Des soignants de la Croix Rouge transportent un malade soupçonné d'être contaminé par le coronavirus à l'hôpital à Mexico, le 20 mai 2020 © AFP PEDRO PARDO
Le nouveau coronavirus a officiellement touché plus de 5 millions de personnes dans le monde, principalement en Europe où le déconfinement se poursuit avec l’angoisse d’une résurgence, au moment où la Chine s’apprête à proclamer sa « victoire » sur l’épidémie.
Le nombre de cas officiellement diagnostiqués a doublé en un mois pour atteindre au moins 5,01 millions, parmi lesquels 328.220 décès, selon un comptage de l’AFP.
Si ce bilan est sans doute largement sous-évalué, les données recueillies auprès de sources officielles révèlent une accélération du nombre de nouveaux cas avec des augmentations particulièrement élevées ces dix derniers jours.
Continent le plus touché avec près de 2 millions de cas, dont plus de 170.000 mortels, l’Europe progresse néanmoins sur la voie d’une très lente normalisation.
Après deux mois de confinement, Chypre a rouvert ses cafés, restaurants en plein air et salons de coiffure ainsi que des écoles. Si les plages vont aussi rouvrir samedi –pour les baignades, pas pour le bronzage–, aéroports et hôtels restent fermés, prolongeant le supplice du secteur touristique, crucial pour l’économie de l’île.
Des avancées qui s’accompagnent de la crainte d’une recrudescence de l’épidémie.
Soleil printanier aidant, le retour de l’apéro en terrasse en Italie a alarmé les autorités. « Ce n’est pas le moment pour la fête ou la +movida+! », a prévenu le Premier ministre Giuseppe Conte.
En Espagne, le port du masque dès six ans est désormais obligatoire dans tous les lieux publics quand il n’est pas possible de garder ses distances.
Une mesure saluée à Madrid par Cristina Quevedo Jorquera. « Cela me donne un sentiment de sécurité », a expliqué cette enseignante à l’AFP. « Il y aura encore des contaminations avec le masque mais sans masque, cela reviendrait à se jeter à l’eau sans savoir nager ».
La directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), Andrea Ammon, a prévenu que l’Europe devait se préparer à une deuxième vague épidémique. « Je ne veux pas dresser une image catastrophique mais je pense que nous devons être réalistes. Ce n’est pas le moment, maintenant, de se relâcher complètement », a-t-elle dit dans un entretien au quotidien The Guardian.
– Menace chinoise de « rétorsion » –
En Chine, où l’épidémie est officiellement apparue en décembre dans la ville de Wuhan, les 3.000 députés de l’Assemblée nationale populaire (ANP) vont se réunir à partir de vendredi pour la grand-messe annuelle du régime communiste du président Xi Jinping.
La session « devrait donner l’occasion à Xi Jinping de proclamer la victoire totale dans ‘la guerre populaire’ contre le virus », prévoit la politologue Diana Fu, de l’Université de Toronto (Canada), même si le pays redoute une deuxième vague après la résurgence du virus dans certains endroits ces dernières semaines.
Restée de marbre après les propos de Donald Trump qui l’a accusée d’être responsable d’une « tuerie de masse mondiale », la Chine a en revanche menacé de « mesures de rétorsion » si le Congrès américain adoptait des sanctions pour son rôle supposé dans la propagation de l’épidémie.
« Nous sommes fermement opposés à ces projets de loi et adopterons une réponse ferme et des mesures de rétorsion » s’ils sont adoptés, a averti devant la presse le porte-parole de l’ANP, Zhang Yesui.
L’épidémie continue à faire des ravages aux Etats-Unis, pays le plus touché au monde en nombre de contaminations (1,55 million de cas) et de décès (plus de 93.400).
Très critiqué pour sa gestion de la crise, le président américain veut coûte que coûte redémarrer l’économie de son pays à quelques mois de l’élection présidentielle et plaide pour un retour à la normale, notamment en préconisant un G7 de visu.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, et le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, se sont dits disposés à se rendre à Camp David, la résidence de villégiature officielle du président américain, « si les conditions sanitaires le permettent ».
– Accélération des cas en Amérique latine –
L’Amérique latine et les Caraïbes sont la région où le nombre de cas augmente désormais le plus avec près de 30.000 nouveaux cas recensés mercredi.
Le Brésil est en première ligne, subissant une accélération marquée de l’épidémie avec un bilan quotidien qui vient de grimper jusqu’à 1.179 décès. Mais le président d’extrême droite Jair Bolsonaro continue de minimiser la dangerosité du virus et de critiquer le confinement.
Le photographe franco-brésilien Sebastiao Salgado, 76 ans, qui a passé sa vie à immortaliser avec son objectif la condition des plus pauvres et leur environnement dégradé, craint que les peuples indigènes d’Amazonie ne subissent un « génocide » faute de soins dans le Brésil de Jair Bolsonaro.
Sous la pression du chef de l’Etat brésilien, le ministère de la Santé a recommandé mercredi l’usage de la chloroquine et de son dérivé, l’hydroxychloroquine, pour les patients atteints d’une forme légère du Covid-19.
Dans l’attente d’un vaccin et d’un remède, l’emploi de cet antipaludéen et de son dérivé fait débat, leur effet contre cette maladie n’ayant pas été prouvé à ce jour.
Lueur d’espoir: des chercheurs ont montré que des singes vaccinés ou infectés par le nouveau coronavirus avaient développé des anticorps leur permettant d’être protégés contre une nouvelle infection.
Au Mexique, la reprise éventuelle du championnat de football a du plomb dans l’aile après que huit joueurs de l’équipe de Santos Laguna ont été testés positifs.
« Cela complique singulièrement le scénario d’une reprise », a reconnu le propriétaire de Santos Alejandro Irarragorri sur la chaîne de télévision sportive TUDN.
Toujours dans le domaine sportif, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach a admis que les Jeux olympiques de Tokyo, repoussés d’un an à cause de l’épidémie de Covid-19, seraient annulés s’ils ne se tiennent pas en 2021.
LNT avec Afp