
Dr Edoh Amenounve, Président de l'ASEA
La 24ème édition de la conférence annuelle de l’African Securities Exchanges Association (ASEA) a été organisée en format digital à partir de la Bourse de Casablanca ces 24 et 25 novembre. En fin de première journée, Dr Edoh Amenounve, Président de l’ASEA, et M. Tarik Senhaji, Directeur Général de la Bourse de Casablanca, ont reçu la presse pour présenter les travaux de la conférence, ainsi que les ambitions et projets de l’association et des bourses africaines en général.
Alors qu’il y a seulement 20 ans, l’Afrique ne comptait que 5 bourses, aujourd’hui, l’ASEA représente 26 bourses pour une capitalisation totale de 1 600 milliards de dollars. Une belle progression et un bon signe pour le continent, mais de réels défis persistent, admet Dr Amenounve : « Ce sont des bourses plus ou moins fragmentées, souvent de petite taille, avec un manque de profondeur et de liquidité ». Ces bourses, qui ont « un rôle extrêmement important à jouer dans le financement du développement des économies de notre continent », ne peuvent, seules, améliorer leur attractivité. « Les bourses africaines doivent absolument se parler, se connecter », afin d’offrir « plus d’options de financement pour les entreprises, et plus d’outils pour les investisseurs ». Dr Amenounve est particulièrement bien placé pour appuyer son propos, vu qu’il est DG de la BRVM, la place boursière entièrement digitale qui représente 8 pays de l’UMOA. Le succès de la BRVM montre clairement au reste du continent que l’intégration peut réussir.
Et l’ASEA a de grandes ambitions pour cette intégration. Carnets d’ordre communs, accès au marché depuis tout le continent, quel que soit le pays de résidence du courtier mandaté, libre circulation des flux monétaires sur le continent… Un programme très ambitieux, dont les étapes les plus avancées vont demander le plein support des autorités des pays en question, ainsi que de leur banque centrale. Les premières avancées devraient se concrétiser dès 2022, selon le président de l’ASEA, avec la mise en place d’un accès sponsorisé pour les investisseurs.
Le grand projet actuel de l’ASEA dans le cadre de cette stratégie d’intégration est la mise en place d’une interconnexion des bourses africaines (AELP) pour stimuler les flux d’investissement et apporter plus de liquidités aux marchés africains. Sept places boursières africaines, les plus avancées du continent, travaillent ensemble dans la mise en œuvre du projet. Et on nous murmure que ce nombre pourrait être très rapidement porté à 9, avec le Ghana et le Botswana qui présentent des progrès intéressants dans leur développement. Optimiste, Dr Amenounve déclare que « l’intégration des marchés du Maroc au Nigéria pourrait être palpable d’ici quelques années ».
La crise sanitaire, si elle a (presque) provoqué un crash en fin de 1er trimestre 2020, n’a pas longtemps plombé les marchés financiers qui affichent presque tous de belles progressions cette année. Seules deux bourses africaines sont encore dans le rouge. Mais l’enseignement le plus important de cette pandémie, assure le président de l’ASEA, est qu’elle a montré à l’association qu’il était possible de rapidement travailler ensemble pour trouver des solutions à une crise. « Pendant la pandémie, nous avons rapidement discuté de la façon de maintenir la confiance des investisseurs », explique-t-il, « du coup, les bourses africaines ont été résilientes ». Et d’ajouter : « La pandémie a montré les avantages de la technologie. Nous avons beaucoup avancé en termes de digitalisation ; la crise a montré que nous allons dans le bon sens ». Souhaitons à l’ASEA le même succès que son homologue d’Amérique latine, la MILA, un modèle d’intégration réussie !
Selim Benabdelkhalek