Carapace d'une tortue sur le sol asséché du barrage de Cedro, plus ancien du Brésil, dans la ville de Quixadá (État de Ceara), le 8 février 2017 © AFP/Archives EVARISTO SA
Brasilia accueille à partir de dimanche le Forum Mondial de l’Eau, pour tenter de trouver des solutions aux problèmes d’approvisionnement de plus en plus préoccupants et qui touchent déjà plusieurs villes dans le monde, notamment Le Cap.
Près de 40.000 personnes sont attendues dans la capitale du Brésil pour cette huitième édition du Forum, dont une quinzaine de chefs d’États, 300 maires de villes du monde entier, et plusieurs dizaines de scientifiques et de militants écologistes, jusqu’au 23 mars.
Réchauffement climatique, pollution des rivières, surconsommation des particuliers, agriculteurs ou industriels: source de vie, l’eau est menacée de toutes parts.
« Il y a plus de barrages, plus de véhicules, plus de production et plus d’habitants, pour des mesures de protection encore très faibles par rapport à l’impact déjà ressenti », explique à l’AFP Ney Maranhao, directeur de l’agence Nationale de l’Eau (ANA), organisme régulateur brésilien.
Lundi, l’Unesco doit rendre public à Brasilia son rapport annuel intitulé « Solutions basées sur la nature, pour l’eau ».
Pour le directeur du forum, Ricardo Medeiros, la question de l’eau doit être pensée au-delà de l’aspect purement environnemental.
« Il faut à présent dépasser le discours traditionnel évoquant un élément essentiel à la vie, pour le reconnaître en tant que moteur de développement », a ajouté cet ingénieur, membre du Conseil Mondial de l’Eau, ONG basée à Marseille (sud de la France) qui organise le forum tous les trois ans.
« Il est clair que les discours traditionnels ne fonctionnent pas », renchérit Coling Strong, spécialiste américain auteur d’un rapport sur la gestion publique des problèmes de l’eau au niveau mondial.
« On peut gérer une situation de sécheresse si on dispose au préalable d’un plan pour répondre à la crise. Mais si les villes n’ont pas prévu de moyens pour répondre aux problèmes d’approvisionnement, il y aura d’autres situations comme celle du Cap », affirme-t-il.
– « Stimuler la coopération » –
La métropole sud-africaine a été menacée de coupure d’eau courante dans les prochains mois à cause de la sécheresse. La situation reste extrêmement préoccupante, même si les autorités locales ont affirmé la semaine dernière que le « Jour zéro » n’aurait pas lieu en 2018 si le rationnement de la consommation était maintenu et si les pluies attendues dans les prochains mois se concrétisaient.
Plus d’un quart des ressources d’eau renouvelables (qui ne comprennent pas les glaces de l’Antarctique, environ 60% des réserves de la planète) se trouvent en Amérique latine, contre soixante fois moins au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, régions aux ressources par habitant critiques.
Des experts s’inquiètent d’une possible disparition, d’ici quelques dizaines d’années, des réserves aquifères dans une partie du bassin du Gange en Inde, dans le sud de l’Espagne et de l’Italie, ou encore dans la vallée centrale de la Californie.
Le Brésil, où se concentre 18% de l’eau potable de la planète, est aussi touché de plein fouet par le réchauffement climatique. Certaines régions du nord-est du pays sont affectées depuis 2012 par la plus longue période de sécheresse de leur histoire.
« L’eau doit être un élément qui unit les communautés, les nations, et non pas le motif d’une troisième guerre mondiale, comme le disent certains. Le forum a pour mission de mettre en commun les bonnes pratiques, les solutions et les expériences, pour stimuler la coopération entre les pays », souligne Ricardo Medeiros.
LNT avec AFP