Ouverture à Tanger de la 2e édition du Congrès de la technologie et de l’innovation, CyFy Africa
L’ancien chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, a appelé, samedi à Tanger, à adopter des lois et à établir des règles régissant l’usage et le stockage des données personnelles par les grandes multinationales du numérique de manière à combattre les abus qui sont légion dans ce domaine.
M. Zapatero, membre du Club de Madrid, qui intervenait à l’ouverture de la 2e édition du congrès de la technologie et de l’innovation, CyFy Africa, a estimé nécessaire d’impliquer toutes les forces vives oeuvrant en faveur de la liberté de l’individu et de la protection des données, tant au niveau de la société civile qu’à l’échelle des gouvernements locaux et régionaux.
À l’instar des organisations mondiales veillant sur la légalité et la suprématie des lois dans nombre de secteurs, comme le commerce ou la santé, ou encore les tribunaux internationaux, il convient, « quoique cela relève de l’utopie », de mettre en place une instance chargée de « brider le pouvoir de ces multinationales », a-t-il préconisé.
Il a aussi recommandé d’élaborer un pacte des droits numériques des citoyens, « pour nous permettre de savoir quelles sont les données détenues et stockées par ces compagnies, et quel usage en font-elles ». Selon lui, il s’agit de droits réels, bien établis, tout comme les droits régis par les codes législatifs « afin de garantir leur respect et surtout pour s’assurer de la reddition des comptes par les contrevenants ».
Outre ces mesures, M. Zapatero a souligné l’impératif d’introduire le volet éthique et humain dans les discussions sur la technologie, et d’inviter le « débat philosophique » et les principes de la philosophie et de la morale à s’impliquer dans la révolution technologique actuelle.
« La philosophie et l’éthique doivent avoir leur mot à dire dans toutes les conférences, les réunions et les débats liés à la technologie, afin de donner à cette évolution envahissante un visage éthique, et par conséquent humain, si l’on souhaite garder l’essence de notre espèce et l’avenir de notre planète », a-t-il dit.
De son côté, le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, a souligné que le Maroc constitue une « véritable plateforme pour et au service du continent africain » conformément à un choix stratégique, citant l’exemple de l’infrastructure télécom qui reflète le « pas énorme » que le Royaume a fait à ce niveau, mais aussi au niveau des indicatifs relatifs à la connectivité des citoyens.
Le ministre a, par ailleurs, noté que la transformation digitale profonde que connait le monde impose un certain nombre de changements qui peuvent être soit « destructifs » soit « créateurs de richesses et d’emplois », à l’image du e-commerce, qui est à la fois « une opportunité exceptionnelle et une menace », notamment pour les pays les moins puissants économiquement.
M. Elalamy a rappelé qu’afin d’accompagner l’ouverture sur l’e-commerce et d’atténuer ses risques, le Maroc a pris une batterie de mesures, dont la création de l’Agence du développement digital, soulignant que les dangers du digital en général « nécessitent des réflexions en profondeur ».
S’arrêtant sur les perspectives qu’ouvre le digital, le ministre a souligné que celles-ci permettent au continent africain d’augmenter sa prestance en teneur et en capacité, faisant remarquer qu’au Maroc, et grâce aux possibilités du digital, « nous avons été capables de monter une véritable activité aéronautique avec 140 entreprises fabriquant des pièces d’avion ».
Pour sa part, le président du Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Ilyas El Omari, a noté que les défis de ce congrès n’ont d’égaux que les challenges actuels et futurs dont fait face le continent africain, dans sa recherche d’une place digne de ses capacités parmi les régions ayant créé et tiré profit des bienfaits du digital.
Plus de 200 experts représentant 64 pays prennent part à cet évènement, rehaussé par la participation de plusieurs partenaires de marque, dont la délégation de lutte contre le terrorisme au Conseil de sécurité des Nations unies et le groupe qualifié de la coopération numérique du secrétariat général de l’ONU.