De nombreux Français atteints d'une maladie incurable songent à se faire euthanasier en Belgique © AFP/Archives FREDERICK FLORIN
Anne Bert, qui souffrait d’une maladie dégénérative incurable et défendait la liberté de « choisir sa fin de vie » en France, a été euthanasiée lundi matin dans un hôpital belge, « comme elle l’avait souhaité », a annoncé sa fille à l’AFP.
L’écrivaine de 59 ans, qui avait déjà interpellé les candidats à la présidentielle en janvier, a souhaité faire évoluer les mentalités et la législation française, avec « Le tout dernier été » (Fayard), un livre qui évoque son « combat » pour un départ choisi.
Anne Bert s’est éteinte lundi matin peu après 09h00 en Belgique, a indiqué sa fille dans un appel téléphonique à l’AFP, information confirmée peu après par son éditeur Fayard.
Romancière et ancienne éditrice, Anne Bert, qui résidait en Charente-Maritime, souffrait d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA) aussi appelée « maladie de Charcot », qui conduit à une paralysie des muscles qui l' »emmure progressivement ».
Son livre, un récit intime blâmant les « conservateurs qui affirment que la vie doit être vécue jusqu’au bout de l’enfer » doit être publié le 4 octobre. Anne Bert avait prévenu quelques semaines avant sa mort qu’elle ne serait « plus là pour sa parution ».
Aucun traitement curatif n’existe pour l’affection dont elle souffrait, diagnostiquée chez elle en octobre 2015.
La loi française autorise depuis 2016 la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès, une administration de substances anti-douleur qui s’apparente à un droit à être endormi sans être réveillé.
Mais elle s’applique uniquement aux malades déjà en phase terminale et n’autorise pas l’euthanasie active, c’est-à-dire l’administration d’un produit provoquant directement la mort.
Cette législation « répond plus aux préoccupations des médecins qu’aux droits des patients qui souhaitent ne pas aller au terme de leur maladie incurable ou accepter d’insupportables souffrances », regrettait Anne Bert dans sa lettre ouverte aux candidats à la présidentielle.
« Endormir un malade pour le laisser mourir de faim et de soif est-il réellement plus respectueux de la vie que d’y mettre fin par l’administration d’un produit létal? », poursuivait-elle.
« Je veux mourir en paix, avant d’être torturée », écrit-elle dans son livre, « passer la frontière pour fuir l’interdit ».
Elle avait choisi de mourir en Belgique où elle était suivie depuis décembre.
Dans ce pays, l’euthanasie active est autorisée depuis 2002 pour les patients souffrant d’un mal incurable et qui ont formulé leur demande « de manière volontaire, réfléchie et répétée ».
LNT avec AFP