
À l’approche de la première réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) pour l’année 2025, un consensus clair se dessine parmi les experts et les acteurs du marché financier en faveur du maintien du taux directeur à son niveau actuel de 2,50%.
Après une baisse de 25 points de base opérée lors de la dernière réunion de 2024, le Conseil semble s’orienter vers la stabilité. Cette position est soutenue par plusieurs facteurs, notamment l’évolution modérée de l’inflation et les incertitudes qui pèsent toujours sur l’économie mondiale.
Selon les données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une progression annuelle de 2% en janvier 2025. Cette hausse s’explique principalement par l’augmentation des prix des produits alimentaires (+3,3%) et des produits non alimentaires (+1,1%).
Parallèlement, les chiffres publiés par BAM indiquent une accélération du crédit bancaire au secteur non financier, qui a atteint 3,3% en janvier 2025, contre 2,6% un mois auparavant. Cette progression concerne tant les sociétés non financières que les ménages, avec une augmentation notable des prêts aux sociétés publiques (+8,6%) et privées (+1,2%), ainsi qu’une hausse des crédits aux ménages (+2%).
Dans ce contexte, plusieurs analystes privilégient la prudence. Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change, considère que la stabilité du taux directeur est justifiée. Il met en avant l’absence de tensions inflationnistes marquées et les perspectives économiques jugées favorables. « Les prévisions d’inflation pour 2025 indiquent une orientation à la baisse, soutenue par une bonne campagne agricole qui pourrait atténuer les pressions sur les prix », explique-t-il.
Du côté des investisseurs, Attijari Global Research (AGR) souligne, dans son dernier rapport stratégique, un large consensus en faveur d’un statu quo. Le sondage réalisé par AGR auprès de 35 investisseurs influents du marché marocain révèle une probabilité de 94% pour le maintien du taux directeur, contre seulement 6% pour une baisse supplémentaire. Aucun scénario de relèvement n’a été envisagé.
Les investisseurs institutionnels locaux, les acteurs de référence et les investisseurs étrangers partagent majoritairement cette vision. Cependant, une divergence apparaît du côté des investisseurs étrangers et des personnes physiques, qui privilégient plutôt une baisse du taux directeur de 25 points de base.
Dans un contexte marqué par une inflation maîtrisée et une croissance économique soutenue par de bonnes perspectives agricoles et des prévisions favorables du FMI et du HCP, la majorité des observateurs tablent sur une approche conservatrice de la Banque centrale.
Toutefois, dans un environnement mondial encore fragile et volatil, certains s’interrogent sur la possibilité d’une décision imprévue. Le verdict du Conseil de BAM, attendu cette semaine, devrait dissiper les incertitudes.
LNT avec MAP