Le ministre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime a du pain sur la planche. Les pluies qui tardent toujours à venir ne manqueront certainement pas de plomber l’actuelle campagne agricole. Les conditions météorologiques restent inchangées jusqu’à présent, et rien n’est prévu à l’horizon à l’exception de précipitations éparses attendues en fin du mois en cours. Et à ce rythme, l’inquiétude monte d’un cran et les prémices d’une campagne agricole ratée, ‘‘qu’à Dieu ne plaise’’, se confirment. Mais des pluies durant quelques jours peuvent sauver la mise ! Gardons espoir.
En attendant, il est quand même important de savoir ce qui est prévu par le ministre Aziz Akhannouch. Pour le moment, rien d’officiel, et on préfère toujours attendre la clémence du ciel. Néanmoins et au Parlement, on s’impatiente et on demande à être informé du ‘‘Plan B’’ du Gouvernement, à défaut de pluies salvatrices.
En effet, au Parlement, le ministre de l’Agriculture a été interpellé en ce début de semaine sur la situation agricole dans un contexte d’absence de pluies. Dans sa réponse, ce dernier se veut rassurant, considérant que les pluies de décembre seront en mesure d’atténuer les conséquences du retard pluviométrique sur l’actuelle saison agricole, tout en précisant que d’importantes mesures sont prévues afin de pallier les difficultés du monde rural en cette période, avec en premier lieu un usage plus rationnel des ressources hydrauliques consacrées à l’irrigation.
Dans ce cadre, il a fait part de la poursuite de l’exécution du Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation, à travers la programmation et l’équipement des domaines agricoles par le système d’irrigation localisée sur une superficie supplémentaire de 50 000 Ha, du suivi et de la répartition des quotas des eaux réservées à l’irrigation (3,22 milliards m3) pour garantir notamment l’opération de semis des céréales et des cultures sucrières, ainsi que la gestion du manque des ressources en eau dans certains cercles. S’agissant des semences, le ministre a fait savoir qu’une quantité de 1,7 million de tonnes de semences sélectionnées est disponible, ajoutant que des tarifs préférentiels seront adoptés pour l’achat de ces semences à travers des prix de vente subventionnés. Il a également indiqué que le marché sera approvisionné en engrais avec plus de 500 000 tonnes, faisant état de l’achèvement de l’élaboration de la cartographie des sols relative à la rationalisation de l’usage des engrais au Maroc, à travers la couverture des 1,6 million Ha restants.
Outre ces mesures, le ministre a indiqué que son département s’engage à poursuivre la protection de la santé animale et végétale, l’accompagnement et l’encadrement des agriculteurs dans diverses filières de production. Aussi, Aziz Akhannouch a prévu dans son plan d’action des subventions en faveur des agriculteurs.
Ceci étant, beaucoup constatent que d’années en années, il pleut de moins en moins chez nous. Sur douze mois, la pluie ne tombe que durant deux mois dans le meilleur des cas. A noter dans ce cadre que la campagne agricole 2015-2016 a été fortement touchée par le retard des précipitations. Ce stress hydrique a engendré un déficit pluviométrique de 63% et s’est particulièrement fait ressentir sur les cultures en zones Bour où les céréales représentent 62% des semences (soit plus de 3 millions d’hectares semés). Il y a eu également un impact sur l’approvisionnement du cheptel en eau et en aliments.
Les zones ‘‘Bour’’ représentent plus de 75% de l’ensemble de la superficie des terres cultivées et, en cas de manque de précipitations, sont sévèrement affectées.
L’agriculture irriguée, elle, n’occupe que 15 % des superficies cultivées. Cependant, elle contribue à presque 45% de la valeur ajoutée agricole. Néanmoins, l’accès à l’eau reste toujours problématique dans le monde rural qui vit en permanence le stress hydrique. Un constat inquiétant qui risque de devenir plus fréquent avec le changement climatique.
Car, il faut rappeler, que nos voisins du nord les plus proches, notamment l’Espagne et le Portugal, vivent des situations de sécheresse qualifiées d’historiques.
Fleuves quasi à sec, incendies mortels à répétition, agriculteurs désespérés… Depuis trois ans, il pleut moins que prévu sur les deux tiers de l’Espagne. Au Portugal, presque tout le territoire est frappé par la sécheresse depuis six mois, ce qui n’était plus arrivé depuis 2005. Les agriculteurs sont touchés de plein fouet. « Depuis 1980, l’Espagne montre des signes de changement climatique, qui se sont accentués depuis l’an 2000 », souligne Jorge Olcina, géographe à l’université d’Alicante.
« Le climat de l’Espagne (…) tend à avoir des caractéristiques plus subtropicales: températures plus élevées et pluies plus rares et plus intenses. Donc les risques climatiques liés aux températures (vagues de chaleur) et à la pluie (sécheresse et inondations) vont augmenter dans les prochaines décennies », prévient-il.
Le Maroc, ne serait-il pas en train de vivre le même scénario climatique ? Des solutions alternatives prônant le développement durable s’imposent alors, et avec urgence… !
Hassan Zaatit