
Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Le cycle de conférence organisé sur les Résultats et Perspectives des Sociétés Cotées par la Bourse de Casablanca a entamé son nouveau cycle, avec un premier événement qui s’est tenu le 28 mai 2024 à Casablanca, réunissant des experts du secteur financier, des analystes et des dirigeants d’entreprises pour discuter des tendances actuelles et futures du marché boursier marocain.
Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca, a ouvert la conférence en soulignant l’intérêt croissant pour la bourse observé au cours des dernières années. « Nous avons constaté un regain d’intérêt de la part des petits porteurs, avec plus de 30 000 nouveaux investisseurs lors des deux dernières IPO. La liquidité et la performance des indices sont également en hausse. La question que nous nous posons tous est de savoir si cette tendance va se poursuivre », a-t-il déclaré.
Adil Hlimi, journaliste chez Boursenews et modérateur de cette première conférence, a rappelé que cette initiative a été lancée en pleine pandémie en 2020 pour rassurer et expliquer aux opérateurs les enjeux du marché. « À cette époque, malgré la crise, les analystes voyaient des opportunités plutôt que des risques, et l’avenir leur a donné raison. La Bourse de Casablanca a montré une résilience remarquable et les indices sont plus élevés qu’en 2020 », a-t-il ajouté.
La conférence a abordé des sujets macroéconomiques importants, notamment les effets de l’organisation de la Coupe du Monde sur l’économie marocaine. Un focus particulier a été mis sur le secteur cimentier, un acteur clé en raison de sa capitalisation boursière et de son rôle structurant dans les chantiers nationaux.
Dounia Filali, de BMCE Capital Gestion, a discuté de la croissance économique du Maroc, en soulignant que 2024 pourrait être une année de transition vers la normalité après plusieurs crises successives. « Le Maroc pourrait atteindre une croissance de 2,1% à 3,5% cette année, malgré une campagne agricole médiocre due à des conditions climatiques défavorables », a-t-elle noté.
Mme Filali a également abordé la question de l’inflation, en mentionnant que les pressions inflationnistes commencent à se relâcher grâce à une politique monétaire restrictive et à la baisse des cours internationaux. « En termes de finances publiques, la situation reste sous contrôle avec une stabilisation du déficit public et une augmentation des recettes fiscales », a-t-elle ajouté.
Dynamique de l’investissement
Le Maroc se trouve à un carrefour important, avec de nombreux projets et une volonté gouvernementale de transformer l’économie. « Les perspectives de croissance sont soutenues par des investissements structurants et une amélioration de la compétitivité des produits nationaux », a expliqué Mme Filali. Elle a également souligné que la nouvelle charte d’investissement devrait stimuler l’investissement privé, portant sa part à 60% contre 30% actuellement.
BKGR estime que « tous ces projets sociaux vont devoir coûter, selon nos estimations, entre 100 et 150 milliards de dollars ». Et de préciser qu’ainsi, c’est l’équivalent du PIB marocain qui va être injecté en investissements en 5 ans. « L’Etat devrait financer une grande partie « hors budget » en utilisant des financements innovants et internationaux », a précisé Mme Filali. Et de rassurer : Ces 150 milliards « pourraient un peu d’impacter le déficit budgétaire mais ne devraient pas déstabiliser les marchés obligataires ».
La conférence a également mis en lumière les défis persistants, tels que le stress hydrique, la dégradation des terres agricoles et le risque de reprise de l’inflation. Cependant, les opportunités sont nombreuses, avec une reprise de la demande et une amélioration de la demande étrangère grâce aux échanges commerciaux renforcés.
En conclusion, la conférence a souligné que malgré les défis, le Maroc montre une résilience remarquable grâce à des fondamentaux économiques solides et des politiques gouvernementales efficaces. Les projets d’envergure, tels que le développement des infrastructures et l’amélioration de la compétitivité, sont essentiels pour propulser le Maroc vers une croissance durable et inclusive.
« Les efforts de transformation structurelle de l’économie marocaine portent leurs fruits, et avec les bons catalyseurs, nous sommes sur la voie d’une croissance soutenue », a conclu Mme Filali.
La conférence a finalement souligné l’importance de la résilience et de l’engagement des acteurs économiques pour naviguer dans un environnement en constante évolution. Les perspectives de croissance restent optimistes, avec des initiatives et des stratégies bien définies et une dynamique portée par les grands projets du Royaume.
Selim Benabdelkhalek