La rentrée est faite ! Non seulement parce que les parlementaires sont de nouveau, (pour une minorité seulement), assis sur les bancs de la Chambre des Représentants et de celle des Conseillers, mais également parce que ces derniers ont (ré-)élu leur président, le désormais inamovible Hakim Benchamach, quelques jours seulement après l’ouverture solennelle de l’année parlementaire par le Roi Mohammed VI.
En cette occasion d’ailleurs, le Souverain a prononcé un discours dont chacun a pu mesurer l’importance et la profondeur, cette allocution constituant la dernière partie d’une trilogie entamée lors de la célébration de la Fête du Trône, le 30 juillet dernier et suivie par celle du 20 août. A la lecture de ces textes royaux, on comprend que la mesure de la gravité des problèmes qui assaillent notre pays et sa société a été pleinement appréhendée.
New deal
De nouvelles orientations stratégiques ont été définies, annoncées solennellement et l’on peut déjà constater un début d’implémentation, notamment en ce qui concerne la formation professionnelle ou encore le recadrage des finances publiques à travers le Projet de Loi de Finances (PLF) 2019.
En effet, celui-ci est porteur de mesures et d’incitations envers les PME et les TPME, propose une meilleure équité fiscale en soulageant quelque peu les revenus du travail, mais également en orientant les dépenses publiques vers les secteurs prioritaires que sont l’Éducation, la Santé, l’Habitat, la réduction des inégalités sociales et spatiales, etc.
Bien sûr, il est encore trop tôt pour statuer sur la portée de ces aménagements et leur impact attendu, mais on soulignera le fait que jusqu’au plus haut niveau de l’État, la conscience est effective du marasme économique, de la perte de confiance des citoyens, de l’inquiétude de nombreuses catégories socio-professionnelles, de l’ampleur du climat de défaitisme et de démobilisation citoyenne.
Car, indéniablement, l’opinion publique a été fortement secouée ces derniers mois et semaines et ce «désamour» profond s’est retrouvé dans la presse, écrite ou électronique, à maintes reprises, sans parler des campagnes, des rumeurs, des fake news et des scandales, vrais ou faux, révélés par les réseaux sociaux et dont nos concitoyens sont si friands.
Il fallait marquer un coup d’arrêt à cette dérive qui se retrouvait par exemple dans le fait que des centaines de milliers d’internautes ont pris connaissance d’articles, d’analyses, de tribunes, qui évoquaient, à juste titre, la crise multidimensionnelle et multisectorielle qui frappait le pays depuis plusieurs mois. Un premier jalon a donc été posé dans la reconquête des citoyens, et il est le fait du Chef de l’État lui-même, sachant d’ailleurs que les Marocaines et les Marocains perçoivent parfaitement que ce sont les impulsions royales, les décisions et les orientations du Souverain qui ont toujours fait avancer les choses.
Peu leur chaut, en effet, la qualité du chef du gouvernement, la composition pluri partisane de son équipe, la personnalité des ministres qui travaillent à ses côtés. Car chacun sait que l’immobilisme, l’attentisme, le manque d’initiatives sont parmi les maux essentiels qui caractérisent notre classe politique, les partis et les hommes qui la composent. Cela est tellement vrai, tellement prégnant, que les décideurs politiques ne se rendent même plus compte de leur incapacité à remplir les missions pour lesquelles ils ont été nommés et qui sont définies par la Constitution.
Ainsi, M. Saad Eddine El Othmani, chef du gouvernement, ne déclarait-il pas, quelques heures avant l’ouverture de l’année parlementaire, qu’il était dans l’attente du discours royal et des instructions qu’il ne manquerait pas de porter !
Et les autres ?
Pourtant, M. El Othmani, nommé par SM le Roi, a été «adoubé» par les deux chambres parlementaires qui ont approuvé son programme de gouvernement au printemps 2017.
Les orientations royales sont aussi précieuses qu’indispensables, mais de telles déclarations du Chef du gouvernement donnent légitimement à penser à tous les Marocains qu’ils peuvent parfaitement se passer de M. El Othmani, mais pas du Roi !
Voilà pourquoi la nouvelle donne, positive dans son essence et ses prémices, qui s’imprime aujourd’hui, celle d’une saine et indispensable réaction pour lutter contre le défaitisme et le négativisme, qui s’alimentera et se renforcera à l’aune des réformes effectives, doit s’accompagner d’une révision fondamentale du modus operandi des partis politiques, de leurs dirigeants et de tous ceux qui ont la charge de responsabilité publiques.
Car, comme le dit si bien un proverbe marocain, «une main seule ne saurait applaudir»…
Fahd YATA