Plusieurs associations marocaines, à l’occasion de la 63ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, se sont réunies pour publier un communiqué sur la situation de la femme, au Maroc et dans le monde, que nous diffusons intégralement ci-après.
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La 63ème session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies se tient entre le 11 et le 22 mars courant autour du thème : « L’autonomisation économique et la protection sociale des femmes et des filles ». C’est l’occasion pour les gouvernements des Etats dont le Maroc de présenter leurs rapports sur les mesures d’amélioration des conditions des femmes et des filles dans ce domaine.
Les organisations non-gouvernementales ayant un statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) venant de tous les continents participent elles aussi de façon massive aux travaux officiels ou autres de cette session. A leur tour, elles organisent des activités et des tables rondes de haut niveau afin de jeter la lumière sur les conditions des femmes et plaident au plan international et régional en faveur de leur amélioration sur la base de leur expérience du terrain et de leurs actions de plaidoyer liées au travail de proximité qu’elles mènent auprès des différents groupes de femmes et de filles.
NOUS, ASSOCIATIONS MAROCAINES DES DROITS DES FEMMES,
Ayant participé depuis de nombreuses années aux travaux des sessions de la Commission, y compris l’actuelle session, et face aux grands défis soulevés par l’axe de la session de cette année, et qui se rapportent à la mise en œuvre de la parité, l’égalité, l’approche genre et à la promotion des droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux des femmes, notamment dans le domaine du travail et de la protection sociale,
ENREGISTRONS CE QUI SUIT :
Malgré quelques aspects positifs, les acquis réalisés par les femmes et les filles au Maroc dans ce domaine demeurent précaires, limités et n’assurent pas la convergence et la transversalité. En effet, l’ampleur des disparités et des discriminations dans ces domaines est tout à fait évidente en comparaison avec les revendications d’égalité et au vu des engagements internationaux du Maroc et ceux liés aux objectifs du développement durable.
Les obstacles patriarcaux structurels persistent entravant l’accès à la parité économique au plan horizontal et vertical et la réduction des disparités considérables entre les femmes et les hommes, particulièrement dans le domaine de la participation économique qui a connu un grave recul ces dernières années atteignant cette année 22 pour cent chez les femmes contre 70 pour cent chez les hommes, alors que le chômage des femmes est de 14 pour cent contre 8 pour cent pour les hommes.
La féminisation de la pauvreté se poursuit alors que les femmes continuent de travailler dans les secteurs informels et dans l’agriculture dans des conditions pénibles et à des salaires dérisoires, voire parfois sans salaire, sans parler de la non-valorisation des travaux domestiques, la non-rémunération de ces travaux, l’absence de congé de paternité après la naissance et le faible niveau d’adhésion aux régimes de couverture médicale et de sécurité sociale et de retraite…
D’autre part, nous constatons que la violence et la discrimination à l’égard des femmes, qui sont les facettes des graves violations des droits humains des femmes, persistent dans le monde avec des variations d’un pays à l’autre, selon la déclaration du Secrétaire général des Nations Unies au cours de l’actuelle session, et leur élimination nécessite encore beaucoup de mesures législatives et des efforts politiques et culturelles pratiques ainsi que la mise en place de structures adéquates. A ce sujet, en dépit de quelques progrès enregistrés dans notre pays dans ce domaine grâce à certains acquis et à l’action d’un certain nombre d’institutions et d’acteurs, grâce en particulier à l’expérience de plusieurs décennies des associations des droits des femmes et de leurs centres, les défis demeurent considérables notamment dans le domaine de la diligence due de la part de l’Etat à l’égard des femmes victimes et de sa responsabilité dans leur accompagnement, leur hébergement et leur autonomisation sociale, économique et humaine.
A cette occasion, nous exigeons du gouvernement marocain de promulguer les lois organiques pour les centres d’hébergement et de les doter en ressources humaines et matérielles pour leur permettre d’accomplir leur mission d’accompagnement conformément aux normes et pratiques établies en la matière, d’hébergement des femmes et des filles victimes et d’alléger le fardeau porté par les associations des droits des femmes qui restent les premières à intervenir dans ces cas.
A New York, le 14 mars 2019
Associations signataires :
La Fédération des Ligues des Droits des Femmes (FLDF)
L’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM)
L’Union Action Féminine (UAF)
L’Association Marocaine de Lutte Contre La Violence à l’Egard des Femmes (AMVEF)
Jossour Forum des Femmes Marocaines
L’Association Marocaine de Défense des Droits des Femmes (AMDF) »
LNT avec CdP