La Fédération Démocratique du Travail (FDT) reproche au gouvernement de n’avoir pas pris, jusqu’à présent, »aucune mesure concrète’’ pour relancer le dialogue social et son institutionnalisation, a affirmé le secrétaire adjoint de cette centrale syndicale, Sadek Rghioui.
« Le gouvernement précédent, qui a avorté le dialogue social, a fait rater au Maroc une précieuse occasion après des avancées importantes réalisées par les partenaires sociaux en la matière à partir de la fin des années 1990 faisant du Royaume un modèle dans le monde arabe », a-t-il ajouté dans un entretien à la MAP, à l’occasion de la rentrée sociale.
Selon M. Rghioui, la FDT « attend toujours la mise en œuvre du contenu du dernier discours royal afin d’ouvrir un dialogue sérieux et responsable autour des revendications urgentes de la classe ouvrière marocaine dans tous les secteurs ».
Il a ajouté que la FDT souhaite l’ouverture d’un dialogue au sujet de chaque dossier sectoriel et au niveau de la fonction publique, outre la prise en considération de cet aspect dans la préparation de la loi de finances 2019, afin de répondre aux attentes des travailleurs et l’amélioration de leurs conditions matérielles et la consolidation de leurs acquis juridiques.
Au sujet de la tenue d’une rencontre sur l’emploi et la formation à laquelle SM le Roi a appelé lors de son discours à la Nation à l’occasion du 65-ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, M. Rghioui a estimé que la question de l’emploi des jeunes et du chômage doit être abordée dans un cadre global, dans le souci de répondre aux besoins du marché du travail.
Il a, en outre, plaidé pour la création de nouvelles filières de formation professionnelle pour les métiers d’avenir, de manière à encourager l’investissement au Maroc, tout en procédant à la simplification des procédures dans ce domaine et en veillant au respect des conventions internationales relatives aux droits de la classe ouvrière.
Évoquant les revendications des centrales syndicales, M. Rghioui a fait observer que celles-ci ont, maintes fois, insisté sur le fait que nombre de mesures et de revendications ne nécessitent guère la mobilisation de fonds, mais une « volonté politique réelle », la mise en œuvre des dispositions de la constitution et la prise en considération des mutations juridiques et sociales au niveau international.
Il a, à cet égard, cité les libertés syndicales, l’institutionnalisation du dialogue social afin qu’il ne dépende plus de « l’humeur du gouvernement » et la révision du statut de la fonction publique.
Aux yeux du dirigeant social, les relations entre les syndicats et le patronat varient selon les cas, en ce sens qu’il existe des entreprises citoyennes respectant les droits et les lois en vigueur, »ce que nous encourageons vu qu’il contribue à la paix sociale ». Tandis ce que d’autres sont complètement aux antipodes, »ce qui nécessite la mobilisation de la classe ouvrière afin de garantir ses droits et, par conséquent, contribuer à la promotion de l’économie nationale et à la stabilité sociale ».
De son côté, la Confédération démocratique du travail (CDT) attend du gouvernement l’exécution des orientations royales portant sur l’ouverture du dialogue social avec les partenaires sociaux, a souligné le secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), Abdelkader Zair.
« Le Discours du Trône, qui illustre l’intérêt particulier que porte SM le Roi Mohammed VI aux préoccupations de la classe ouvrière, a lancé un appel au gouvernement pour ouvrir et faire réussir le dialogue social avec les syndicats », a considéré M. Zair dans une interview à la MAP à l’occasion de la rentrée sociale.
La CDT est « prête » à reprendre le dialogue et une lettre sera adressée au chef du gouvernement autour de la tenue d’une rencontre tripartite, incluant le patronat représenté par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a insisté le responsable syndical.
« Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucun signal nous assurant que les Hautes orientations royales seront exécutées », a-t-il, cependant, fait observer.
« Les salariés attendent avec impatience la rentrée sociale. La situation sociale actuelle est intenable, compte tenu des conditions financières difficiles des familles due à la coïncidence des vacances d’été avec la fête du sacrifice et la rentrée scolaire », a expliqué M. Zair, ajoutant que cette succession d’événements engageant des dépenses particulières a poussé de nombreux ménages à l’endettement.
L’atmosphère sociale « aurait pu être différente si les revendications des salariés étaient satisfaites », a-t-il poursuivi, notant que « répondre aux revendications matérielles des salariés ne profite pas uniquement à la classe ouvrière mais aussi à l’économie du pays ».
Abordant les dossiers prioritaires de la CDT lors du prochain round du dialogue social, M. Zair a estimé que « la priorité consiste en l’amélioration des revenus de la classe ouvrière », en procédant à une augmentation générale d’au moins 600 DH et à une majoration de 10% du SMIG, ainsi qu’à la révision des statuts de certains corps professionnels, comme les ingénieurs, les techniciens et les infirmiers.
La satisfaction de ces revendications « contribuera indubitablement à la redynamisation de l’économie nationale et à la rendre plus productive grâce à la demande intérieure ».
La CDT va, surtout, plaider pour le respect des libertés syndicales, en raison des intimidations contre de nombreux travailleurs et des poursuites engagées contre d’autres. Le cahier revendicatif du syndicat comporte aussi la révision des lois régissant la fonction publique et la mise en œuvre de l’accord paraphé avec le gouvernement de Abbas El Fassi.
Après avoir considéré qu’au cours des dernières années, de nombreuses lois ont été adoptées « unilatéralement », à leur tête la réforme de la retraite, il a estimé que « l’absence de la concertation est contraire à l’esprit et à la volonté de trouver des solutions pratiques aux problématiques posées et de parvenir à un compromis social ».
Évoquant l’évolution des relations entre employeurs et salariés, M. Zair a soutenu que « depuis 1996, les relations ont connu une amélioration sous forme d’une reconnaissance du travail syndical et de la participation au dialogue social ainsi que la réalisation de certains objectifs de façon tripartite, dont l’élaboration du nouveau code de travail moderne, considéré comme modèle au niveau du monde arabe ».
« Notre objectif majeur est d’assurer la continuité et la pérennité de ce travail collectif fructueux », a-t-il insisté, faisant remarquer que « si une partie des employeurs est consciente de l’importance de maintenir des relations saines avec les centrales syndicales, d’autres employeurs n’ont malheureusement pas cette conscience et voient d’un mauvais œil l’action syndicale ».
A propos du dialogue social au Maroc, M. Zair a rappelé que la grève générale lancée en juin 1996 a abouti à une déclaration commune qui a constitué »un tournant dans l’histoire sociale du Maroc » en instaurant une culture du dialogue social tripartite, ajoutant que depuis, les négociations se tiennent en deux sessions par an (avril et septembre).
« Les rounds de négociation avec les gouvernements précédents ont été généralement couronnés par des résultats positifs, comme en témoigne la signature de quatre ou cinq accords, mais avec l’actuel gouvernement on a malheureusement rien vu encore », a ajouté M. Zair qui reproche à l’exécutif de « chercher à gagner du temps et à bloquer le dialogue social tripartite, en fixant individuellement les points à l’ordre du jour et en évitant les dossiers prioritaires liés aux salaires et aux rémunérations ».
LNT avec Map