Conférence de presse du Livre Blanc intitulé « la Chine et l'Organisation mondiale du commerce »
La Chine, historiquement une économie de plan, se donne de plus en plus un nouveau visage au niveau de sa politique commerciale. ‘‘L’usine du monde’’ ne cesse d’ailleurs de plaider pour l’ouverture des marchés, la baisse des taxes douanières, les ALE, l’atténuation du protectionnisme des Etats.
En effet, cette tendance chinoise se renforce à un moment où les économies libérales occidentales, à leur tête les Etats-Unis, reviennent sur l’ouverture de leurs marchés pour davantage de protectionnisme.
Ce qui se passe aujourd’hui entre la Chine et les USA, deux superpuissances commerciales, en dit long. La décision de l’administration Trump d’augmenter les droits de douane sur les produits en provenance de la Chine, interpelle la communauté internationale, l’OMC en particulier.
En attendant, le bras de fer entre la Chine et l’Oncle Sam, alimente les débats et personne ne semble céder face à la menace pour le moment.
Ainsi, le 28 juin dernier, le Bureau d’Information du Conseil des Affaires d’Etat de Chine a publié un livre blanc qui retrace les engagements de la Chine auprès de l’OMC et décrie ses positions pour tout ce qui concerne le commercial international.
Le 24 juillet dernier, à Rabat, au niveau de son Ambassade, la Chine a présenté son livre blanc à la presse nationale. Jing Ning, Conseiller Economique et Commercial de l’Ambassade de la République Populaire de Chine au Maroc, a commencé par souligner avec force que l’esprit de ce document va dans le sens de l’échange et du dialogue : ‘‘La Chine s’oppose à toute initiative unilatérale et soutient toute approche multilatérale s’inscrivant dans le cadre de l’OMC ’’.
Et de poursuivre que la Chine ne cesse d’ailleurs de démontrer l’ouverture de son économie au monde. Depuis son adhésion à l’OMC en 2001, le pays a veillé à structurer en profondeur sa politique commerciale socialiste et améliorer l’environnement des affaires.
Concrètement, explique le diplomate chinois, le pays va commencer par la baisse des droits de douane à un niveau moyen qui est passé de 15,3% en 2001 à 9,8%. Les taxes douanières des produits industriels sont passées de 14,8% à 8,9% et celles des produits agricoles, de 23,2% à 15,2%. Dans la même lancée et depuis cette date, la Chine travaille à lever les restrictions sur les investissements étrangers dans certains secteurs et élargir les opportunités d’affaires. Il s’agit de 54 sous-secteurs tels que les banques, les assurances, les NTIC, les télécommunications…
Jing Ning donne l’exemple du secteur automobile où les tarifs douaniers ont connu une importante baisse, de 100% à 25%. Le volume des importations des véhicules est passé de 890 millions de dollars en 2001 à 37,91 milliards de dollars en 2017, soit une croissance annuelle moyenne de 26,4%. Du coup, le déficit commercial s’est creusé pour atteindre 34,35 milliards de dollars contre 870 millions de dollars. Ce qui a obligé les entreprises automobiles chinoises de recourir à une réorganisation d’ouverture sur les capitaux étrangers, notamment les constructeurs mondiaux automobile : « Le secteur a beaucoup été impacté par cette mesure douanière et beaucoup d’emplois ont été perdus, mais avec cette réorganisation d’ouverture sur les capitaux étrangers, la Chine, le secteur automobile notamment, a gagné en savoir-faire technique et technologique, la logistique, le management, les services et au fil du temps, l’industrie automobile chinoise a connu une nette amélioration avec en toile de fond une intégration graduelle aux chaîne de valeur mondiales’’.
Du côté des chiffres, on retiendra que les importations augmentent annuellement de 13% et que le pays reste le troisième importateur du monde. La contribution du pays dans le développement de l’économie mondiale est estimée à 30%. Sa croissance est passé de 4,1% en 2001 à 14% en 2007, puis à 6,9% en 2017, et ce, en dépit de la crise économique mondiale qui a secoué beaucoup de pays dans le monde. La Chine reste le premier pays émetteur de touristes, soit 130 millions de Chinois qui ont voyagé à l’étranger en 2017. Le volume des dépenses liées à cet effet s’est élevé à 115 milliards de dollars. En novembre prochain, le pays organisera la première Foire Internationale consacrée exclusivement à l’importation.
Aujourd’hui, le pays est en guerre commerciale avec les Etats Unis et qualifie la position Trump de pleinement contradictoire avec les standards de l’OMC. Et pour y remédier, la Chine compte sur son immense marché intérieur et ses relations amicales et de coopération qu’elle continue de renforcer avec tous les pays du globe.
Pour Jing Ning, la publication aujourd’hui du livre blanc vient, de nouveau, démontrer la volonté manifeste du gouvernement chinois pour l’ouverture des marchés dans le cadre de l’OMC qu’il tient à honorer, notamment à travers la ‘‘Route de la Soie’’.
Seul bémol à constater toutefois, à savoir la qualité de beaucoup de produits chinois qui ne respectent pas les normes de l’OMC. Une autre problématique concerne les pays en mal d’assurer l’équilibre souhaité de leur balance commerciale, où un minimum de protectionnisme s’impose… ! Le Maroc en est l’exemple.
Hassan Zaatit