Le bilan des échanges extérieurs du Maroc, publié par l’Office des Changes pour les onze premiers mois de l’année 2024, révèle une dynamique économique marquée par une augmentation significative des importations et des exportations. Cependant, cette croissance s’accompagne d’un creusement du déficit commercial et de nouveaux défis pour l’économie marocaine.
Un accroissement des échanges commerciaux
Les importations de biens ont atteint un niveau record de 689,16 milliards de dirhams (MDH), soit une augmentation de 5,7 % (+37,45 MMDH) par rapport à la même période en 2023. Cette hausse est principalement attribuée aux produits finis d’équipement, dont les achats ont progressé de 12,1 % (+17,63 MMDH). Parmi les produits les plus marquants figurent les voitures utilitaires (+36,3 %), les appareils pour la coupure ou la connexion des circuits électriques (+14,6 %) et les machines pour le travail du caoutchouc ou des plastiques (+168,5 %).
Les produits finis de consommation, quant à eux, ont connu une augmentation de 8,8 % (+12,84 MMDH). Ce segment a été porté par la hausse des importations de pièces pour voitures de tourisme (+9,4 %) et des médicaments (+15,4 %). Toutefois, la facture énergétique a enregistré une diminution de 5,9 %, atteignant 104,38 MMDH, en raison de la baisse des importations de houilles et combustibles solides (-25,6 %) ainsi que du gaz de pétrole (-12,2 %).
Parallèlement, les exportations ont également progressé, atteignant 413,41 MMDH, soit une hausse de 5,2 % (+20,54 MMDH) par rapport à 2023. Le secteur automobile a maintenu sa position de leader avec une augmentation de 6,7 %, portée par les ventes de câblages (+3,25 MMDH) et le segment de la construction automobile (+3,04 MMDH).
Le secteur des phosphates et dérivés a également affiché une performance notable (+9,1 %), grâce à la hausse des exportations d’engrais naturels et chimiques (+7,4 %) et de phosphates (+29,4 %). En outre, l’aéronautique a enregistré une augmentation de 16,9 %, soutenue par la croissance des exportations d’assemblages et de systèmes d’interconnexion électrique.
Un déficit commercial en hausse
Malgré la croissance des exportations, le déficit commercial a continué de se creuser, atteignant 275,75 MMDH à fin novembre 2024, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à 2023. Ce déséquilibre s’explique en grande partie par la hausse des importations, qui ont progressé à un rythme plus rapide que les exportations.
Le taux de couverture des importations par les exportations reste cependant stable, à environ 60 %, traduisant un équilibre relatif dans les dynamiques commerciales du pays.
Une balance des services contrastée
Outre les échanges de biens, le Maroc a également vu une évolution dans ses échanges de services. Les exportations de services ont crû de 6,3 %, atteignant 251,96 MMDH, tandis que les importations ont bondi de 13,8 % (+15,57 MMDH).
Le secteur du tourisme reste un pilier essentiel pour la balance des services. Les recettes liées aux voyages ont progressé de 7,2 %, atteignant 104,48 MMDH. Cette croissance a néanmoins été contrebalancée par une augmentation plus marquée des dépenses des Marocains à l’étranger (+20,2 %), ce qui a réduit légèrement l’excédent du solde des voyages (+3,3 %).
Les transferts des MRE en progression
Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) continuent de jouer un rôle clé dans le soutien de l’économie nationale. À fin novembre 2024, ces transferts ont atteint 108,67 MMDH, enregistrant une hausse de 2,8 % (+2,99 MMDH) par rapport à 2023. Ces revenus constituent une source précieuse de devises pour le pays et contribuent à atténuer les effets du déficit commercial.
Les investissements directs étrangers en forte augmentation
Le Maroc a également bénéficié d’un regain d’intérêt des investisseurs étrangers en 2024. Les recettes des investissements directs étrangers (IDE) ont bondi de 30,1 %, atteignant 39,64 MMDH. Cette performance s’explique par l’attractivité accrue du pays pour des secteurs stratégiques tels que les infrastructures, l’industrie automobile et les énergies renouvelables.
Dans le même temps, les dépenses liées aux IDE ont chuté de 28,2 %, réduisant ainsi le flux net d’IDE à +23,81 MMDH, soit une hausse impressionnante de 182,9 %. Ce résultat témoigne de l’efficacité des politiques incitatives mises en place par le gouvernement pour attirer des capitaux étrangers.
Cependant, les investissements directs marocains à l’étranger (IDME) ont montré des signes de ralentissement. Les flux nets d’IDME ont diminué de 28,5 %, en raison d’une baisse des dépenses et d’une croissance modérée des recettes.
Une perspective prometteuse mais des défis à relever
Si les résultats du commerce extérieur marocain en 2024 témoignent d’une économie en expansion, ils mettent également en lumière certains défis structurels. Le déficit commercial, bien qu’atténué par les transferts des MRE et les IDE, reste une problématique à surveiller.
Pour renforcer davantage la compétitivité du pays, le Maroc pourrait envisager de diversifier encore ses exportations, notamment dans les secteurs à forte valeur ajoutée comme les technologies de l’information et l’énergie verte. Par ailleurs, la maîtrise de la facture énergétique demeure un enjeu stratégique, d’autant que le pays ambitionne de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de combustibles fossiles.
En conclusion, le bilan 2024 du commerce extérieur marocain reflète une économie en transition, portée par une diversification accrue des secteurs exportateurs et une attractivité renforcée pour les investisseurs. Toutefois, la nécessité de contenir le déficit commercial et de poursuivre les réformes structurelles reste essentielle pour garantir une croissance durable à long terme.
Selim Benabdelkhalek