Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Le Centre Marocain de Conjoncture vient de publier sa nouvelle « Maroc Conjoncture » , qu’il a consacrée au thème « Post Covid-19 : Stratégie et mesures pour la relance économique ».
Reprise Post-Coronavirus : Des politiques budgétaires ambitieuses
Dans leur lutte contre la crise du coronavirus, les États se sont d’abord attelés à surmonter l’urgence sanitaire et à mettre en œuvre des mesures de sauvetage économique rapides, visant principalement à fournir des liquidités et à protéger les populations frappées par la perte soudaine de revenus. Avec la réouverture des économies, l’attention se tourne aujourd’hui vers la préparation de plans de relance afin de faire redémarrer l’économie. Si l’engagement des Etats s’avère sans précédent, il est essentiel de veiller à « reconstruire en mieux », c’est à dire à favoriser une reprise respectueuse de l’environnement, soutenant le potentiel de croissance à long terme, qui améliore l’inclusivité et réduise les inégalités.
Sortie de Crise : Quelles actions à court terme ?
La crise du covid-19 est l’une des crises les plus sévères que le monde ait connues depuis de nombreuses décennies. Elle a mis à l’épreuve toutes les économies de la planète. L’ampleur de ses conséquences économiques et sociales est considérable. Cette situation a nécessité de la part des pouvoirs publics des prises de décision dans l’urgence pour sauver des vies humaines, éviter l’effondrement de l’économie et empêcher une crise sociale qui plongerait le monde dans un chaos sans précédent. Dès l’apparition des premières contaminations par le virus, début mars 2020, le Maroc a pris un ensemble de dispositions pour limiter les dégâts, potentiellement prévisibles du fait de la pandémie. En effet, les dégâts auraient été incommensurables sans le confinement, rapidement mis en place et sans les mesures appropriées, prises au niveau des règles sanitaires de prévention et de traitement. Cependant si ces agencements ont permis d’éviter des pertes humaines importantes, comme celles observées par de nombreux pays, ils se sont avérés coûteux en termes de disponibilité de revenus et de préservation d’emplois. Ce, d’autant plus que le choc combiné de l’offre et de la demande à peser lourd sur l’économie nationale, au point d’imposer l’urgence d’une rectification de la Loi de finances en vigueur pour l’exercice 2020.
Restructuration du Système de Santé Publique : Une stratégie ouverte sur le partenariat
Jamais un changement de paradigme n’a été aussi radical, au Maroc, que dans le secteur de la santé dès l’avènement du Covid-19. En effet, la remise en cause de ce système était unanimement décriée : les revendications se succédaient entre mobilisation du personnel médical et paramédical et autre étudiant en médecine, sans compter les persiflages qui dénonçaient les excès réels ou supposés de la partie privée du secteur. L’électrochoc de la pandémie a alors été à l’origine d’une métamorphose du système de santé publique qui, sans transition, a vu s’estomper toutes les récriminations, pour faire la démonstration d’un engagement sans faille, d’un service de qualité vanté par les pays à haute infrastructure sanitaire et donné en exemple par l’Assemblée générale de l’OMS. En réponse à sa faillite préalablement annoncée, l’hôpital public a fait preuve d’une résilience sans faille, résultat d’un effort de l’ensemble des parties concernées. Il reste toutefois que les dysfonctionnements et autres insuffisances, à caractère structurel, n’ont pas disparu pour autant. Les déficits en ressources humaines, en équipements et en accès équitable aux soins restent latents. La question est désormais de savoir s’il est possible de transformer cette performance conjoncturelle en modèle d’efficacité durable.
Développement Rural : Quelle stratégie pour l’après-pandémie ?
Le monde rural a souffert doublement tout au long de l’épisode épidémique. Aux effets dévastateurs de la crise sanitaire qui a pratiquement paralysé les flux commerciaux dans les campagnes s’est ajoutée la sévérité du climat et son incidence sur les principales spéculations. En dehors des cultures céréalières qui ont été durement affectées par la sécheresse, les évaluations de la production agricole au terme du premier semestre montrent cependant une certaine résilience du secteur qui a permis d’approvisionner de façon régulière les marchés et répondre à la demande intérieure en produits alimentaires de base. S’il est une leçon à tirer de l’épisode épidémique, c’est qu’il devient absolument nécessaire de se prévaloir à l’avenir d’un certain degré de résilience face aux chocs de toute nature. La stratégie de développement agricole devrait à l’avenir œuvrer pour la convergence du monde rural vers les standards du milieu urbain en termes de revenus, d’emploi, de niveau de vie et d’inclusion. Un tel objectif ne devrait pas perdre de vue, dans le nouveau contexte post-épidémique, l’impératif de sécurité alimentaire.
Soutien aux Entreprises : Forte implication de l’État et de la banque centrale
Suite à l’éclatement de la pandémie au coronavirus (Covid-19) et la forte perturbation ayant affecté le fonctionnement normal de l’ensemble des marchés dans leurs doubles dimensions d’offre et de demande, l’Etat a pris tout un train de mesures de nature à aider les entreprises à retrouver des niveaux d’activité d’avant la survenue de cette catastrophe sanitaire. Cette stratégie interventionniste de l’Etat comprend deux volets. Au dispositif de garanties musclé piloté par la Caisse Centrale de Garanties (CCG) pour le compte de l’Etat, Bank Al-Maghrib (BAM) a inauguré une nouvelle ère dans la conduite de la politique monétaire en phase avec la gravité de cette conjoncture inédite dans les annales économiques du pays. Cette double intervention a pour objectif d’une part de préserver l’intégrité du tissu productif en limitant les fermetures et les faillites d’entreprises, et d’autre part d’assurer la disponibilité des financements nécessaires à toute relance des activités productives et au retour progressif à la normale.
Retour sur les Prévisions : Baisse prononcée de la croissance à -6,2% pour 2020
À un moment où le coronavirus continue son périple autour de la terre pour aller essaimer plus fortement outre atlantique aux Etats-Unis et en Amérique latine, le Royaume du Maroc a de nouveau prorogé d’un mois l’état d’urgence sanitaire. Malgré l’amélioration de la situation épidémiologique au niveau du pays en comparaison avec ce qui se passe ailleurs, la prudence est toujours de mise pour éviter une reprise de l’épidémie dans les localités les plus touchées. Cette conduite prudentielle dérive d’une peur légitime d’un retour de manivelle que la pandémie du coronavirus serait en mesure de provoquer tant la méconnaissance scientifique, qui entoure les caractéristiques de la maladie, de son développement et de sa propagation, est énorme. En effet, au regard du bilan enregistré à ce jour à travers le monde, environ 14 millions de personnes infectées et 600 mille décès, et au vu des importants dégâts que ce virus est en train d’occasionner dans les deux Amériques, une seconde vague de la pandémie serait loin d’être écartée.
LNT avec CdP