Le député conservateur britannique Boris Johnson, à Londres le 12 juin 2019 © AFP Tolga AKMEN
Les députés conservateurs britanniques commencent jeudi l’écrémage des candidats à la succession de la Première ministre Theresa May, une course de plusieurs semaines dominée par la question du Brexit et que l’imprévisible eurosceptique Boris Johnson a entamée en pole position.
Huit hommes et deux femmes briguent le poste de chef du Parti conservateur, après la démission de Mme May vendredi. Le vainqueur prendra possession du 10, Downing Street, la fonction échéant au leader de la formation réunissant une majorité parlementaire suffisante pour gouverner.
Ce processus a lieu en deux temps: les 313 députés conservateurs s’expriment d’abord sur les candidats lors d’une série de votes à bulletin secret jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que deux, avant que les 160.000 membres du parti ne départagent les finalistes, d’ici la fin juillet.
Le premier tour du vote des députés tory aura lieu jeudi entre 09H00 et 11H00 GMT, les candidats obtenant moins de 17 voix étant éliminés.
Si dix candidats sont en lice, la compétition ressemble pour l’heure à un affrontement entre Boris Johnson et les neuf autres.
A 54 ans, l’ancien ministre des Affaires étrangères de Theresa May, grand artisan de la victoire du Brexit lors du référendum de 2016, n’a jamais semblé aussi proche de prendre les commandes de l’exécutif britannique, un objectif que cet ambitieux député vise depuis plusieurs années, sinon sa plus tendre enfance.
– « No deal » en dernier recours –
Favori des bookmakers, il joue la carte du sauveur du Brexit après l’échec de Theresa May à mettre en oeuvre la sortie de l’UE. La Première ministre, qui restera en fonction jusqu’à la désignation de son successeur, a été contrainte de repousser au 31 octobre cette échéance historique initialement prévue le 29 mars, après avoir vu le Parlement rejeter par trois fois son accord de divorce négocié avec Bruxelles.
« BoJo » a assuré, s’il devient Premier ministre, que le Royaume-Uni quitterait l’UE le 31 octobre, accord renégocié ou pas. Mercredi, lors du lancement de sa campagne, il a toutefois assoupli sa position en faisant du « no deal » une solution « de dernier recours ».
« Je ne pense pas que ça se terminera comme ça, a ajouté l’ancien maire de Londres. Mais il est responsable de préparer avec détermination » ce scénario, qui inquiète tout particulièrement les milieux économiques.
Boris Johnson a aussi prévenu qu’il refuserait que le Royaume-Uni paie la facture du Brexit – estimée entre 40 et 45 milliards par l’actuel gouvernement – jusqu’à ce que l’UE accepte de meilleures conditions de retrait.
Une menace à la Donald Trump qui a fait grincer des dents côté européen, Bruxelles rappelant d’ailleurs mercredi que Londres devra honorer ses engagements financiers dans le cas d’un « no deal », une des « conditions préalables » à l’ouverture de négociations sur un futur traité commercial.
– Mister gaffes –
Charismatique, reconnaissable entre mille avec sa tignasse blonde hirsute, Boris Johnson a la cote chez les militants conservateurs de base. Moins parmi ses pairs, qui lui reprochent ses gaffes et un certain dilettantisme.
Le candidat s’est excusé mercredi d’avoir pu se montrer offensant, tout en assurant qu’il « continuerait de parler aussi franchement qu’il le peut ».
Si le Brexit reste l’enjeu ultra-dominant, le lancement officiel de cette course au pouvoir, lundi, a été marqué par un sujet inattendu: la cocaïne.
L’un des prétendants, le ministre de l’Environnement Michael Gove, a admis en avoir consommé alors qu’il s’était prononcé ouvertement contre l’usage de cette drogue, plombant peut-être irrémédiablement sa campagne.
Boris Johnson lui a botté en touche, sans nier lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il en avait déjà pris comme il l’a affirmé par le passé au magazine GQ.
« Je crois que cette information quand j’avais 19 ans est apparue à de nombreuses reprises et que la plupart des gens dans ce pays veulent que nous nous concentrions sur cette campagne », a-t-il dit.
LNT avec Afp