Le Premier ministre grec Alexis Tsipras au Parlement à Athènes, le 15 janvier 2019 © AFP Louisa GOULIAMAKI
Le Premier ministre grec Alexis Tspiras joue mercredi soir son va-tout devant le Parlement, appelé à lui voter la confiance au terme de débats acharnés sur l’accord avec le voisin macédonien quant à son nouveau nom.
Avant de s’exprimer sur l’accord de Prespes (ou Prespa) qui rebaptise République de Macédoine du Nord le petit pays balkanique, les députés grecs doivent décider mercredi à minuit (22H00 GMT) s’ils accordent ou non leur confiance au gouvernement Tsipras.
« Chacun doit assumer ses responsabilités en ce moment crucial », a martelé mardi le chef du gouvernement grec, dont la coalition a éclaté sous l’effet des divisions provoquées par cet accord gréco-macédonien conclu en juin.
Les traits tirés, le Premier ministre a demandé la confiance des députés après la démission de son allié, le ministre de la Défense Panos Kammenos, chef du petit parti souverainiste des Grecs indépendants (ANEL), qui a mis un terme à quatre ans de coalition.
« Ma conscience exige que nous exploitions cette opportunité historique, même si elle a un coût politique », a déclaré Alexis Tsipras à l’ouverture des débats mardi.
« Je demande au Parlement de renouveler sa confiance dans le gouvernement qui a sorti le pays de la crise », a rappelé le leader de gauche. Il a estimé que les prochaines élections n’auraient pas lieu avant l’automne: selon lui, le gouvernement « a encore neuf mois et de très importantes missions à mener ».
Son parti, Syriza, compte 145 députés sur les 300 du parlement grec. Or la confiance n’exige qu’une majorité simple, de 120 élus ou plus.
Alexis Tsipras est certes fragilisé par le départ de Panos Kammenos, qui a annoncé qu’il voterait la défiance en raison de son opposition à l’accord gréco-macédonien. Mais il doit pouvoir compter sur le vote de quatre députés ANEL ayant fait sécession, ainsi que sur celui d’une élue indépendante, à en croire les médias grecs, qui évoquent des « tractations en coulisses ».
« Cuisine politique » ou « concertations et marchandages »: les quotidiens Ta Nea (centre-gauche) et Kathimerini (droite) soulignent en outre le vote-clé d’un député dissident de Potami (pro-européen), qui aurait décidé d’accorder sa confiance à Tsipras au risque d’être exclu de son parti.
– Accord « dévastateur » –
À droite, la Nouvelle Démocratie (78 députés), en tête dans les sondages sur les prochaines législatives, votera contre le gouvernement, avec comme objectif de précipiter les élections.
« Pensez-vous que vous allez intimider les élus? Ils ne se laisseront pas terroriser », a fustigé le leader du principal parti d’opposition, Kyriakos Mitsotakis, à l’adresse du Premier ministre.
« Le pays a besoin d’un nouveau gouvernement, nous avons perdu trop de temps », a-t-il ajouté, lui qui juge « dévastateur » l’accord sur le nouveau nom de la Macédoine.
Au coeur des débats parlementaires, l’accord gréco-macédonien ouvre les portes de l’UE et de l’Otan à la jeune République de Macédoine, née de l’éclatement de la Yougoslavie. La Grèce avait jusqu’alors opposé son veto à cette adhésion, jugeant que le nom de Macédoine n’appartenait qu’au patrimoine historique grec et désignait exclusivement sa province septentrionale.
Pour Alexis Tspiras, l’accord qui rebaptise l' »ancienne république yougoslave de Macédoine » (Arym, Fyrom en anglais) en « République de Macédoine du nord », est « une occasion historique » de mettre fin à un litige politico-sémantique qui dure depuis 27 ans.
L’accord de Prespes devra être validé au parlement grec avant fin janvier, après l’avoir été par les élus macédoniens.
La bataille est loin d’être gagnée, l’accord devant recueillir la majorité absolue (151 voix) à la Vouli.
Mais, selon le Premier ministre, « un jour viendra où nous serons tous jugés par l’Histoire ».
LNT avec Afp