Le Groupe AMH a réalisé, en partenariat avec le cabinet Avicena Projects, une étude sur l’impact de la crise de la Covid-19 sur la prise en charge paramédicale des personnes en situation de handicap de la région de Casablanca-Settat.
L’objectif de l’enquête est d’analyser les conséquences de la pandémie sur les patients, mais aussi sur l’organisation des centres de santé spécialisés, et de formuler des solutions concrètes et adaptées.
Cette étude s’est essentiellement fondée sur l’expérience du Centre Hospitalier Noor et sur celle du CRRF d’Aïn Chock. Deux périodes distinctes ont été prises en compte : le confinement et la reprise dans un contexte sanitaire fragilisé.
Il est à noter que hors temps de crise, les personnes en situation de handicap comptent déjà parmi les populations les plus vulnérables du Maroc. Si le Royaume compte 2.3 millions de personnes en situation de handicap, on estime que les deux tiers n’ont pas accès à une protection sociale, et 61% ont des difficultés pour accéder au système de santé.
Avec la crise du Covid-19, ces obstacles semblent avoir pris une dimension inédite : suspension des actes paramédicaux non urgents pendant le confinement et reprise dans un contexte incertain, interruption du suivi médical, etc.
Cette enquête a étudié les causes et effets de la rupture de l’accompagnement proposé aux personnes en situation de handicap et a élaboré des solutions pour pallier les difficultés qui en résultent, pour permettre une prise en charge mieux adaptée en temps de crise.
Effets de la pandémie sur les patients
Les principaux effets du confinement évoqués par les participants à cette étude, essentiellement issus d’un milieu socioéconomique modeste sont une stagnation dans les progrès réalisés, voire une régression dans la mobilité avec l’interruption des séances de rééducation ; un accès limité aux capsules (des institutions et centres de santé) diffusées sur internet pour la réalisation d’exercices à domicile ; des difficultés pour réaliser des séances en auto-pratique (autres priorités, manque d’accompagnement, de place, etc.) ; la rage et l’impuissance face à l’arrêt des séances, la crainte de perte des progrès effectués, etc.
Après le déconfinement, l’étude rapporte une non-reprise des séances pour une partie des patients des deux centres étudiés (difficultés économiques, peur de la maladie) et réduction de leur mobilité. Pour ceux qui ont recommencé les séances, on constate un délai parfois plus conséquent pour la prise de rendez-vous lié aux mesures sanitaires impliquant une réduction du nombre de patients pouvant être accueillis chaque jour par les centres, etc. Il est à préciser que parmi les patients qui ont repris les séances, la majorité s’est déclarée rassurée par les mesures d’hygiène mises en place par les centres, toutefois l’appréhension liée au Covid-19 est encore très présente, en particulier chez les familles ayant à charge des personnes âgées.
Effets sur les professionnels des centres de santé
Cette pandémie a eu des effets également sur le personnel paramédical. Les professionnels paramédicaux des deux centres sondés, affirment avoir essayé de garder le lien avec les patients en autant que possible, en assurant un suivi à distance notamment à travers WhatsApp ou des appels téléphoniques). Par la suite, la sensibilisation des patients et le respect des gestes barrières ont supposé une adaptation de leur pratique, et entraîné une charge de travail supplémentaire.
Il ressort de cette enquête, que de façon générale, la durée, le manque de visibilité et le caractère inédit de la situation, ont été évoqués comme des facteurs affectant directement la pratique professionnelle, qui doit être continuellement adaptée afin de trouver un équilibre entre les besoins en matière de rééducation des patients et la protection sanitaire.
S’il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif de la pandémie de Covid-19, il semblerait que les personnes en situation de handicap font partie des groupes les plus affectés dans tous les aspects de leur vie. Selon cette étude, nombreuses sont les personnes en situation de handicap qui courent un risque plus élevé de contracter le virus et de développer des complications graves, du fait de problèmes de santé préexistants, ou d’une vie en institution. Cette catégorie a également été confrontées à de plus grandes barrières comportementales, environnementales et institutionnelles.
En effet, les personnes en situation de handicap ont dû faire face à une difficulté d’accès accrue aux services de santé et à l’information, ainsi qu’à de graves perturbations dans leur emploi, leur éducation, et leur accès aux services de soutien et d’accompagnement.
Néanmoins, il est important de souligner que le handicap n’est pas homogène et qu’il faut considérer la diversité des situations et des expériences. Il n’est pas non plus évident de différencier quels impacts sont spécifiques ou plus sévères en comparaison avec le reste de la population conclus l’enquête.
A l’issue de cette étude, le Groupe AMH appelle à développer un programme pilote de réadaptation à distance pour compléter et enrichir les soins existants, à renforcer la digitalisation des services, à développer des activités complémentaires aux services paramédicaux et médicaux existants et insiste sur la nécessité d’obtenir des données et statistiques fiables sur le handicap pour mettre en place des programmes adaptés.
AL