Un panneau de signalisation explique que la rue a été rétrécie pour laisser plus d'espace aux piétons, sur Camden High Street, dans le centre de Londres, le 11 mai 2020 © AFP ISABEL INFANTES
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’emploie lundi à détailler son plan de déconfinement, après avoir été vertement critiqué pour le flou qui entoure l’annonce des grandes lignes du projet.
A l’heure où plusieurs pays ont commencé à relâcher la pression, le chef du gouvernement a prolongé dimanche soir jusqu’au 1er juin le confinement décrété fin mars, devant la crainte d’une nouvelle vague de contaminations, avec de légers aménagements et des perspectives d’assouplissement pour la suite.
Confus sur les modalités de reprise du travail, mettant en danger les travailleurs les plus modestes, jugé prématuré par les autorités écossaises, pénalisant le secteur aérien avec son projet de quarantaine pour les voyageurs… Le contour de cette stratégie a suscité aussitôt un feu nourri d’attaques, des syndicats à la presse conservatrice.
Le dirigeant conservateur s’adresse aux députés à 15H30 locales (14H30 GMT), après la publication d’un document de 50 pages détaillant son projet de déconfinement progressif pour le pays, le deuxième plus endeuillé au monde après les États-Unis, avec 32.065 morts testés positifs en hôpitaux et dans les maisons de retraite, selon le dernier bilan publié lundi.
Ce document d’une cinquantaine de pages recommande notamment le port du masque dans les lieux fermés comme les transports ou les magasins. Il fixe aussi comme objectif de renvoyer à l’école les élèves de primaire pour un mois, avant les vacances d’été, et ouvre la voie à un redémarrage de la saison sportive à huis clos le 1er juin, avant une possible réouverture des commerces non essentiels, comme les coiffeurs ou les pubs, à partir du 4 juillet.
Dans l’immédiat, il y aura beaucoup plus de possibilités de sorties, à condition de maintenir ses distances et de rester entre personnes du même foyer. Et si le télétravail est toujours recommandé, ceux qui ne peuvent pas travailler de chez eux -notamment dans les usines et chantiers de construction- sont encouragés à se rendre au travail dès mercredi.
Parmi ces travailleurs figurent notamment les moins qualifiés, qui courent davantage de risques de mourir du nouveau coronavirus dans le pays, selon une étude publiée lundi par le Bureau national des statistiques.
– L’Écosse « pas convaincue » –
Comment assurer leur sécurité dans le métro, dont certains étaient bondés lundi matin selon les médias, ou sur leur lieu de travail? Le manque de consignes officielles a suscité une volée de critiques de l’opposition travailliste et des syndicats.
« Il faut être un génie pour comprendre ce qu’il faut faire », a critiqué Pete Elliott, un Londonien rencontré par l’AFP. « Cela reste très confus sur qui doit aller travailler et ce qu’il faut faire si on a des enfants », a renchéri Alexandra Logan, responsable marketing interrogée dans les rues de la capitale.
« Nous encourageons des millions de travailleurs à retourner au travail sans que les nécessaires consignes de sécurité soient en place », a dénoncé sur Sky News Nick Thomas-Symonds, chargé des affaires intérieures pour le Parti travailliste.
Prenant les devants, la régie des transports londoniens, TfL, a demandé lundi aux passagers de se couvrir le visage, tout en travaillant à une augmentation de la cadence des dessertes.
Dans l’enseignement, les syndicats sont vent debout après avoir appris que certains élèves de maternelle et de primaire pourront, en Angleterre, reprendre le chemin de l’école début juin en cas de progrès dans la lutte contre la pandémie.
C’est un projet « irresponsable » qui a été décidé « sans consultation » avec le secteur, a regretté Kevin Courtney, du National Education Union (NEU).
Contrairement aux dirigeants des autres régions britanniques, comme le Pays de Galles ou l’Écosse, Boris Johnson est le seul à ne plus insister sur la nécessité de « rester à la maison », mais seulement de demeurer « vigilant », faisant craindre un déconfinement en ordre dispersé dans le pays.
La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a d’ores et déjà fait savoir que ces annonces ne s’appliquaient pas à sa région: « Le gouvernement écossais n’est pas encore convaincu que ces changements puissent être faits de manière sûre en Écosse sans courir le risque de voir le virus potentiellement redevenir hors de contrôle ».
LNT avec Afp