L’Europe, continent le plus endeuillé par la pandémie de coronavirus avec plus de 50.000 morts, espère lundi une poursuite de la baisse du nombre de décès enregistrés quotidiennement, mais les Etats-Unis s’attendent à une semaine extrêmement difficile, comparée par ses dirigeants aux attentats du 11-Septembre.
La pandémie a fait près de 70.000 morts dans le monde, depuis son apparition en décembre en Chine.
Parmi les quelques 1,25 million de cas recensés, le Premier ministre britannique Boris Johnson, hospitalisé dimanche dix jours après avoir été testé positif. « Mesure de précaution », ont assuré ses services, car il « continue de présenter des symptômes persistants du coronavirus ».
« Aujourd’hui, il est à l’hôpital pour subir des tests, mais il continuera d’être tenu informé de ce qui se passe et d’être aux commandes du gouvernement », a assuré Robert Jenrick, ministre chargé du Logement et des Communautés.
Des signes encourageants apparaissent, timidement, en Europe. En Espagne, le bilan quotidien des décès était en baisse lundi (637 morts en 24 heures), pour le quatrième jour consécutif. Et la contagion ralentit dans le pays qui a payé le plus lourd tribut à la maladie après l’Italie.
« La pression diminue » grâce à « une certaine décrue » des hospitalisations et admissions en soins intensifs, s’est félicitée dimanche Maria José Sierra, du Centre d’alertes sanitaires espagnol.
Mais le pays, après plus de 13.000 morts, étudie « très sérieusement » l’idée d’imposer le masque pour sortir de chez soi, prenant en exemple les sociétés asiatiques qui ont déjà du surmonter d’autres épidémies.
– « Nous vaincrons » –
En Italie, « la courbe a commencé sa descente », constatait dimanche le patron de l’Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.
Le pays, qui compte près de 16.000 morts, sait néanmoins qu’il a « encore quelques mois difficiles » devant lui, a insisté le ministre de la Santé, Roberto Speranza. « Il ne faut pas baisser la garde », a confirmé le Premier ministre Giuseppe Conte.
La solidarité s’organise comme elle peut, avec de la nourriture passée de balcon en balcon dans les quartiers pauvres de Naples.
Une tendance à la baisse était aussi enregistrée dimanche en France, avec 357 décès enregistrés à l’hôpital au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis une semaine.
Mais les autorités ont aussi prévenu que la France allait sans doute connaître en 2020 sa pire année de récession économique depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
En Grande-Bretagne, le moment était assez solennel pour une allocution, rare, de la reine Elisabeth II.
« Nous vaincrons – et cette victoire sera celle de chacun d’entre nous », a lancé dimanche soir la souveraine de 93 ans. « Et ceux qui nous succéderont diront que les Britanniques de cette génération étaient aussi forts que les autres ».
– « Pearl Harbor » –
Aux Etats-Unis, où le bilan approche 10.000 morts (9.633 dimanche), la propagation inquiète au plus haut point.
« Dans les jours à venir, l’Amérique va supporter le pic de cette terrible pandémie. Nos combattants dans cette bataille à la vie et à la mort sont les incroyables médecins, infirmiers et personnels de santé en première ligne », a déclaré dimanche soir le président Donald Trump.
« Nous savons tous que nous devons atteindre un certain seuil, qui va être horrible en termes de morts, pour que les choses commencent à changer. Nous arrivons tout près de ce point-là maintenant. Et les deux prochaines semaines vont être, je pense, très difficiles », a-t-il jugé.
L’administrateur fédéral des services de santé publique, Jerome Adams, a préparé l’opinion publique au pire. « La semaine prochaine sera un moment comme Pearl Harbor, comme le 11-Septembre, sauf que ce ne sera pas localisé, ce sera dans tout le pays ».
Dans l’épicentre, la mégalopole de New York, le système de santé est « en situation de stress » faute « d’équipements et de professionnels » en nombre suffisant, d’après le gouverneur de l’Etat, Andrew Cuomo.
Une baisse du nombre de morts dimanche lui a fait espérer être « très proche du pic », même s’il « est encore trop tôt » pour le savoir.
– Vers l’état d’urgence à Tokyo –
La baisse de la mortalité liée au Covid-19 en Europe a rassuré les investisseurs lundi: dans le sillage de Tokyo (+4,24% à la clôture), Paris et Francfort ont ouvert sur une hausse respective de 3,46% et 3,81%, tandis que Londres progressait de 2,43% vers 07H50 GMT.
Partout dans le monde, les dirigeants tentent de convaincre leurs concitoyens de tout faire pour éviter la propagation de l’épidémie, et de montrer l’exemple.
Le gouvernement japonais se préparait à déclarer mardi l’état d’urgence dans plusieurs régions du pays où les cas de Covid-19 sont en forte hausse, dont Tokyo et Osaka.
Le Premier ministre Shinzo Abe a annoncé dans le même temps un plan massif de soutien à l’économie du pays de 915 milliards d’euros.
A contre-courant, l’Autriche où le Covid-19 a fait 204 morts, souhaite progressivement assouplir les restrictions en vigueur pour lutter contre le nouveau coronavirus à partir du 14 avril, en commençant par la réouverture des petits commerces et selon un calendrier qui s’étalera sur plusieurs mois.
« Notre but est une remise en marche par étapes », a déclaré le chancelier Sebastian Kurz lors d’une conférence de presse, appelant la population à conserver « la plus grande discipline ».
Enfin, le secrétaire de l’ONU Antonio Guterres a eu une pensée pour les femmes et jeunes filles. Avec le confinement, « le monde a connu une horrible flambée de violence domestique (…) Je lance aujourd’hui un nouvel appel pour la paix à la maison, dans les foyers, à travers le monde entier ».
LNT avec Afp