L'ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, acquitté par la CPI le 11 juin 2018, lors d'une audition devant la cour pénale internationale le 21 juin 2016 à La Haye © POOL/AFP/Archives Michael Kooren
Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) rendront mercredi « au plus tard » leur décision sur une éventuelle libération de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, acquitté à la surprise générale de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
A l’issue d’une audience qualifiée d’urgente par la Cour qui siège à La Haye, le juge Bertram Schmitt a déclaré mardi que les juges rendraient leur « décision sur le maintien en détention de M. Bemba « demain (mercredi)au plus tard ».
Bien qu’acquitté, le Congolais n’a pas été libéré en raison d’une autre condamnation dans une affaire annexe dont la procédure est encore en cours.
Mais « il est temps pour tout le monde de passer à autre chose », a déclaré devant les journalistes l’avocat de M. Bemba, ajoutant qu’un « délai de 24 heures serait nécessaire pour organiser le déplacement vers la Belgique » du Congolais, qui n’a pas assisté à l’audience mardi.
En prononçant son acquittement historique vendredi, la chambre d’appel a estimé qu’il n’a pas été prouvé que M. Bemba, qui n’était pas lui-même présent en Centrafrique lors des faits, aurait pu contrôler à distance les agissements de sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC).
M. Bemba, ancien riche homme d’affaires devenu chef de guerre puis vice-président, a passé plus d’une décennie en détention après sa condamnation en première instance en 2016 à 18 ans de prison, la peine la plus lourde jamais imposée par la CPI, pour les meurtres, viols et pillages commis en Centrafrique par sa milice entre octobre 2002 et mars 2003.
Le procès du Congolais, qui s’est ouvert à La Haye en novembre 2010, était le premier de la CPI mettant en avant la responsabilité d’un commandant militaire quant à la conduite des troupes sous son contrôle.
Les juges étudient désormais la condamnation de M. Bemba dans une affaire annexe en mars 2017 à un an de prison et 300.000 euros d’amende pour subornation de témoins dans le cadre de son principal procès.
– Enfant chéri de Kinshasa –
L’ancien chef de guerre a passé la dernière décennie dans le centre de détention de la CPI situé dans le quartier balnéaire de La Haye.
Au vu du temps déjà passé en prison, « il n’y a aucune justification juridique ou objective de séparer M. Bemba encore un jour de plus de sa famille » installée en Belgique, a déclaré l’avocate du Congolais, Melinda Taylor.
La sentence dans l’affaire annexe est attendue le 4 juillet et d’ici là, « il n’y a aucun risque de fuite de M. Bemba en cas de libération et il a déjà assuré qu’il reviendrait à la CPI pour une audience si les juges le lui demandent », a poursuivi Mme. Taylor.
L’accusation a rétorqué que l’acquittement ne devait en rien influer sur le cours de l’affaire annexe, mais les experts en droit international s’accordaient à dire qu’il est « fort probable » que l’ancien vice-président congolais âgé de 55 ans soit libéré au vu du temps déjà passé derrière les barreaux.
A la fin de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), M. Bemba est devenu vice-président dans le cadre d’une transition politique dirigée par Joseph Kabila, qui a accédé à la tête de l’État à la mort de son père en 2001.
Battu par M. Kabila à l’élection présidentielle de 2006 après un entre-deux-tours émaillé de violences, il est élu sénateur.
L’acquittement de M. Bemba, enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages, intervient dans un contexte de tension croissante à l’approche de l’élection présidentielle prévue le 23 décembre.
Jean-Pierre Bemba « n’a jamais renoncé à ses ambitions politiques », a déclaré Peter Haynes.
LNT avec Afp