La crise sanitaire liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) a fragilisé plus que jamais le marché pétrolier mondial en 2020, a souligné, Francis Perrin, Senior Fellow au Policy Center for the New South (PCNS).
Dans un podcast publié par le PCNS sous le titre « Covid-19 et énergie: Quels impacts? », M. Perrin a relevé que la consommation pétrolière mondiale a connu une forte baisse, estimée à environ 9% en 2020 par rapport à l’année 2019, « chose qui n’arrive pas souvent ».
« Les premiers mois de 2020 ont connu également un effondrement des prix du pétrole, notamment entre le début de cette même année et le mois d’avril, soit une chute des prix de l’ordre de 60% , ce qui est absolument considérable, sur une période de temps aussi courte », a estimé cet expert international dans le domaine des énergies et des mines.
Il a, à cet effet, fait savoir que les 23 principaux pays producteurs ont décidé de réduire fortement leur production pétrolière à compter du 1er mai 2020, notant que cette forte réduction de production, qui se poursuit toujours au moment présent, a contribué significativement à faire remonter les prix du pétrole à partir du mois de mai et surtout le second semestre de l’année écoulée.
S’agissant des conséquences énergétiques, M. Perrin n’a pas manqué de préciser que la crise a entrainé une baisse de la production mondiale de l’énergie, d’un peu près 5%, un repli des investissements énergétiques d’environ 18% « ce qui demeure énorme », ainsi qu’une dégringolade des émissions de CO2, une bonne nouvelle qui s’explique essentiellement par la pandémie et par la récession économique mondiale et non par des comportements mondiaux plus vertueux.
En outre, M. Perrin a mis l’accent sur la situation des compagnies pétrolières, notamment privées, qui ont accumulé en 2020 des pertes qui se chiffrent en milliards et qui, par conséquent, ont décidé de réduire fortement leurs coûts, leurs investissements et leurs activités.
Il a, dans ce sens, fait observer que pour une partie de l’industrie pétrolière, notamment les acteurs les moins puissants financièrement parlant, ce cortège de pertes a conduit la majorité d’entre eux à vendre leurs actifs, à mettre la clé sous la porte, ou accepter d’être racheté par des acteurs plus puissants.
« Ce qui signifie que dans une crise, il y a aussi des opportunités pour les acteurs les plus puissants financièrement, qui peuvent à ce moment là se permettre de racheter soit des actifs de sociétés soit de racheter des compagnies dans leurs intégralités », a-t-il précisé, notant que cet écosystème n’était pas forcement préparé à cette pandémie, « que personne n’a vu venir ».
M. Perrin a par ailleurs, relevé que depuis novembre 2020, la tendance des prix du pétrole est plutôt haussière, notamment grâce aux espoirs suscités par les vaccins, qui leur ont permis de retrouver leurs niveaux d’avant-crise.
« Cela s’interprète par les campagnes de vaccination en cours, qui vont sont doute entraîner un recul de la crise et un impact favorable sur la consommation ainsi que sur la relance de l’économie mondiale », a-t-il expliqué.
Et de soutenir que les pays producteurs du pétrole, notamment les membres de l’opep+ qui après avoir réduit massivement la production en 2020, restent très prudent en 2021, dans la mesure où ils sont conscients plus que jamais que le monde n’est toujours par sorti de la pandémie et « gardent donc le pied sur le frein et pas sur l’accélérateur » .
LNT avec Map