Jeudi 18 janvier s’est tenue à Rabat une conférence de presse à l’invitation de M. le Ministre des Finances Mohamed Boussaid et de M. le Gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, au sujet de la réforme de la cotation du dirham et sa flexibilité.
Les conférences de presse de la Banque centrale, en marge de ses conseils trimestriels, ont toujours été pour les journalistes une occasion privilégiée d’écouter M. Jouahri, un véritable pédagogue qui ne se contente pas de commenter les raisons qui déterminent sa politique monétaire en nous faisant une analyse exhaustive de l’économie mondiale.
C’est le même M. Jouahri qui, dans son rapport annuel à Sa Majesté le Roi, fait une étude objective de l’économie de notre pays et en propose les axes importants de son développement, mettant le doigt sur les dysfonctionnements, les politiques à mettre en place et les risques encourus.
C’est aussi le même M. Jouahri, Wali de BAM depuis 2003, soit 15 ans, qui en a fait une autorité des plus efficaces pour son pays, mais aussi reconnue, appréciée et respectée au niveau international.
M. Jouahri a d’ailleurs reçu en octobre dernier le prix du « Meilleur gouverneur de banque centrale au monde », décerné par le magazine spécialisé américain « Global Finance ».
Le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, a, en effet, figuré dans le classement des meilleurs gouverneurs de banques centrales, au « Central Banker Report Cards 2017 », un classement annuel établi par le magazine. Il a obtenu la note « A », qui équivaut à la mention « performance excellente ».
Ce classement qui prend en compte les résultats en matière de contrôle de l’inflation, de croissance économique, de stabilité monétaire et de gestion des taux d’intérêt, évalue depuis 1994 les performances des gouverneurs de 83 pays clés en plus de l’Union européenne.
Rappelons que dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, (MENA), M. Abdellatif Jouahri est le seul, avec les gouverneurs des banques centrales du Liban et d’Israël, à avoir réussi à se hisser au top de ce classement mondial.
Enfin, le Gouverneur de notre Banque centrale, dont on peut continuer à vanter les qualités et les mérites, a été véritablement un grand stratège si l’on se réfère à la réforme de la flexibilité du dirham qu’il défend aujourd’hui après l’avoir pensée, projetée et réalisée d’une main de maître.
Mais, lors de la conférence de presse évoquée plus haut, en présence du Ministre des Finances M. Boussaid, M. Jouahri s’est vu interpeler et houspiller par un journaliste qui lui reprochait de ne pas lui accorder la parole pour la seconde fois, allant jusqu’à lui donner des recommandations sur sa façon de mener la conférence qu’il présidait.
Pourtant, ce monsieur faisait partie des privilégiés installés autour de la table en face de ses interlocuteurs officiels.
Il a eu, en outre, la parole en priorité quand d’autres journalistes, exclus du tour de cette table trop petite pour accueillir tous les journalistes présents, n’ont pas eu cette chance.
Une chose anormale au demeurant puisque tous les journalistes sont supposés avoir bel et bien été invités par les équipes de la communication de BAM, et auraient dû en conséquence être placés au même rang que les autres.
Ou alors, au minimum, la parole n’aurait pas dû être distribuée aux seuls journalistes assis autour de la table, mais grâce à un « micro baladeur » à tous ceux physiquement isolés par un mur de photographes…
De plus, le journaliste en question ne semblait pas se préoccuper de l’image qu’il projetait de notre presse nationale en maltraitant ainsi devant des confrères étrangers une personnalité aussi vénérable que respectée.
Certes, Bank Al-Maghrib se doit d’inviter l’ensemble de la presse nationale, mais le sujet de la flexibilité du dirham étant technique comme l’a précisé le ministre des Finances, cela mérite sans doute qu’une priorité soit accordée à la presse économique et financière pour en débattre de façon aussi policée que constructive, ce qui n’exclut ni les critiques, ni les questions pertinentes, mais exige, à tout le moins, une certaine éducation et la perception par les uns et les autres de leurs rôles et places respectifs…
Car cette presse spécialisée existe dans notre pays et, grâce aux portails électroniques, est lue à l’international, contribuant ainsi à la dissémination d’une information pertinente et responsable, mais aussi au rayonnement de l’image du Maroc.
Cela, surtout que la flexibilité du dirham marque un tournant dans notre pays qui ne se ramène pas, heureusement d’ailleurs, à la simple « éventuelle détérioration du pouvoir d’achat des Marocains », la seule question ayant fait l’objet des réponses de Messieurs Boussaid et Jouahri jeudi dernier.
Le moindre que l’on puisse conclure, c’est que les conférences de BAM méritent plus de sérieux et d’intérêt.
Parce qu’en sortant de cette dernière, l’on ne pouvait que s’interroger, comme la chanson, « est-ce que le monde est sérieux ?
Afifa Dassouli