Des Indiens regardent depuis leur résidence à Amristar la télévision pour suivre l'allocution du Premier ministre Narendra Modi, le 14 avril 2020 © AFP NARINDER NANU
Le Premier ministre indien Narendra Modi a annoncé mardi la prolongation au moins jusqu’au 3 mai du confinement de son pays de 1,3 milliard d’habitants, la plus grande population au monde soumise à ce genre de mesure dans la lutte contre la pandémie de coronavirus.
Un confinement sévère est en place au niveau national depuis le 25 mars dans la deuxième nation la plus peuplée de la planète. Il avait été initialement déclaré pour trois semaines. Mais face à l’accélération de la croissance de cas locaux de covid-19, de nombreux États avaient appelé ces derniers jours le gouvernement central à prolonger le dispositif.
« D’un point de vue économique, nous avons payé un prix important », a déclaré le dirigeant nationaliste hindou dans une adresse télévisée à la nation, « mais les vies des Indiens sont bien plus précieuses ».
L’Inde a recensé à ce jour 10.363 cas confirmés de coronavirus et 339 morts, selon le dernier bilan officiel mardi matin. Ces chiffres sont vraisemblablement sous-estimés en raison de la faiblesse du dépistage.
Le chef de gouvernement, qui a commencé son allocution avec un foulard sur la bouche avant de le descendre autour de son cou au bout de quelques phrases, s’est félicité que l’Inde ait décrété ce confinement alors que le nombre de cas était encore relativement peu élevé sur son territoire.
Si cette décision n’avait pas été prise, « la situation de l’Inde aurait été différente. De l’expérience de ces derniers jours, il est clair que la voie que nous avons choisie est correcte », a-t-il estimé.
Le géant d’Asie du Sud est au point mort depuis la fin mars. Les transports publics sont à l’arrêt et les frontières entre les différents États fermées.
La sévérité de la mise en œuvre du confinement a laissé des milliers de camions d’approvisionnement bloqués sur les autoroutes indiennes et des employés de secteurs essentiels ne peuvent plus se rendre au travail.
Avec la perturbation des chaînes d’approvisionnement, même des secteurs cruciaux comme les commerces alimentaires font face à des difficultés pour fonctionner.
L’arrêt de l’activité a porté un coup terrible aux Indiens les plus pauvres, qui vivent au jour le jour et ont peu ou pas d’économies. Des millions de travailleurs journaliers se sont retrouvés soudain sans gagne-pain et ont dû rentrer à pied dans leurs villages, marchant parfois des centaines de kilomètres.
Privés de ressources, nombre d’Indiens dépendent aujourd’hui pour survivre des distributions de nourritures opérées par les autorités ou des organisations caritatives.
À partir du 20 avril, les districts les moins touchés pourraient bénéficier d’assouplissements du confinement au cas par cas pour reprendre un semblant d’activité, a indiqué Narendra Modi dans son allocution. De nouvelles règles pour le fonctionnement de secteurs essentiels, comme l’industrie et l’agriculture, seront annoncées mercredi.
Des analystes s’attendent à une croissance de seulement 1,5 à 2% pour cette année en Inde, bien en-dessous des 8% en progression annuelle dont elle a besoin pour absorber le million de jeunes entrant chaque mois sur son marché du travail.
LNT avec Afp