Durant l’année 2024, les efforts des services de la Sûreté Nationale ont permis de démanteler quelque 123 réseaux criminels s’activant dans l’organisation de l’immigration illégale et le trafic d’êtres humains, soit une hausse de 2% par rapport à 2023.
Dans son bilan annuel au titre de l’année 2024, la DGSN a fait état de l’interpellation de 425 organisateurs et intermédiaires d’opérations de migration, la saisie de 713 faux titres de voyages et l’avortement de tentatives de migration de 32.449 candidats, dont 9.250 ressortissants étrangers.
L’année en cours a aussi été marquée par un nouveau mode opératoire criminel en relation avec la migration illégale, consistant à poster sur les réseaux sociaux des appels incitant à l’immigration collective. Les opérations policières menées ont permis d’identifier 65 instigateurs, dont 41 ont été interpellés et déférés devant la justice en état de détention, et quatre autres ont fait l’objet d’enquêtes judiciaires et leurs dossiers ont été déférés devant la justice. Des avis de recherche au niveau national ont été émis à l’encontre de 11 personnes présumées impliquées dans l’incitation à ces actes criminels.
Par ailleurs, les infractions liées à la cybercriminalité, à l’extorsion et au chantage sur Internet ont augmenté de 40% avec 8.333 affaires, alors que le nombre de contenus associés au chantage détectés a atteint 3.265, le nombre de mandats internationaux dans le cadre de ces affaires s’est chiffré à 956, tandis que le nombre de personnes interpellées présentées devant la justice pour ce type de délits a atteint 563.
Les affaires de sextorsion à l’aide d’outils informatiques ont marqué un recul notable de 23% avec 391 affaires, qui se sont soldées par l’interpellation de 163 individus impliqués dans la perpétration de ces actes criminels ayant ciblé 394 victimes, dont 123 étrangers.
Dans la même veine, la plateforme « E-blagh », dédiée aux signalements par les citoyens des infractions commises sur Internet, a reçu, depuis sa mise en service en juin 2024, un total de 12.614 signalements qui ont été traitées conformément à la loi.
Il s’agit d’infractions de diffamation, d’incitation et de menaces à commettre des actes criminels d’extorsion sur Internet, d’usurpation d’identité et d’apologie du terrorisme.
S’agissant des infractions financières et économiques et du blanchiment d’argent, la DGSN affirme que ses services ont continué, en 2024, de renforcer et de développer les techniques d’investigations criminelles dans ce type d’infractions, que ce soit au niveau de la Brigade nationale de la police judiciaire ou des quatre brigades régionales de la police judiciaire y relevant (Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech).
Ces brigades ont traité 656 affaires relatives à des infractions économiques et financières et au blanchiment d’argent, soit une augmentation de 27 % par rapport à l’année dernière, l’exécution des décisions judiciaires concernant le gel des biens dans 415 dossiers et la saisie de butins criminels d’une valeur de 331.907.537 dirhams, dont 101.881.322 dirhams saisis dans des affaires de blanchiment d’argent.
Les affaires de stupéfiants occupent la première place parmi les infractions liées au blanchiment d’argent, avec un total de 295 affaires (45 %), suivies de celles liées à des infractions économiques et financières, avec 195 (29 %).
Dans le même cadre, les services de la DGSN ont enregistré 504 affaires liées à la gouvernance publique en 2024, en baisse de 5 % par rapport à l’année d’avant, relatives à la corruption et au trafic d’influence (214 affaires), au détournement et à la dilapidation de deniers publics (192), ainsi qu’à l’extorsion et à l’abus de pouvoir (98). Un total de 689 présumés impliqués dans ce type d’affaires ont été recensés.
En ce qui concerne les infractions économiques et financières, les affaires de trafic de devises ont baissé de 21 %, avec seulement 30 affaires impliquant sept ressortissants étrangers. La même tendance à la baisse a été constatée au niveau des affaires de chèques, avec le traitement de 44.906 affaires, en recul de 23% par rapport à 2023.
Pour ce qui est des infractions relatives à l’utilisation de moyens de paiement frauduleux et à la falsification de billets de banque, ils ont enregistré une croissance de 32 %, avec le traitement de 573 affaires, dont 146 de faux monnayage et 427 relatives à la falsification de titres de paiement et de cartes bancaires.
Les services de police ont procédé à la saisie, dans le cadre de ces affaires, de 1.098 faux billets de banque nationaux et 3.251 faux billets de banque étrangers, répartis entre 147.900 faux Dollars américains, 399.685 faux Euros, en plus de 400 fausses Livres Sterling. Il a été procédé, dans ce même cadre, au démantèlement de 31 réseaux criminels, à l’interpellation et à la présentation devant la justice de 203 personnes présumées impliquées dans ce type d’infractions.
Les services de la DGSN ont également saisi 62 supports électroniques et informatiques utilisés dans le cadre des affaires de faux monnayage et de fraude monétique qui ont entraîné des pertes estimées à 25.735.050 DH, en raison de l’utilisation, dans la plupart des cas, des techniques frauduleuses dites « Phishing » et « Vishing ».
En ce qui concerne le volet lié à la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et l’apologie des actes terroristes, la Brigade nationale de la police judiciaire a déféré, durant l’année 2024, devant le parquet compétent, 32 individus soupçonnés d’être impliqués dans ce genre d’affaires, sans compter les cellules terroristes démantelées par le Bureau central d’investigations judiciaires relevant de la DGST.
Ces individus présentés devant la justice dans des affaires de terrorisme se répartissent comme suit : 5 personnes pour leurs liens avec une cellule terroriste en vue de préparer des actes terroristes et d’apologie du terrorisme, 24 personnes pour incitation à rejoindre des organisations terroristes étrangères, 2 personnes présumées impliquées dans la planification d’un acte terroriste et 1 personne pour menaces de commettre un acte terroriste.
S’agissant du bilan de la police scientifique et technique, l’année 2024 a été marquée par la poursuite de la mise en œuvre du chantier de développement de cette police pour servir les enquêtes.
À cet égard, le laboratoire national de la police scientifique et technique à Casablanca a obtenu l’accréditation « ISO 17025 » dans toutes les spécialités scientifiques et techniques, distinction obtenue pour la 7 ème année consécutive. Ceci a eu un impact positif sur la qualité des expertises scientifiques réalisées, tout en augmentant le taux d’élucidation des affaires. Cette certification a contribué également au renforcement des mécanismes de procès équitable, en se basant sur la preuve scientifique dans les enquêtes.
Dans le même sillage, le laboratoire de la police scientifique et technique à Casablanca a conclu, en 2024, un accord de jumelage et de coopération avec le laboratoire américain « Lawrence Livermore » portant sur l’assistance et la coordination en matière d’enquêtes.
Dans le cadre toujours des partenariats internationaux, le Laboratoire a œuvré pour le partage d’expériences et d’expertises avec des structures similaires dans les pays africains amis, outre l’acquisition d’un laboratoire mobile « DIM-LAB P3 » dédié à la détection et à l’identification des composants biologiques.
Par ailleurs, les services techniques relevant de l’Institut des sciences forensiques de la Sûreté nationale ont traité 730 demandes d’expertise sur des faux documents (+2,5%) et réalisé 132 expertises sur de faux billets de banque nationaux et étrangers, ainsi que 280 expertises balistiques portant sur 168 armes à feu, 46 armes répliques et 6.240 munitions, soit une hausse de 6% par rapport à 2023.
LNT avec MAP