertes comme le climat et le commerce », a ensuite admis M. Tusk, avant d’aborder sans détour la question de l’absence de position commune sur la Russie, même si « quand il s’agit du conflit en Ukraine, il semble que nous soyons sur la même ligne ».
« La plus grande tâche aujourd’hui est la consolidation du monde libre tout entier autour de ces valeurs, et pas seulement autour d’intérêts », a plaidé le président du Conseil.
« Cela a été une bonne discussion, cordiale et amicale », a indiqué de son côté une porte-parole de la Commission européenne après la rencontre, saluant « une première occasion de faire connaissance ».
– Le Brexit sur la table –
Le président Juncker « a insisté sur l’intensification de la coopération commerciale qui est une situation gagnant-gagnant pour les deux parties », a ajouté la porte-parole.
Il a été « décidé de travailler sur un plan d’action commun sur le commerce », a-t-elle précisé, alors que le protectionnisme affiché par Donald Trump est un sujet de crispation pour les Européens, inquiets d’une remise en cause des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
La question du Brexit a également été abordée jeudi, selon un participant à la réunion. « Les Américains ont exprimé leur inquiétude que des emplois aux Etats-Unis puissent être perdus en raison du Brexit », a rapporté une source européenne.
Sur une courte vidéo diffusée par les institutions européennes montrant le début de la rencontre de jeudi, on entend M. Tusk dire à M. Trump: « Vous savez monsieur le président que nous avons deux présidents dans l’UE? ». « Oui, je le sais », répond M. Trump. « Il y en a un de trop », plaisante ensuite M. Juncker.
Cette première rencontre de M. Trump avec les dirigeants de l’UE est intervenue dans un contexte d’incertitudes sur la politique européenne du nouvel hôte de la Maison Blanche, qui a soufflé le chaud et le froid sur Bruxelles ces derniers mois.
Quelques jours avant sa prise de fonction, il avait notamment prédit que « d’autres pays (allaient) quitter » l’UE en suivant l’exemple de Londres et du Brexit.
Le président américain s’est plus tard ravisé en félicitant les Européens pour leur gestion du départ programmé du Royaume-Uni.
« J’aurais pensé, quand cela s’est produit, que d’autres (pays) suivraient, mais je pense vraiment que l’UE est en train de se ressaisir », a-t-il estimé début avril, tout en maintenant que le Brexit restait « une très excellente chose pour le Royaume-Uni et une très, très bonne chose aussi pour l’UE ».
Parmi les autres sujets de friction entre l’UE et les Etats-Unis, le plus récent concerne l’interdiction envisagée par les Etats-Unis des ordinateurs portables et autres tablettes en cabine à bord des avions en provenance d’Europe.
LNT avec Afp