MM. Boussaid et Mezouar
“Non, mais allo quoi”, serait-on tenté de dire en reprenant la célèbre Nabila…
Car, que dire d’autre à l’examen de la conjoncture économique nationale marquée, entre autres, par des indicateurs et des annonces qui n’augurent rien de bon, ni pour les entreprises, ni pour les citoyens et encore moins pour la résorption progressive des grands maux qui affectent le pays.
En effet, coup sur coup, deux événements sont venus attester de ce malaise grave, de cette morosité, mais surtout de l’incapacité (crasse ?) des pouvoirs publics à appliquer une politique de relance économique, malgré une conjoncture mondiale meilleure que jamais depuis 2007, la reprise des arrivées de touristes, une bonne campagne agricole, etc., etc.
Il y a eu, tout d’abord et très récemment, «la rencontre au sommet» entre le Grand Argentier, M. Mohamed Boussaïd, et le nouveau boss des patrons, M. Salaheddine Mezouar.
La presse a été conviée à cette réunion, destinée à examiner les voies et moyens d’en finir avec les délais et arriérés de paiements, les impayés et autres maux financiers qui, tout à la fois, détruisent chaque année des milliers d’entreprises, cassent l’emploi et assombrissent le quotidien des employeurs et des employés, empêchant ainsi ces créations de richesses dont le pays a tant besoin.
De cette rencontre, rien à dire, sinon que «la montagne a accouché d’une souris» et au forceps apparemment…
Car les sieurs Boussaïd et Mezouar, qui se connaissent très bien au demeurant, n’ont eu à offrir à l’opinion publique que l’Observatoire des délais de paiements et l’annonce de la création d’une commission mixte chargée d’étudier en profondeur cette question dramatique.
Que voilà de la belle ouvrage !
Un observatoire des paiements servira seulement, comme son nom l’indique si bien, à « observer » les entreprises en train de crever la bouche ouverte, à cause de ces délais qui n’en finissent plus de s’allonger.
Comme si le secteur privé et le ministère des Finances avaient encore à en apprendre sur cette problématique qui terrasse les entreprises depuis plusieurs années !
Et pour compléter cette avancée majeure, fruit de la concertation étroite entre Mezouar et Boussaïd, ils nous flanquent une nouvelle commission dans les pattes, laquelle sera chargée, d’ici septembre prochain, de trouver des solutions !
Soyons assurés que les membres de cette instance travailleront comme des malades jusqu’à cette échéance, surtout quand il s’agira d’observer toutes les fêtes nationales et les jours fériés dédiés à la célébration de l’Aïd El Adha…
Ainsi donc, on l’aura compris, les délais de paiements et les arriérés de l’État ne seront pas réellement traités avant les calendes grecques ou, pour rester dans les anciennes civilisations, peut-être pour les Ides de Mars, dans le meilleur des cas !
Et pendant que nos deux personnalités nationales devisaient devant les caméras, le Haut-Commissaire au Plan, M. Ahmed Lahlimi Alami soi-même, donnait à l’opinion publique de nouvelles raisons de désespérer en annonçant les prévisions de croissance du PIB pour 2018 et 2019, entre autres.
Et Monsieur le Haut-Commissaire, qui ne se trompe pratiquement jamais, ce qui n’est pas pour plaire à ses « amis » du gouvernement, de prédire que la croissance sera inférieure d’un point en 2018 par rapport à 2017, mais aussi qu’elle tombera à 2,9% en 2019.
Il prévoit également que l’investissement se portera encore plus mal, que le moral des ménages touchera le fond et que l’emploi restera ce qu’il est, aussi rare que mal payé !
Il serait donc judicieux, après cet énoncé, que la CGEM et le Ministère de l’Économie et des Finances annoncent une nouvelle réunion pour mettre sur pied un nouvel observatoire, celui de la faillite de la politique économique et sociale du gouvernement !
Nul doute que ses observations serviraient grandement à édifier les pouvoirs publics sur la crise actuelle…
On arrêtera ici ce persifflage pour faire remarquer qu’aujourd’hui, si rien n’est entrepris dans des délais très rapprochés, de façon aussi résolue que radicale, le pays et sa population continueront de sombrer dans le désespoir, l’abattement et la démoralisation.
Nos gouvernants sont incapables de mettre en place une politique dynamique, proactive, décidée et responsable à même de relancer la croissance, de l’élever à des taux qui permettent de nouvelles créations d’emplois alors qu’aujourd’hui, par leur inaction, ils sont les premiers responsables de ce marasme profond.
Comment redresser la situation, inciter à l’investissement, combattre efficacement le chômage, avec des taux de croissance aussi bas ?
Ce gouvernement a failli, bel et bien failli, il ne lui reste qu’une seule chose à faire, prendre la porte !
Par ici la sortie Messieurs-Dames, (même si elles sont très peu nombreuses dans l’équipe El Othmani).
Fahd YATA