
Dessèchement des fleuves, désertification, pollution, inondations, perte de la diversité biologique, etc., les catastrophes climatiques se sont multipliées ces dernières années et l’activité humaine est, en grande partie, responsable de cette dégradation environnementale.
Selon un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (ONM) publié il y a quelques mois, le nombre de catastrophes climatiques a été multiplié par cinq entre 1970 et 2019. «Une catastrophe d’origine météorologique, climatique ou hydrologique a été enregistrée en moyenne par jour au cours des 50 dernières années, entraînant quotidiennement le décès de 115 personnes et des dégâts se chiffrant à 202 millions de dollars», peut-on lire dans le rapport de l’ONM.
Durant cette même période, le continent africain a enregistré 1 695 catastrophes qui ont couté la vie à 731 747 personnes et entraîné des pertes économiques s’élevant à 38,5 milliards de dollars. Il est à noter que 95 % des morts ont été causés par les sécheresses.
Des conséquences immédiates
Dans ce contexte de réchauffement climatique que connait la terre, la crise sanitaire qui a entrainé un confinement mondial entre mars et avril 2020 a eu plusieurs changements sur la planète, notamment sur la qualité de l’air.
Il est à rappeler que la pollution atmosphérique tue chaque année près de sept millions de personnes dans le monde, selon l’OMS.
Il faut dire que les mesures de restrictions imposées par la propagation de la Covid 19 ont été bénéfiques pour la planète et ont permis de nettoyer l’atmosphère.
Les images prisent en Chine, premier pays confiné durant plus d’un mois, par la NASA, ont été très choquantes. On y voyait une baisse drastique notamment au-dessus de la région de Wuhan liée à la baisse d’activité, aux mesures de confinement et aux fermetures d’usines provoquées.
Ce même constat a été fait en Italie où la carte publiée par l’Agence spatiale européenne (ESA), témoigne d’une forte diminution du dioxyde d’azote, dans le nord de l’Italie durant la période de confinement.
Selon une étude parue dans la revue Environmental Research Letters, les particules fines PM2,5, à l’origine d’inflammations, et de l’aggravation de l’état de santé des personnes atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires, etc., ont diminué en moyenne de 40% dans 162 pays du monde. Cette baisse est le résultat de la chute du trafic aérien, mais aussi de l’activité sur les routes du monde qui a diminué de près de 50% en 2020 par rapport à 2019, etc.
Des impulsions notables
Selon une note du ministère de la Transition Energétique et du Développement Durable, après une évaluation préliminaire de la qualité de l’air au niveau de la ville de Marrakech et couvrant la période de novembre 2019 jusqu’au 8 avril 2020, on constate des taux de réduction importants des polluants atmosphériques. En effet, il est question d’une diminution de 55% pour le dioxyde d’azote, de 70 % pour le monoxyde de carbone et de 67 % pour les particules en suspension.
Partant de ce constat, une évaluation détaillée de la qualité de l’air a été lancée au niveau de plusieurs villes du Royaume qui devrait permettre d’établir une analyse plus précise de la situation de la pollution de l’air, de tirer des enseignements et de formuler des recommandations pour limiter la pollution atmosphérique post-Covid19, explique-t-on auprès du ministère.
Si le confinement a causé l’arrêt de plusieurs activités industrielles au niveau mondial déclenchant une crise économique qui s’est vite propagée, il a aussi montré qu’il existait un moyen de préserver l’environnement en présence d’une volonté et d’un engagement politique clairs.
D’ailleurs S.M le Roi Mohammed VI, l’a bien précisé dans son discours adressé aux participants de la COP 26, : « L’organisation de la réponse à la menace de la pandémie de Covid19 a montré que la communauté mondiale disposait d’atouts réels, ceux-là mêmes qui, paradoxalement, étaient dépeints comme faisant défaut dans le cas de la lutte contre le changement climatique. De fait, à cette occasion, un ensemble de pays à qui incombe la responsabilité historique et morale de l’état actuel de dégradation de l’environnement ont réussi à mobiliser des ressources financières considérables. Par leur action, ils ont également montré que la réduction des activités nuisibles au climat et à l’environnement était tout à fait possible, sans conséquences insoutenables ».
Et les impératifs de la relance économique post-covid peuvent être compatibles avec l’action climatique. D’ailleurs, selon un rapport récent du think-tank panafricain Power Shift Africa, les pays africains qui incluent des actions contre le changement climatique comme objectif central dans la planification et la mise en oeuvre de leurs plans de relance économique post-Covid-19 sont plus susceptibles d’attirer des financements, de relever les défis sociaux et d’atteindre une croissance robuste et durable.
La pandémie nous aura donc appris qu’une mobilisation mondiale, des Etats comme du privé et de la société civile, était possible face à l’urgence. Nous aurons également constaté la capacité de mobiliser de manière très rapide de financements importants, et l’on a vu que le secteur industriel a pu de manière efficace adapter ses méthodes de production aux exigences de l’heure. Il reste maintenant à appliquer ces mêmes efforts à la crise climatique, autrement plus grave et aux conséquences plus importantes que la crise sanitaire liée à la pandémie…
A. Loudni