SM le Roi adresse un discours à la Nation à l'occasion du 69-ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple
Sa Majesté le Roi Mohammed VI a tenu deux discours aux portées majeures au courant de cet été et bien que la période estivale soit propice à la déconnexion, ceux-ci ont été traditionnellement très suivis et surtout très commentés.
Le premier discours, celui de la Fête du Trône, a réintroduit dans le débat public le sujet de la place de la Femme marocaine dans la société. Avec force et précision, le Souverain a martelé la nécessité de donner aux femmes les capacités de leur émancipation au profit de tout le pays. Appelant de ses Vœux une révision de la Moudawana et faisant référence au corpus de la Constitution de 2011, le Roi Mohammed VI ouvre la voie à un approfondissement des solutions. Pourtant, ce sont bien les problèmes, sous forme de réticences idéologiques, théologiques ou purement machistes, qui ont émergé avec le plus de virulence dans les réactions de l’opinion publique. La réalité des disparités légales et économiques entre hommes et femmes apparait de manière cinglante mais, c’est surtout l’aspect social qui inquiète le plus. Les mentalités misogynes sont profondément ancrées et toute personne, femme ou homme, qui se prétend ouvert à une forme d’égalité ou d’équité entre les deux sexes, prend le risque de l’anathème. Pourtant, les lignes bougent, la société marocaine, par sa jeunesse notamment, fortement exposée sur les réseaux sociaux à d’autres modèles, évolue bon an mal an, ce que le discours du Roi sanctionne positivement. Il faut avancer avec ceux qui le veulent, sans galvauder notre culture et nos spécificités, mais avec la volonté ferme de lutter contre le patriarcat, le harcèlement, la vraie « hogra » que nos femmes, sœurs et mères subissent au quotidien.
Le second discours du Souverain, à l’occasion récente des célébrations de la Révolution du Roi et du Peuple, est quant à lui tourné vers l’extérieur avec des thématiques tenants de la géopolitique régionale et mondiale. La question du Sahara occidental marocain en est au cœur avec des messages cristallins pour les Chancelleries de Paris et d’Alger amenées à se rencontrer prochainement. Le Maroc n’a pas d’autre préoccupation que son intégrité territoriale et c’est l’unique spectre par lequel est mesurée la collaboration de notre Nation avec ses partenaires et alliés. Ainsi, preuve s’il en est d’une action murement coordonnée et de longue haleine, après Madrid, Berlin, Washington et Tel-Aviv, le Maroc indique haut et fort ses intentions et insiste sur les principes qui actionnent sa diplomatie. Les tensions récentes avec la France, largement documentées sur les réseaux sociaux, issues en partie des refus multiples et à la volumétrie inédite, des demandeurs de Visas marocains par les autorités françaises, trouvent écho dans ce discours qui ne tolère aucune condescendance envers le Maroc.
Dans ce contexte, il n’est pas anodin que le Souverain ait dédié un pan conséquent de son intervention à la communauté des Marocains résidents à l’étranger. Appelant de ses vœux une refonte complète des institutions qui les représentent, le Roi Mohammed VI émet un appel à contribution de nos compatriotes au développement de notre pays. Bénéficiant de contextes, d’expériences, de connaissances et d’expertises éprouvés à l’international, notre diaspora est en mesure de faire la différence. Du fait de leurs parcours internationaux, les Marocains du Monde peuvent aider en particulier à relever les lacunes pour ne pas dire les carences des chantiers auxquels le Maroc fait face, de l’éducation à la santé en passant par la justice, la lutte contre la corruption, l’efficience administrative, notamment parce que leurs référentiels sont différents. Ce ne sera pas une tâche aisée, ni une affaire de court-termisme, mais le Maroc a besoin de toutes les énergies pour avancer.
En définitive, force est de constater que c’est une nouvelle fois l’implémentation des orientations royales par les responsables politiques qu’il faudra mesurer et sanctionner, parce que de l’impulsion à l’action, le chemin reste long et l’autre rive parait bien trop souvent inatteignable. Le citoyen marocain, souvent prompt à relever les paradoxes et les manquements de notre pays à juste titre, a également une forte responsabilité individuelle, un effort d’exemplarité, de civisme, de savoir-vivre, qu’il serait grand temps qu’il assume pleinement. Ainsi, nous ne laisserions à ceux qui nous gouvernent que peu d’arbres derrière lesquels ils peuvent cacher l’échec de leurs actions.
Zouhair Yata