Des dizaines de personnes sont mortes subitement ces derniers jours dans la région de Vancouver, dans l’ouest du Canada, une surmortalité attribuée par les autorités aux températures caniculaires record ayant atteint les 49,5°C.
Cette canicule historique s’est étendue aux villes du nord-ouest des Etats-Unis, suscitant des commentaires teintés d’ironie du président américain Joe Biden sur les climatosceptiques.
« Est-ce que quelqu’un avait imaginé qu’un jour en regardant les informations, ils diraient qu’il fait plus de 46 degrés à Portland, dans l’Oregon ? 46 degrés, mais ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de réchauffement climatique. Cela n’existe pas. C’est le fruit de notre imagination », a-t-il lancé.
A Portland (Oregon) et Seattle (Etat de Washington), connues pour leur climat tempéré et humide, la température a atteint des records inégalés depuis le début des archives, en 1940.
Il a fait 46,1 degrés Celsius à l’aéroport de Portland lundi et 41,6 degrés à celui de Seattle, selon les relevés du service météorologique américain (NWS).
Le changement climatique provoque des températures record appelées à devenir plus fréquentes. Sur le plan mondial, la décennie qui s’est achevée en 2019 a été la plus chaude jamais enregistrée et les cinq années les plus chaudes l’ont été au cours des cinq dernières années.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) et la police de Vancouver ont annoncé qu’au moins 134 personnes sont décédées subitement depuis vendredi dans la région de la métropole canadienne de la côte du Pacifique.
« Vancouver n’a jamais connu une telle chaleur et, malheureusement, des dizaines de personnes en sont décédées », a déclaré un porte-parole de la police de Vancouver, Steve Addison, dans un communiqué.
De leur côté, les services du médecin-légiste de la province ont indiqué avoir « enregistré une augmentation importante du nombre de morts signalées » depuis la fin de semaine dernière « où la chaleur extrême a joué un rôle ».
Ces services ont reçu 233 signalements de décès dans la province entre vendredi et lundi, contre environ 130 en moyenne pour la même période en temps normal, ont-ils indiqué dans un communiqué.
« Nous pensons que la chaleur a contribué à la majorité des décès », a aussi précisé la police fédérale, ajoutant que la majeure partie des victimes sont des personnes âgées.
« Nous vivons la semaine la plus chaude que les Britanno-Colombiens aient jamais connue », a résumé lors d’une conférence de presse le Premier ministre de Colombie-Britannique, John Horgan.
Le mercure a encore facilement franchi la barre des 30 degrés mardi à Vancouver, bien au-dessus de la normale de 21 degrés en cette saison, pendant qu’à l’intérieur des terres, la température était insupportable.
Pour un troisième jour consécutif, le village de Lytton, à quelque 250 km au nord-est de Vancouver, a établi un nouveau record de chaleur absolu pour le Canada, avec 49,5 degrés, selon le service météorologique canadien.
Le mercure a également atteint les 42 degrés dans la station de ski de Whistler, au nord de Vancouver, selon ce service.
– « Jamais rien vu de tel » –
Des habitants de Vancouver ont rapporté n’avoir jamais connu de telles températures.
« Ce n’est jamais aussi violent. Je n’ai jamais rien vu de tel », a déclaré une femme en donnant son seul prénom, Rosa. « J’espère que ça ne recommencera jamais. C’est trop ».
D’autres regrettaient que certains habitants soient plus exposés que les autres.
« Je compatis avec les plus âgés et ceux qui vivent dans l’est de Vancouver et n’ont pas d’endroit frais pour vivre ou dormir », confiait ainsi Graham Griedger.
« La durée de cette canicule est inquiétante car il y a peu de répit la nuit (…). Cette vague de chaleur record fera augmenter le risque de maladies liées à la chaleur », a averti le ministère canadien de l’Environnement sur son site météo.
Outre la Colombie-Britannique, des avertissements de canicule ont aussi été lancés pour les provinces plus à l’est de l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba, ainsi que pour une partie des territoires du Yukon et du Nord-Ouest, au nord du Canada.
Dans la région, les climatiseurs et ventilateurs sont en rupture de stock. Des villes ont ouvert des centres de rafraîchissement. Des campagnes de vaccination contre le Covid-19 ont été annulées, et des écoles fermées.
Cette vague de chaleur, à l’origine de plusieurs incendies de forêts de part et d’autre de la frontière canado-américaine, s’explique par un phénomène appelé « dôme de chaleur »: de hautes pressions emprisonnent l’air chaud dans la région.
LNT avec Afp