Une consommation plus forte et des investissements des entreprises plus importants expliquent la bonne performance de fin d'année © AFP
La croissance américaine s’est montrée solide fin 2017, se rapprochant des 3% visés par Donald Trump mais la tendance pour le début de l’année se montre plus tiède dans un contexte de guerre commerciale et de volatilité boursière.
L’expansion de la première économie mondiale a été nettement révisée en hausse au 4e trimestre, dépassant les attentes des analystes, pour afficher un rythme annuel de croissance de 2,9%, contre 2,5% lors de l’estimation précédente. Les prévisions des analystes tablaient sur 2,6%.
Une consommation au plus fort depuis trois ans (+4%) et des investissements des entreprises plus importants expliquent cette performance.
Cette révision, après une expansion de 3,2% au 3e trimestre, ne change toutefois pas le rythme de croissance de l’ensemble de l’année 2017 qui demeure à 2,3%.
C’est mieux qu’en 2016 (+1,5%) mais moins bien qu’en 2015 (+2,9%).
Ces chiffres déjà anciens confirment la confiance des acteurs économiques et l’allant des consommateurs mais les économistes ont déjà les yeux tournés vers les comptes du premier trimestre qui seront publiés le 27 avril.
Depuis plusieurs années, le trimestre hivernal a été décevant et la Fed d’Atlanta prévoit seulement 1,8% d’expansion en rythme annuel, du fait d’indicateurs mitigés dans les ventes de détail et d’automobiles notamment ainsi que de la volatilité boursière.
Son baromètre de prévision trimestrielle était bien plus optimiste il y a encore quelques semaines à 3% après l’entrée en vigueur des réductions d’impôts pour les entreprises et les ménages.
– Risque commercial –
Le bras de fer commercial engagé par les Etats-Unis contre la Chine et plusieurs partenaires commerciaux, pour réduire le déficit commercial américain, constitue aussi un risque potentiel pour la croissance. « L’incertitude clé en 2018 viendra de l’attitude plus protectionniste des Etats-Unis et de l’escalade potentielle des tensions commerciales mondiales », a estimé Greg Daco, économiste pour Oxford Economics.
Si le premier trimestre 2018 s’annonce moins fort, le reste de l’année devrait à nouveau accélérer grâce aux réductions d’impôts, à l’inflation modérée, à la hausse des exportations dopées par un dollar faible et une demande internationale solide.
« La synchronisation de la croissance mondiale va sans doute soutenir de plus importants investissements de la part des entreprises, un progrès plus rapide des exportations comme des importations dans les trimestres à venir », affirme Pooja Sriram de Barclays.
La Banque centrale américaine (Fed) a récemment relevé sa prévision de croissance pour 2018 à 2,7%, prenant en compte l’effet du stimulus fiscal et le gonflement des dépenses budgétaires, notamment militaires.
Cela reste inférieur à l’objectif de 3% de croissance visé par Donald Trump.
Au cours du dernier trimestre de l’année dernière, les consommateurs américains ont largement dépensé, portés par les perspectives de réductions d’impôts, adoptées fin décembre, ainsi que par les performances de Wall Street qui n’a connu des turbulences qu’à partir de février 2018.
Grimpant de 13,7%, les achats de biens durables, du type voitures, télévisions, réfrigérateurs, ont affiché le rythme le plus fort depuis 9 ans. La hausse des dépenses dans les biens non durables, de 4,8% contre 2,3% au 3e trimestre, constitue aussi un record depuis 8 ans.
Les investissements des entreprises, notamment dans les stocks, ont également été plus importants qu’initialement estimés.
Au rang des bonnes nouvelles pour l’administration Trump, qui fait du rééquilibrage des échanges commerciaux un cheval de bataille, les exportations ont augmenté de 7%. Mais c’est loin de compenser la très forte augmentation des importations (+14,1%), la plus rapide depuis 7 ans.
Le passage des ouragans à la fin de l’été a entraîné un volume inhabituel d’achats pour remplacer les équipements perdus ou endommagés, dopant les importations de biens à un niveau jamais atteint depuis 2010 (+17,3%).
Le marché immobilier, qui était tombé dans le rouge les deux trimestres précédents, a repris de la vigueur (+12,8%).
Les dépenses publiques ont nettement participé à la croissance, affichant une hausse de 3% (contre 2,9% pour la 2e estimation), inédite depuis 2015 et tirée par les investissements dans la défense.
LNT avec Afp