Au 20e jour de la contestation contre les mesures sanitaires à Ottawa, les forces de l’ordre faisaient pression sur les manifestants pour tenter de les déloger sans employer la force, le Premier ministre Justin Trudeau ayant affirmé que la police avait maintenant les moyens pour que « cela finisse ».
« Vous devez quitter les lieux maintenant. Quiconque bloquant les voies de circulation, ou aidant d’autres à le faire, commet une infraction criminelle ou peut être arrêté », est-il écrit sur un tract distribué aux contestataires mercredi, a constaté une journaliste de l’AFP.
Un peu plus tard, la police a aussi averti que les manifestants risquaient de voir leurs véhicules confisqués, leur permis annulés, leurs comptes bancaires examinés…
« On a maintenant donné plus d’outils aux forces de l’ordre » pour « qu’ils puissent commencer leurs actions », a déclaré Justin Trudeau mercredi, estimant qu’il était « temps que cela finisse ».
Il y a deux jours, en réponse à cette crise nationale, le Premier ministre a invoqué le recours à la loi sur les mesures d’urgence pour la deuxième fois dans l’histoire du Canada, en temps de paix.
Cette disposition, qui permet d’avoir recours à des « mesures extraordinaires », avait été utilisée la dernière fois lors de crise de 1970 quand Pierre Elliott Trudeau, le père de l’actuel Premier ministre, dirigeait le pays.
Le dernier blocage d’un axe frontalier avec les États-Unis a été levé mercredi. Après six jours de blocage, « l’accès complet au poste frontalier d’Emerson est maintenant rétabli », a déclaré la police du Manitoba.
Dans les rues d’Ottawa, des centaines de camions étaient toujours garés dans les rues du centre-ville, mercredi. Le camionneur Jan Grouin, 42 ans, présent depuis le début du mouvement, regrette que Justin Trudeau ne vienne pas leur parler. Etre délogé cette semaine « serait une surprise », avance-t-il.
Mais le chef intérimaire de la police d’Ottawa s’est montré confiant expliquant avoir un « plan » et les « ressources nécessaires ».
« Certaines des techniques que nous avons le droit d’employer et que nous sommes prêts à employer ne sont pas couramment vues à Ottawa », a déclaré Steve Bell. « Mais nous sommes disposés à y avoir recours au besoin pour aboutir à la résolution la plus sûre et pour rétablir l’ordre », a-t-il ajouté expliquant toutefois que cela « allait prendre du temps ».
Son prédécesseur Peter Sloly, dont la gestion de la crise a été vivement critiquée, a démissionné mardi.
– Appel à lever l’obligation vaccinale –
Alors que des résidents d’Ottawa et de nombreux élus exhortent les manifestants à libérer la capitale depuis des jours, des organisateurs du mouvement baptisé « Convoi de la liberté » ont défié une fois de plus les autorités mercredi en invitant la population à se joindre au mouvement.
« Plus il y aura de Canadiens à Ottawa, plus il sera difficile pour la police de faire appliquer cet ordre du gouvernement », a déclaré en conférence de presse Daniel Bulford, un ancien policier qui a démissionné après avoir refusé d’être vacciné.
Le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino avait cependant un message pour ceux qui seraient tentés de converger vers la colline du Parlement pour un quatrième week-end d’affilée: « N’y allez pas. Vous pourriez vous joindre à une activité criminelle dangereuse ».
Mercredi, dans une lettre, une quinzaine de gouverneurs américains et les Premiers ministres de deux provinces canadiennes ont toutefois exhorté Joe Biden et Justin Trudeau à lever l’obligation vaccinale pour les transporteurs routiers transfrontaliers.
Minimisé au départ par les autorités, le mouvement de contestation canadien qui a débuté fin janvier est parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l’ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
LNT avec AFP.